dimanche 31 mai 2009

Bientôt, je dirigerai une opération au cerveau...



J’ai deux manuscrits d’albums en chantier. En fait, ils sont pas mal terminés, mais je n’arrête pas de les tripoter et triturer. Le sujet est-il assez accrocheur? L’intrigue est-elle suffisamment originale? Y a-t-il trop ou trop peu d’émotions? Est-ce trop ceci, pas assez cela? Un éditeur en voudra-t-il?

Quelques refus récents (pour des manuscrits d’albums) m’ont ébranlée. Moi qui croyais avoir compris, sinon maîtrisé, ce genre difficile, me voilà maintenant rongée par le doute. (Ciel que ça fait dramatique… mais c’est pathétiquement vrai).
J’ai écris plusieurs albums (au moins une demi-douzaine) avant d’en avoir un finalement accepté par un éditeur. Et cet album, je l’ai réécris pas moins d’une douzaine de fois, sous la direction judicieuse mais oh combien rigoureuse d’une grande dame de la littérature jeunesse.

Pour cette raison, rien ne me hérisse plus le poil que d’entendre des gens parler des albums comme de « petits » livres. À part leur format (et encore…), ils n’ont rien de PETITS!

Et quand j’entends des gens me dire : « Ah oui, moi aussi, un jour, j’écrirai des albums… », je hoche poliment la tête en retenant mon ricanement goguenard…Ouais… Essayez voir…

À ce sujet, une anecdote bien connue circule dans le milieu littéraire américain. C’est le Dr. Seuss qui rencontre un neurochirurgien dans un cocktail.
- Ah oui, vous êtes l’homme qui écrivez des livres pour enfants, dit le médecin. Un samedi, quand j’aurai un peu de temps libre, je vais en écrire un. »

Et le Dr. Seuss de répliquer : Et moi,quand j’aurai un peu de temps libre, je ferai une opération au cerveau. »

5 commentaires:

  1. Ha, ha, ha ! Je l'adore celle-là.

    C'est Jacques Godbout, je crois, qui s'est insurgé contre tous ces écrivaillons du dimanche qui prétendent que, une fois à leur retraite, ils écriront eux aussi (un roman à succès, ça va de soi).

    Pauvres ignorants.

    J'aime bien cette entrée, Andrée.

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  2. Je sais tellement de quoi tu parles! Je trouve que l'écriture d'un album pour enfants est plus difficile qu'un petit roman! Chaque mot, chaque action est si importante! J'ai aussi eu le plaisir de travailler avec Dominique Demers et je sais ce que c'est que de réécrire 12 fois une histoire! Mais c'est une expérience si enrichissante! Maintenant, je me remets encore plus en question, j'essaie d'être plus attentive aux détails, de me mettre encore plus dans la peau d'un petit enfant.

    Plusieurs considèrent encore la littérature jeunesse comme une sous-littérature... C'est si décevant de constater que notre travail n'est pas reconnu au même titre que les autres auteurs. Mais qu'importe, ce n'est pas ce qui va me décourager d'écrire encore pour ce merveilleux public, si spontané et si honnête!

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  3. N'est-ce pas qu'il a le sens de la répartie, le célèbre Dr. Seuss. On n'en attends pas moins du créateur du désopilant "Cat in the Hat"..., élevé au rang des albums classiques chez nos voisins du Sud.

    Sophie: sous-littérature, la littérature jeunesse? Pour la majorité des gens, sans doute encore. Mais on entend aussi que cette littérature a fait des progrès énormes dans la perception du public, dans la dernière décennie. Et qu'une certaine J.K. Rowling y serait pour beaucoup... Maintenant, tout le monde et sa grand-mère veut pondre un autre Harry Potter..
    Andrée

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  4. Je pense que c'est tout à fait québécois. Dans le domaine des arts visuels, c'est la même chose: "Vous faites de belles peintures, c'est un beau loisir, n'est-ce pas? À ma retraite, moi aussi, je vais peindre! Donnez-vous des cours?"
    Tout à fait québécois de se croire capable de le faire, probablement sous prétexte qu'on n'est pas capable de se le payer!!!

    À se demander des fois pourquoi on est né au Québec! Il doit bien y avoir une raison.
    Il ne reste qu'à persévérer. C'est ce que disait Basque, l'artiste peintre: le talent c'est bien, mais la persévérance c'est mieux. Ou quelque chose de ce genre.

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