mardi 16 juin 2009

Un auteur français vaut-il plus $$$$ qu’un auteur québécois?


La grande majorité des auteurs jeunesse du Québec et du Canada ne vivent pas de leurs droits d’auteur. Plusieurs font donc des animations dans les écoles, non seulement pour donner le goût de lire aux jeunes, mais aussi pour renflouer leur compte de banque.

Au Québec, les auteurs et les écoles bénéficient du Programme Culture à l’école, financé par le Ministère de la culture, des Communications et de la condition féminine (MCCCF). Dans le cadre de ce programme, l’auteur reçoit un cachet de 325$ pour trois animations d’une heure. Les frais de transport et de séjour sont aussi remboursés. Cette journée d’animation est cependant plus longue que trois heures, car il faut rajouter le temps de déplacement et le temps d’attente entre les animations dans les classes.

Au Québec, les honoraires des auteurs pour ces animations en école n’ont pas été augmentés (ni indexés) depuis 1997. Combien d’employés accepteraient de travailler pour un employeur pendant douze ans sans la moindre augmentation de salaire?

Aux États-Unis, les honoraires des auteurs/illustrateurs pour les animations en école varient énormément, avec une fourchette allant de 400$ et 2000$. Ce site démontre qu’il n’est pas rare pour un auteur de demander des honoraires de 1000$ pour une visite d’une journée dans une école. Pour des créateurs plus populaires ou qui ont reçu des prix, les honoraires s’élèvent à 2000$/jour.

En Grande-Bretagne, le taux minimum recommandé par la Society of Authors est de 557$ pour une journée.

Chez nos cousins de France, les créateurs sont regroupés au sein de La Charte des Auteurs et illustrateurs pour la jeunesse, qui compte près de 700 créateurs. Les membres de cette association reçoivent des honoraires de 582$ par journée d’animation dans les écoles.

Dans les statuts de la Charte, on peut lire que l’organisation chercher à «encourager une réflexion sur la littérature de jeunesse pour que la nécessaire rentabilité ne se fasse pas au détriment de notre créativité. Ce sont nos livres qui forment les lecteurs de demain.»

Et encore, ceci : «C’est en rompant une solitude professionnelle qui nous fragilise que nous préserverons notre liberté de créer et notre indépendance.»

Les écoles des États-Unis, de Grande-Bretagne ou de France ont-elles plus de $$$ que les écoles du Québec? Les auteurs y sont-ils mieux payés parce qu’ils sont mieux organisés? Mieux mobilisés? Ou serait-ce que dans ces pays, on reconnaît davantage la valeur de ce qu’un auteur peut apporter à des élèves?

Qu’est-ce qu’on attend, nous, les auteurs jeunesse, pour rompre notre «solitude professionnelle» et réclamer de meilleures conditions?

10 commentaires:

  1. Merci, Andrée, pour ce billet... Tu sais que je suis 100% d'accord et en faveur de réclamer de meilleures conditions!

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  2. Neale15 h 04

    Aux barricades auteurs et auteures jeunesse!

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  3. Andrée-Anne,
    Est-ce qu'on va camper devant le bureau du Premier Ministre?
    Andrée

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  4. Après un printemps plein à craquer de présentations scolaires et un compte en banque qui oscille entre le "désolant" et le "paniquant" je suis, moi aussi, entièrement d'accord avec toi. Étant basée à Toronto, je dois par contre admettre que j'ai la chance d'oeuvrer surtout dans les écoles d'immersion qui semblent être un peu plus généreuses envers les auteurs en visite. De plus, on s'attend à ce que je leur fasse parvenir un bon de commande de mes livres à remettre aux parents des enfants que je rencontrerais afin qu'ils puissent se procurer une (des?) copie dédicacée d'un de mes livres. Ce bon de commande ferait scandale dans une école du conseil francophone! Chez nous aussi, il y a du travail à faire...

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  5. Mireille,
    Pour alimenter le débat et étoffer le dossier des auteurs qui font des animations scolaires au Québec, peux-tu nous dire combien elles sont prêtes à offrir à un auteur, les écoles de l'Ontario, pour une journée d'animation?
    Andrée

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  6. Les écoles d'immersion (à ne pas confondre avec les écoles des conseils scolaire francophone de l'Ontario qui, elles, en arrachent vraiment côté budget) payent entre 400$ et 500$ par journée de présentation (4 présentations/jour). De plus, je vend en moyenne une bonne douzaine de livres, parfois beaucoup plus. Là où j'ai toujours de la difficulté c'est lorsqu'il y a des frais de déplacements et d'hébergement. Il m'est très difficile de faire comprendre aux organisateurs qu'une journée de déplacement pour me rendre aux îles Moucmouc, ça se paye...

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  7. Mireille,
    Ouille, quatre présentations par jour, c'est essouflant! Et à 400$ par jour, ce n'est guère mieux payé que Culture à l'école (surtout qu'on compte une animation de plus..)
    Tu soulèves un point très intéressant avec la rémunération pour le déplacement. Aux États-Unis, dès qu'un auteur fait des animations scolaires hors de l'état où il habite, les coûts montent automatiquement, ce qui veut dire que les écoles tiennent compte du temps de déplacement et l'auteur est compensé.
    Comme tu dis, on a encore beaucoup de chemin à faire pour avoir des conditions qui se rapprochent ne serait-ce qu'un peu de nos cousins américains...
    Andrée

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  8. Il y a du chemin à faire et vaut mieux, à mon avis, ne pas faire cavalier seul pour le parcourir. Les écrivains sont déjà si occupés à créer et à maintenir le niveau "survie" qu'ils n'ont guère de temps pour réclamer leur dû.

    Je sais bien que idéalement on aimerait que la "Société" comprenne sans que l'on ai besoin de crier à l'injustice mais comme on n'est pas dans une société idéale ...

    (Commençons par changer de gouvernement ... ;-)).

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  9. Katia Canciani09 h 16

    En Nouvelle-Écosse, le cachet s'élevait à un maigre 250$ par jour, pour 4 présentations. Vient donc un temps où un auteur se demande s'il a encore les moyens de pratiquer son métier. Car on a beau dire, ce n'est pas la passion qui nous anime qui paie les comptes !
    Mobilisation et sensibilisation me semblent les clefs du coffre...

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  10. Katia,
    Ohlala, 250$ pour quatre présentations. Ouille. Ça fait mal ça...
    Bien d'accord avec toi pour la mobilisation... mais ça aussi ça demande du temps et c'est pas payant... On dirait un cercle vicieux...
    Andrée

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