mardi 3 novembre 2009

J’ai failli être célèbre en Allemagne


J’ai failli être célèbre en Allemagne. Ben, euh, c’est-à-dire que je me suis imaginé, pour un bref instant, que je pourrais peut-être toucher la gloire au pays d’Angela Merkel… Je me suis laissé voguer sur une jolie chimère : mes livres seraient traduits dans la langue de Goethe et lus par des masses de petits Allemands aux quatre coins du Deutschland.

Pour un moment amèrement fugace, j’ai manqué de lucidité et j’ai glissé vers l’irrésistible attrait de la gloire, l’appel envoûtant de la renommée…

Tout a commencé avec ce foutu courriel que j’ai reçu. Un message entièrement en allemand. Hein? Quoi? Les seuls mots que je comprenais dans ce courriel étaient le titre d’un de mes romans Les Impatiences de Ping. Alors moi, dans ma vanité d’auteure, j’ai aussitôt fait un lien avec un autre courriel, reçu quelques mois plus tôt, d’une enseignante au Département de français de l’Université York, qui me disait qu’elle allait présenter mon roman sur Ping au Congrès biennal de la International Research Society for Children’s literature qui avait lieu cet été à Francfort.

Ne faisant ni de une, ni de deux, je saute à pieds joints sur la conclusion qui me plaisait le plus: cette chercheure avait présenté mon roman au congrès et les éditeurs éblouis par le charme de ma prose se ruaient pour acheter les droits de publication.Je rêvais déjà d’une montée des enchères entre divers éditeurs. Je me voyais déjà reine de la Foire du livre de Francfort, attirant devant ma table un interminable cordon de lecteurs, des files encore plus longues que celles suscitées par une nouveauté de Janette Bertrand ou de Jacques Demers…

Trépignant d’expectative, j’ai expédié illico le fameux courriel à mon beau-frère, qui parle l’allemand.

POW! Froutttt.... (son d'un ballon (ou d'un égo?) qui se dégonfle...)

Dans ce fameux courriel, les organisateurs du congrès me disaient avoir trouvé une trousse pédagogique sur Les Impatiences de Ping et me demandaient s’ils devaient me retourner ou pas ce document.

Et voilà mes rêves de gloire et de grandeur anéantis d'une seule petite traduction...
Si le ridicule tuait, je serais morte sur-le-champ.

Même après moult années de fréquentation de la jungle de l’édition jeunesse, même après m’être frottée plus souvent qu’autrement à la cruelle réalité du milieu littéraire, il semble que je nourris encore (à mon corps défendant) des désirs de gloire, des envies de frapper le filon d’or (lire best-seller). Malgré mon apparente lucidité, je garde toujours espoir d’acquérir un vaste lectorat, j’ai malgré tout cet appétit pour une place un peu plus grande sous les feux de la rampe…

Elle se calme à quelle heure, la soif de reconnaissance?

10 commentaires:

  1. Ne soit pas si sévère avec toi, Andrée! Je pense que peu importe le travail que l'on fait, c'est dans la nature humaine de vouloir être reconnu pour ce qu'on accomplit. Et c'est normal! Je pense qu'on aurait fait comme toi, sauter rapidement aux conclusions! En tout cas, moi je suis quelqu'un qui m'emballe très vite (et qui souvent tombe très vite aussi), mais je préfère quand même ça à être blasée ;)

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  2. J'adore ton billet, Andrée, à mon sens, c'est un petit bijou. Je l'ai d'ailleurs lu à voix haute pour Marc. J'y apprécie ton humour délectable, prélevé à même le côté exagéré et j'entends clairement claironner la voix de conteuse que tu es. Bravo !

    Et pour ce qui de la soif de reconnaissance, non, elle ne meurt jamais. Elle est même saine si elle ne va pas se noyer dans la mer de l'amertume. Elle indique plutôt un haut taux d'adrénaline vitale, un appétit de vivre, une faim de produire et d'être aimé !

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  3. Allie,
    Oui, oui, tout à fait d'accord avec toi. Entre les montagnes russes et le calme plat, je choisis les montagnes...
    Andrée

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  5. Venise
    Venise,
    Hé ben, moi qui ai toujours vu cette soif de reconnaissance comme quelque chose de vaguement honteux (on ne devrait pas avoir un gros ego...), voilà que tu m'en présentes de façon très convaincante le côté positif: appétit de vivre et faim de production. Ouais! J'achète. Entièrement. Je vais donc arrêter de m'auto-flageller... pour trois jours...
    Andrée

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  6. Je pense que nous sommes tous plus ou moins pareils, sauf qu'on ne l'avoue pas toujours publiquement.
    Par exemple, moi j'ai même été jusqu'à voir mon roman, non seulement publié et traduit en anglais (après tout il est question d'Irlandais), mais je le voyais déjà en série télévisée et j'avais même choisi les acteurs (comme si j'avais un mot à dire dans ce choix!).

    Il paraît qu'il faut voir pour que ça arrive. Je dois avoir besoin de lunettes!!!

    Et puis je me fais des entrevues aussi: questions et réponses s'il vous plaît.

    Ça doit pas être la bonne façon! Mais que voulez-vous, j'ai déjà passé à Réal Giguère, j'ai cru que c'était parti. Eh non, ça c'est arrêté là. Ah! non, c'est vrai, une petite demi-heure à côté de Janette Bertrand. Bien sûr ce ne fut pas moi la vedette.

    Merci de me montrer que je ne suis pas la seule à avoir l'esprit qui divague.

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  7. Claude,
    Réal Giguère! Vraiment!!! Ohlala,ça me ramène dans le temps... celui de "Parle, parle, jase, jase"... Savais-tu qu'il est aussi l'auteur d'une chanson immortelle: "Gros jambon"...
    Continue de laisser ton esprit divaguer... Si ça apporte un bon petit bonheur pas cher du tout, pourquoi pas?

    Andrée

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  8. Meilleure chance la prochaine fois comme on dit! Mais ne désespère pas, ça pourrait toujours arriver!

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