mercredi 1 avril 2009

Colibri en hiver


Dans les écoles du Québec, les bibliothécaires sont aussi rares que des colibris en hiver. Oui, les bibliothèques scolaires du Québec sont dans un état lamentable. Les experts le disent depuis des années mais c’est comme s’ils criaient dans le désert.

J’en ai parlé en long et en large en 2005 dans un reportage pour la revue Lurelu, où le milieu faisait un bilan simple mais honteux : pas de bibliothécaire, pas de relève, des étagères dégarnies, des livres neufs qui dorment dans des boîtes faute de personnel pour les traiter.

Une brève recherche sur la Toile démontre que quatre ans plus tard, le problème perdure dans toute son ampleur. Selon les chiffres rapportés dans Le Devoir de janvier 2008, il n’y aurait plus que 23 bibliothécaires et 30 spécialistes pour les 2770 écoles primaires et secondaires du Québec. Le Devoir ne mâchait d’ailleurs pas ses mots en parlant de « carence sidérante ».

Pourtant, pourtant, de nombreuses études des dernières décennies ont clairement démontré le lien entre bibliothèque scolaire et réussite scolaire. La bibliothèque a une influence sur le développement d'habiletés de lecture, d'écriture, de recherche et d'étude des étudiants. La Coalition en faveur des bibliothèques scolaires cite d’ailleurs des études démontrant que les écoles dont les bibliothèques sont bien pourvues et animées par des bibliothécaires qualifiés ont passé les épreuves standardisées avec une moyenne de 15 à 20 % supérieure aux écoles sans bibliothèque ou sans services d'animation en bibliothèque.

En janvier dernier, j’ai fait des animations sur le métier d’auteure à l’école du Méandre, à Rivière-Rouge. Comme cet établissement regroupe à la fois une école primaire et une école secondaire, on y trouve, merveille entre les merveilles: une bibliothécaire!

J’ai pu observer Brigitte à l’œuvre… Oh! que voilà une bibliothécaire hors pair! Dynamique, passionnée de littérature jeunesse, hyper efficace, Brigitte est à la fois l’âme et le poumon de la bibliothèque. Elle avait organisé de main de maître mes trois jours de rencontres avec les élèves, en compilant une documentation impressionnante sur mes livres, qu’elle avait ensuite remis à chaque enseignant. Toutes les classes avaient fait des dessins sur mes divers livres et Brigitte a décoré un pan de mur entier avec ces œuvres d’art.

Femme orchestre, Brigitte agit comme bibliothécaire, gestionnaire, conseillère et collaboratrice pour les enseignants. Outre la gestion au quotidien de la bibliothèque, elle s’occupe des achats de livres. Comme elle connaît les auteurs jeunesse et les nouveautés, elle a toute l’expertise nécessaire pour faire des achats éclairés et pertinents. Mais surtout, surtout, quand les jeunes viennent à la bibliothèque, elle peut les conseiller, les guider, piquer leur curiosité et leur donner le goût d’ouvrir un livre.

Il faut avoir vu la contribution d’une bibliothécaire dans une école pour vraiment apprécier à quel point il s’agit d’une ressource précieuse. Des Brigitte, il nous en faut dans toutes les écoles du Québec. Qu’est-ce qu’on attend pour le réclamer à hauts cris?

9 commentaires:

  1. Je le réclame à hauts cris! Très hauts cris!!!

    RépondreEffacer
  2. Idem. Je fais le même constat navrant partout à propos des bibliothèques scolaires. Et, en effet, on dirait que la qualité des bibliothécaires est inversement proportionnelle.

    RépondreEffacer
  3. Andrée-Anne et Camille,
    Et si on imitait John et Yoko? On pourrait faire un "bed-in" à la Grande Bibliothèque et refuser d'en sortir tant que le gouvernement n'aurait pas quadruplé les budgets des bibliothèques... Non mais sans blague, pourquoi les auteurs jeunesse, l'AEQJ et l'UNEQ ne se mobilisent-ils pas pour dénoncer ce scandale?
    Andrée

    RépondreEffacer
  4. ANdrée,
    je trouve que le bed-in est une très bonne idée. Sans blague! Une manifestion à la grande bibliothèque autour d'un grand lit symbolique (lire avant d'aller au lit!). On invite les médias, bien sûr... Et les ministres concernés... pour ne pas dire concernées...

    RépondreEffacer
  5. Et si je m'endormais pendant le bed-in ? Non, trop risqué.

    RépondreEffacer
  6. Andrée-Anne,
    C'est tentant non? Très tentant. On lance un appel à l'AEQJ? On mobilise le milieu scolaire?
    On trouve des enseignants prêts à participer?
    On fait participer des enfants? J'imagine une une chaîne continue de gens se relayant dans ce grand lit-bibliothèque, pendant des semaines et des semaines, jusqu'à ce que le MELS capitule et accorde les millions supplémentaires...

    Camille,
    Si tu t'endormais pendant le bed-in, on te réveillerait en te chatouillant la plante des pieds avec des plumes de corneille.

    Andrée

    RépondreEffacer
  7. il faudrait mobiliser l'AEQJ, l'UNEQ, le milieu scolaire, et pourquoi pas des éditeurs?
    bon, il faudra qu'on s'en reparle sérieusement...

    RépondreEffacer
  8. Anonyme19 h 30

    Bonjour Andrée,

    J'ai lu votre commentaire suite à votre visite à notre école ... janvier dernier! Cela m'a touché... Merci! Cela fait du bien de voir que notre travail est bien perçu, apprécié par quelqu'un du milieu! Un merci encore pour votre visite à notre école... les enfants demandent vos livres à chacune de leurs visites à la bibliothèque. Au plaisir de vous revoir.
    Brigitte

    RépondreEffacer
  9. Bonjour Brigitte,
    Tout le plaisir était pour moi!!!!
    Andrée

    RépondreEffacer