mardi 10 mars 2009

L'odeur du fumier comme un trophée




Quand je suis rentrée à la maison, hier soir, ma fille m’a dit :
- Maman, tu sens le caca!
- Non, pas le caca, le fumier de vache, que j’ai protesté. Ce n’est pas du tout pareil.

Cette odeur de fumier, je la portais comme un trophée, puisqu’elle m’a permis de régler un élément clé de l’intrigue de mon roman pour ados (celui-là même que je me suis engagée à terminer le 1er avril…)
J’ai passé près de trois heures hier dans une ferme laitière, à observer la traite des vaches.
Ce qui m’a frappée:
- la placidité des vaches (le cliché est vrai) qui s’enlignaient docilement pour passer à la salle de traite.
- le geste si compétent et si machinal du producteur laitier (on ne dit pas fermier mais bien producteur laitier, m’a-t-on précisé) nettoyant les trayons avant d’installer la trayeuse. Je serais prête à parier qu’il peut faire ça dans son sommeil.
- l’air mélancolique et morose d’une vache qui avait l’estomac retourné, littéralement, suite à un vêlage. Elle aura sa chirurgie aujourd’hui, la pauvre.
- La quantité de merde produite par 65 vaches.
- Le temps et la patience nécessaires pour traire (à la main) une vache souffrant d’une mammite (infection du trayon).
- Le truc du producteur laitier pour empêcher la vache de lui donner un coup de patte : il lui tient la queue, bien haut.
- L’histoire du récupérateur de carcasses, qui vient de fermer boutique parce que la récession a fait baisser le prix du cuir des vaches et qu’il est désormais interdit de vendre la viande pour en faire de la nourriture pour chats.

Ce qui m’a charmée:
- La brosse mécanisée, qui permet à la vache de se livrer à une petite séance d’auto-brossage, quand bon lui chante.Ça donne à l’étable une aura de « spa ».
- Les oiseaux minuscules (des moineaux?) qui coursaient joyeusement et dangereusement près du toit de l’étable
- La complicité du producteur laitier et de son fils. Ils se comprenaient à demi-mots et travaillaient avec une efficacité calme et une harmonie enviable.
- La curiosité des vaches, qui me regardaient d’un air inquisiteur, l’air de dire: qu’est-ce qu’elle vient faire dans notre étable, cette étrangère avec ses bottes de citadine et son manteau de ski de fond?

J’adore faire de la recherche pour un livre, voir d’autres couleurs, sentir d’autres odeurs, découvrir d’autres univers. Maintenant, je dois me donner un coup de pied dans l’arrière-train (ce que ne ferait pas une vache), sortir mon calepin (taché de quelques éclaboussures de merde de bovin) afin de façonner le lien manquant de mon intrigue et sculpter un texte à partir de ce magma de notes…

NDLR: La photo (vache de Sylvio Gagnon, de Price) date de 1969. Les vaches ne changent pas!

3 commentaires:

  1. Anonyme10 h 42

    Trop drôle ton histoire de spa à vaches! Vraiment, tu as le don de raconter des histoires...
    M.

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  2. Ça doit être chouette non, une brosse qui permet de se donner sa propre séance d'auto-brossage? Et c'est moins cher qu'une masseuse. J'ai presqu'envie d'aller à la prochaine foire agricole m'en acheter une...
    A.

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  3. Anonyme11 h 06

    Je l'ai cherche, cherche, cherche et je l'ai trouve ton histoire de caca. Comme histoire de caca elle est "cute" et assez innocente. Pas d'histoire de faire dans ses culottes, dans ses jambieres de ski alors qu'on vient de debarquer du remonte pente.... Hee Hee ...

    Enfin, ca m'a permis de faire le tour de ton blog. C'est super. J'aime surtout les coups de coeur qui me donneront des idees de lecture. Je retrouve ton style d'ecriture a la fois rigolo et "catchy" avec son cote "voici comment il faut faire et penser". Ca c'est un compliment, pas une critique.

    Je pense que je vais devoir reviser mes habitudes quotidiennes de lire Lainey et plutot lire Andree. La verite, c'est que je m'en lasse un peu de Lainey. Mais.... je dois continuer mon travail d'assistante. Hi Hi.

    Mais au fait, pourquoi ecrire un blog?

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