mercredi 22 avril 2009

Mon rendez-vous raté avec le taïchi



J’ai toujours aimé l’idée du taïchi. J'aimais cette notion de méditation en mouvement, cette promesse d'apaisement de l'esprit... J’étais séduite par le vocabulaire poétique des mouvements. Saisir la queue de l’oiseau. La grue blanche déploie ses ailes. La gueule du tigre.

J’ai été encore plus charmée en 1998, l’année où je suis allée en Chine chercher notre fille aînée. J’ai vu, à plusieurs reprises et dans plusieurs villes différentes, toujours au petit matin, des Chinois faire du taïchi dans un parc public, avant d’attaquer leur journée de travail. J’ai vu des ados et des grands-mères, des maigrichons et des grassouillets, mais tous avaient le même air concentré et serein, en se livrant à cette étrange mais gracieuse chorégraphie.

J’ai ressenti la même admiration, la même envie, deux ans plus tard, lors de mon deuxième séjour en Chine, pour aller chercher notre fille cadette.

Bien des années plus tard, j'ai ressenti une troisième fois la même émotion, après une nuit blanche passée à marcher au bénéfice du Relais pour la vie une troisième rencontre, magique celle-là. Ce n’était plus tout à fait l’aube mais pas tout à fait le jour. Un brouillard étendait sa ouate sur la pelouse où quelques douzaines de marcheurs se sont rassemblés pour faire un peu de taïchi. Autour de nous, des milliers de luminaires (allumés en hommages aux personnes atteintes de cancer) clignotaient encore dans la lumière hésitante. J’ai imité maladroitement les gestes gracieux de la spécialiste du taïchi qui nous guidait. Je devais avoir l’air d’un pingouin pataud, mais j’ai senti une paix profonde, la conscience très forte de ma chance d’être là, d’être en vie.

Récemment, je me suis inscrite à un cours de taïchi, avec une copine. Un coup de tête, rien de réfléchi, simplement la vague idée de concrétiser enfin ce rendez-vous avec le taïchi que je me promettais depuis des années.

On était une quinzaine rassemblés dans une salle éclairée au néon. Notre instructrice n’était pas aussi gracieuse que la grand-mère chinoise et expliquait trop peu les mouvements. Au bout de quinze minutes, j’avais mal à l’épaule, je pensais à mon manuscrit en chantier, aux trois brassées de lavage, à mes livres de bibliothèque en retard… Je regardais ma montre après chaque mouvement. Encore 35 minutes avant la pause.

La copine et moi, on s’est esquivées à la pause. Fini d’essayer d’attraper la queue de l’oiseau. J’ai pris la poudre d’escampette, la queue entre les jambes.

J’aime encore l’idée du taïchi. Ce premier rendez-vous était royalement raté. Il faudra que je me reprenne, plus tard, quand j’aurai plus de temps, plus de rides, plus d’appétit pour le calme intérieur, plus de désir d’être plutôt que de désir de faire.

4 commentaires:

  1. Andrée,

    Les Shadocks avaient pour devise : «En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc: plus ça rate, plus on a de chance que ça rate.»

    Pour le taïchi, ce n'était pas le moment.... mais il sera temps, un jour, d'attraper la queue de l'oiseau !

    À bientôt.
    Anne

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  2. Oups !
    Il faut que je rate souvent les choses avec l'informatique avant de comprendre comment cela fonctionne !
    La vraie devise des Shadoks est la suivante :

    «En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc: plus ça rate, plus on a de chances que ça MARCHE.»

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  3. Anne,
    Merci pour cette devise empreinte de sagesse.
    Et ça m'a permis de découvrir les Shadoks, dont je n'avais jamais entendu parler. Si j'ai bien compris, ce sont les Têtes-à-claques de la France...
    Andrée

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  4. Anonyme22 h 12

    Allô Andrée,

    J'ai malheureusement raté ma session de Taichi ce soir. Trop fatiguée. Ça prend quand même de l'énergie de calmer son esprit.
    Je me reprendrai toutefois samedi matin. Je t'invite à venir si ça tu en as le goût.

    Marie

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