vendredi 18 septembre 2009

"L'écrivaine écrit ce qu'elle peut et elle peut si peu..."


J’ai parlé récemment de littérature engagée. Je viens tout juste de terminer un superbe spécimen de roman engagé. Une charge hardiment poétique et hautement efficace contre l’absurdité de la guerre, signée Marie-Francine Hébert.

Cette auteure jeunesse avait déjà abordé la guerre dans un de ses albums maintes fois primés: Nul poisson où aller.

Voilà qu’elle revient sur le sujet avec son premier roman pour adultes: L’âme du fusil. L’impuissance : voilà le sentiment le plus fréquemment évoqué dans ce livre. L’impuissance rageuse et désespérée d’une écrivaine devant les vies cassées de ses personnages, otages d’une guerre civile. Dans cette phrase sublime de lucidité, l’écrivaine avoue son impuissance comme on dresse le drapeau blanc: «Je n’écris pas ce que je veux, j’écris seulement ce que je peux et je peux si peu.»

Audacieux par la forme, ambitieux par le thème et courageux par l’engagement de l’auteure, L’âme du fusil chamboule totalement son lecteur. Si ce roman-là ne gagne pas des prix littéraires, c’est que les jurys dormaient à la barre.

L'âme du fusil. Marie-Francine Hébert. Québec Amérique. 240 pages.

Je parlerai de ce roman samedi matin (19 septembre), à Radio-Canada. La chronique peut-être écoutée sur la page web de l’émission Les Divines Tentations, ici

Je donnerai aussi des impressions de lecture sur les romans suivants :


Rassemblés sous une seule couverture, voici quatre romans d’une de mes féministes préférées : Benoîte Groult. On retrouve donc ici : La Part des choses, Les Trois Quarts du temps (mon préféré!!!), Les Vaisseaux du cœur et La Touche étoile. Benoîte Groulx le a été une des premières à dénoncer l’excision. D’elle, j’adore cette maxime qui est à la fois un jeu de mots rigolo et une vérité incontournable: «Le féminisme n'a jamais tué personne - le machisme tue tous les jours.»

Romans. Benoîte Groulx. Bibliothèque. Grasset. 994 pages.



Un volcan. Un volcan qui s’ébroue, crachote, bouillonne, explose. Voilà comment je vois Bibi, nouvel opus de Victor-Lévy Beaulieu. On y suit le périple rocambolesque d’un homme vieillissant, lancé à travers l’Afrique à la poursuite d’une femme qu’il a aimée jadis.

Il faut du souffle pour écrire une telle brique et maintenir sur 600 pages une si belle intensité, un rythme si fiévreux. Il faut de l’ouverture d’esprit et de l’énergie aussi pour s’immerger dans ce récit déchaîné et déconcertant. Mais le dépaysement en vaut la peine.

Bibi - Mémoires. Victor-Lévis Beaulieu. Les Éditions Trois-Pistoles. 600 pages.



Auteur-poète-artiste multidisciplinaire de l’Outaouais, Jean Perron présente un triangle amoureux campé dans le cadre féérique de Venise. Cet écrivain qui a déjà plus d’une quinzaine de livres derrière la cravate, crée ici une atmosphère trouble, oscillant entre réalisme et surréalisme. Avec quelques poèmes rêveurs en prime.

Les fiancés du 29 février. Jean Perron. XYZ éditeur. 118 pages.

7 commentaires:

  1. Bonjour Andrée,

    je viens de commander chez Q A, le roman de Marie-France Hébert, «L'âme du fusil», tu m'as mis l'eau à la bouche.

    Bonne fin de semaine.

    Dominique

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  2. Anonyme12 h 25

    Moi, je l'emprunterais ce roman!
    M.

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  3. Dominique,
    Super! J'espère que tu aimeras. Chose certaine, ce roman mérite qu'on en parle.

    Chère M.
    Si tu me dis que tu es, je te le prêterai avec grand plaisir.
    Andrée

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  4. J'espère que les lecteurs adultes vont comprendre que, pendant des années, ils se sont privés du plaisir de lire l'excellente Marie-Francine en pensant qu'elle n'écrivait que des livres de bébés.

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  5. Il faut du souffle pour tout lire ces bouquins ! Je vais certainement écouter ta voix sur ces voix.

    Merci du lien qui nous mène à toi.

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  6. Tu as vraiment lu BiBI ou tu as feuilleté?

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  7. Camille,
    Touché! T'as bien raison. Faut décloisonner les livres!

    Venise,
    Ça ne prend pas de souffle pour lire... le souffle il faut le trouver après la lecture, quand on se creuse les méninges pour essayer de dire quelque chose d'intelligent et faire honneur au travail de l'auteur...

    ClaudeL,
    Une critique littéraire, c'est comme un chef, qui ne dévoile jamais ce qui se passe dans l'arrière-cuisine... hihi.

    Andrée

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