vendredi 6 mars 2009

La merde à la poubelle

En 1934, Ernest Hemingway confiait à F. Scott Fitzgerald : «J’écris une page de chef d’œuvre pour 90 pages de merde. J’essaie de mettre la merde à la poubelle. »

Après avoir longuement médité sur cette phrase, je me dis que ma poubelle devrait être bien plus pleine…

jeudi 5 mars 2009

Procrastination ou entêtement?

En 1991, j’ai commencé à écrire un roman pour ados, provisoirement intitulé Pissenlit. Dix-huit ans plus tard (donc en 2009), je planche toujours sur ce même roman pour ados, maintenant intitulé Graffitis et pissenlits. Il a avancé par à-coups, passant parfois de longues périodes (lire années…) à s’empoussiérer sur une tablette. Jusqu’à ce que je le redécouvre, l’époussette et m’y remette, toujours cahin-caha. Dix-huit ans sur le même roman! Est-ce de la procrastination ou de l’entêtement?
Pour me donner un coup de pied dans le croupion, pour me forcer à terminer ce livre interminable, je l’ai annoncé à mon éditrice. Me suis engagée à remettre le manuscrit pour le 1er avril (lire demain matin) Et non, ce n’est pas un canular.
Chaque soir, en fermant mon ordi, je mesure la quantité de corrections-modifications-améliorations qu’il me reste encore à faire avant que le texte soit présentable. Et j’en ai des papillons dans le gorgoton. Fini la procrastination. Bonjour le marathon de révisions.

mardi 3 mars 2009

Kwashiorkor



On a dit ad nauseam que les jeunes n’avaient pas de vocabulaire. Pourtant, lors de mes animations en école, je découvre des élèves qui aiment les nouveaux mots. Qui n'ont pas peur de les faire rouler sur leur langue, de les répéter avec excitation et fierté.

Chaque fois que je rencontre des jeunes qui ont lu Mes parents sont gentils mais tellement girouettes, je suis épatée de voir que plusieurs d'entre eux ont retenu le mot kwashiorkor. Ce mot aux sonorités un peu rébarbatives, j'ai longtemps cherché la meilleure façon de le planter dans mon roman.

Kwashiorkor. Le mot vient de la langue ashanti, du Ghana. Un mot méconnu pour décrire une réalité pourtant honteusement connue. Celle des enfants aux gros ventres, qui souffrent de malnutrition sévère. Le gonflement du ventre s’explique par l’accumulation d’eau dans l'estomac et un foie hypertrophié.

Plus de cinq millions d’enfants meurent de faim chaque année. Dans certaines régions très pauvres du globe, le kwashiorkor serait responsable de la mort de 30% des enfants de moins de 5 ans.

Kwashiorkor. Un mot qui devrait se trouver à la une des journaux, aussi souvent que récession ou crise économique ou chute de la Bourse.

Crédit photo: Center for Disease Control and Prevention, Atlanta, Georgie.

Le oui qui galvanise

J’ai publié une quinzaine de livres, mais la joie ne s’émousse pas. Chaque fois qu’un éditeur accepte un de mes manuscrits, l’euphorie monte, bouillonne et se répand, aussi pure et intense que la première fois.

Je viens de recevoir la réponse des éditions Bayard sur un manuscrit d’album. C’est OUI! Oui, oui, oui. Le mot le plus galvanisant de la langue française.

L’album s’intitule C’est bien plus drôle dehors et raconte l’histoire d’un petit garçon qui adore faire pipi dehors, au grand désespoir de ses parents. Parution prévue pour le printemps 2010.

Même s’il fait un petit temps tristounet aujourd’hui, ma journée ne sera pas terne.

lundi 2 mars 2009

10 000 mauvais écrivains…


Les Chinois peuvent parfois se montrer durs dans leurs proverbes. À preuve, celui-ci: « Il en est des poètes, des peintres et des musiciens, comme des champignons : pour un bon, dix mille mauvais. »

Ah bon?! Y a-t-il vraiment autant de mauvais champignons?
Et autant de mauvais créateurs?
Moi, petite auteure éternellement bourrée de complexes et perpétuellement narcissique, j'ingurgite ce proverbe (ça fait gloups...) et me pose aussitôt LA question: suis-je dans les 10 000 mauvais écrivains?

dimanche 1 mars 2009

Raconter sans faire joli


Je suis allée voir le film Entre les murs, qui a récemment récolté la Palme d’or à Cannes.
Ce documentaire-fiction raconte l’année d’un professeur de français dans un collège d’un quartier pauvre de Paris. Il y a de tout là-dedans : choc des cultures, difficultés d’enseigner, insolence, violence, problèmes d’immigrants, crise d’identité, discussions houleuses, rébellion, racisme, solitude, etc.

Mais ce qui m’a le plus frappé dans ce film aux antipodes de ce qui sort de Hollywood, c’est son parti-pris de ne pas « divertir ». De ne pas faire joli. De ne pas en mettre plein la vue.

Le héros du film (l’enseignant) n’est ni cool, ni parfait, ni plus grand que nature. Il fait des erreurs et ne s’excuse pas. Il se montre parfois courageux et parfois lâche. Il se montre parfois sublime d’empathie, mais parfois honteusement indifférent.

Le film présente une foule de problèmes mais ne règle rien. Pas de solution miracle ici, pas de finale à la Cendrillon, même pas de réponse claire. Comme dans la vraie vie quoi.
J’admire cette façon de raconter sans édulcorant, sans esbroufe ou poudre aux yeux. Je rêve d’écrire une histoire dans ce style coup de poing, qui sonne, frappe, fait réfléchir et donne envie d'y revenir.