mercredi 5 août 2009

« Comparé à Mao, Hitler était un chaton"


Selon de nombreux historiens, Mao Zedong, dirigeant de la République populaire de Chine, aurait causé la mort de 60 à 70 millions de personnes dans son pays. Un Canadien qui vit dans le Yunnan depuis cinq ans me disait d’ailleurs : « Compared to Mao, Hitler was a pussycat. »

D’où mon étonnement de constater qu’en 2009, Mao est encore très présent en Chine, du moins iconographiquement. La politique étant un sujet archi-délicat dans l’Empire du Milieu, je n’ai pas mené d’entrevues auprès des Chinois pour savoir qu’elle est leur opinion de leur ancien Président. J’ai cependant souvent vu des photos dans les endroits publics, beaucoup de souvenirs dans les magasins, qui montrent que le mythe du grand Timonier est loin d’être déboulonné.



Sa présence se manifeste d’ailleurs de façon incontournable sur la célèbre place Tianamen à Beijing, où trône son immense portrait et où les foules attendent en ligne pendant des heures pour voir son cadavre préservé.



Mao fut l'inspirateur direct du Grand Bond en avant (1958-60), une politique économique qui s'est soldée par la famine la plus meurtrière de l’Histoire: 38 millions de personnes mortes de faim. Il fut aussi le père de la Révolution culturelle (1966-1969), gaspillage tragique de ressources et d'énergies, qui a étouffé la culture chinoise et a fait reculer la Chine sur le plan technique, économique et écologique.

Dans Mao. L'histoire inconnue, Jung Chang et Jon Halliday raconte sur plus de 800 pages toutes les horreurs perpétrées sous le règne de Mao. Les mots qui reviennent le plus souvent pour le décrire sont : dictateur, despote, ambition et paranoia. Les mots qui reviennent le plus souvent pour décrire son régime totalitaire sont : purges, campagnes de terreur, répression, dévastation. Le livre est interdit en Chine, car d’après ses auteurs, le régime communiste actuel perpétue le mythe de Mao.


Comme écrivaine éternellement insatisfaite de ses ventes, j’ai été estomaquée de découvrir le succès colossal de Mao comme «auteur». Le Petit Livre rouge, recueil de citations tirées des discours et écrits de Mao, est en effet le livre le plus vendu au monde après la Bible. On estime les ventes à 900 millions d'exemplaires.

Les photos ont été prises par mon conjoint, Neale MacMillan.

3 commentaires:

  1. Anonyme08 h 24

    Bonjour Andrée,

    c'est la 2e femme de Mao, Jiang Qing, une comédienne, qui fut en grande partie responsable de la Révolution culturelle. Elle faisait partie de la fameuse Bande des Quatre.

    Pendant les beaux jours de la radio Radio-Canada FM, où «ils» avaient des sous, j'avais été invitée à écrire une série sur des personnages insolites, d'où le titre «Destins insolites». Jiang Qing comptait parmi ces destins...

    À bientôt. Dominique

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  2. Hé Dominique,

    Cette émission est disponible sur le web, comme quoi Radio-Canada ouvre tout de même un peu ses archives au grand public...

    J'ai lu l'introduction à l'émission, qui donne des frissons: « J'étais le chien de Mao, je mordais qui il me disait de mordre », dira Jiang Quing lors du procès de la Bande des Quatre.
    Je me demande si c'est votre voix sur la bande sonore? Est-ce vous qui posez les questions à l'invité?
    Andrée

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  3. Anonyme08 h 57

    Bonjour Andrée,

    je ne savais pas que cette émission était disponible sur le web. Je fais quoi pour y accéder ? Jiang Quing a eu bcp d'influence sur Mao et pas la meilleure. Oui, c'est moi qui pose les questions. Je crois que la série avait huit émissions. La réalisatrice s'appelait Aline Legrand. Depuis, elle est morte d'un cancer. Nous nous apprécions énormément. C'est souvent que je pense à elle quand je vois ce qu'est devenu R.-C.
    Dominique

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