jeudi 17 décembre 2009

On ferait n’importe quoi pour les aider… sauf…


J’ai déjà raconté à que point j’aimais l’art engagé. Pendant que le Canada reçoit le prix de la honte à Copenhague et que les Conservateurs font de vaillants efforts pour saboter ce Sommet crucial, des artistes n’ont pas peur de s’engager.

Un sculpteur danois, Jens Galschiot, a créé cette œuvre qui me hante. Pour la durée du Sommet, sa saisissante statue a été installée dans le port de Copenhague, juste à côté de la célèbre petite sirène.

La sculpture en bronze représente une Dame Justice plutôt adipeuse, qui symbolise les pays industrialisés. Bien assise sur le dos d’un Africain décharné, la ventripotente Justice tient sa balance de façon ostentatoire, comme pour signifier qu’elle incarne l’égalité.

Mesurant trois mètres de haut, la sculpture porte un nom hautement évocateur: «Survival of the Fattest», jeu de mot très clair sur la maxime de Darwin, «survival of the fittest»…

Jens Galschiot a voulu montrer que les pays riches ont les ressources financières pour éviter les impacts négatifs des changements climatiques. Pendant ce temps, la sécheresse, les tornades et la faim ravagent l’Afrique et l’Asie… Au dire de l’artiste, la grosse femme déclare: « Je suis assise sur le dos d’un homme. Il s’enfonce sous mon poids. Je ferais n’importe quoi pour l’aider. Sauf descendre de son dos.”

Pour protester contre la position de notre gouvernement sur les changements climatiques, cliquer ici. Un simple clic de souris, ça n’est pas très astreignant comme engagement. Mais c’est déjà ça de gagné. Et s’il y avait 500 000 clics, peut-être que…

mercredi 16 décembre 2009

Mensonge et vérités



(Crédit photo: ma fille C., 14 ans, été 2009, en Chine)

Bon, bon, puisqu’on me le réclame (merci M. de mon cœur, ça me fait un petit velours de savoir que tu attends mes mots...), voici donc le mensonge parmi mes vérités.

Vérité 1
Oui, j’ai travaillé comme bénévole dans le mouroir de Mère Térésa à Calcutta, alors que la petite-grande-dame était encore vivante. C’était en 1987. Je passais trois mois en Inde grâce à une bourse Nord-Sud de la FPJQ pour aller faire une série de reportages sur les sans-abris. J’ai travaillé au mouroir dans l’espoir d’obtenir une entrevue avec la célébrissime religieuse. Quand j’ai finalement réussi à lui parler (avant une messe), elle a gentiment refusé.

Au mouroir de Mère Térésa, je n’ai vu personne mourir. J’ai nourri à la cuillère des personnes âgées et j’ai lavé à l’éponge une dame qui devait avoir au moins 90 ans. Je me suis sentie très humble devant son grand âge et sa dignité.

Vérité 2

Hé oui, j’ai gagné le prix de l’ACELF en 1982, ex-aequo avec le défunt Raymond Plante, qui le remportait pour La machine à beauté. Jean Garon nous a remis notre prix (un certificat et un chèque de 1000$) sur les Plaines d’Abraham. En l’écoutant prononcer son petit discours d’occasion, j’ai compris qu’il était bien plus à l’aise avec les chiffres qu’avec les lettres… J'ai gagné ce prix pour un roman intitulé Pistache et les étoiles, publié chez Héritage. Deux décennies plus tard, je n'ose même pas regarder cette oeuvre de jeunesse qui traîne encore dans quelques bibliothèques d'écoles...


Vérité 3

Pour ceux qui me perçoivent comme étant pudique (avec raison), je le suis. Et non, je ne me suis jamais promenée en public les fesses à l’air. Mais j’ai vraiment gagné un prix de la Fédération québécoise de naturisme pour un reportage sur les naturistes publié dans LeDroit, en août 1988.
Je suis allée visiter un terrain de camping pour naturistes, pour ensuite rédiger un article qui s’intitulait: "Des milliers de Québécois choisissent de vivre nus ». Je vous en aurais bien mis un extrait mais malheureusement, les archives du Droit ne sont pas accessibles sur le Web.
Parlant de fesses à l’air, ma fille aînée suit dans mes traces, car bien qu’elle soit très pudique, elle s’est cependant montrée très zélée, cet été, pour documenter les petits popotins à l’air des bébés chinois.

Vérité 4
J’ai pleurniché de peur sur la grande Muraille de Chine. Mais oui, à ma grande honte, c’est vrai. Peur des hauteurs, peur du pont, peur du vide. J’ai raconté l’épisode ici.

Vérité 5
Je travaille sur le même roman depuis plus de 18 ans.
Et oui. Je l’ai commencé il y a très très (trop!) longtemps ce roman pour ados. Il faut dire qu’entretemps, j’ai publié une quinzaine de livres et écris quelques autres. Mais celui-là, le récalcitrant, a fait plusieurs fois l’aller retour entre le tiroir et ma table de travail. Mais là, j’ai finalement accouché. Ce roman pour les 13-16 ans (mon plus long roman à ce jour – 62 000 mots) paraîtra ce printemps chez Québec Amérique.

Vérité 6
J’ai été rédactrice en chef de la revue Quincaillerie-Matériaux.
Aussi étrange que cela puisse paraître, je fus, dans ma prime jeunesse, une spécialiste des pinceaux et des marteaux. Ce poste de rédactrice dans la section des revues spécialisées de Maclean Hunter a été mon premier emploi comme journaliste. J’y ai fais mes classes.
J’ai eu beau fureter sur le web, la seule mention que j’ai trouvée de ma défunte revue est dans la banque de données de la Bibliothèque nationale d’Australie! On aura tout vu.

Mensonge 1
Durant mes années de critique littéraire au Droit, j’ai interviewé bien des auteures et auteurs, mais malheureusement, pas Benoîte Groulx. Comme l'a si bien dit l'Encre, c'est un fantasme... Bravo à Mireille et Andrée-Anne qui ont vu juste.

lundi 14 décembre 2009

Quand je vais chez les nudistes…


J’ai été taguée par Venise, qui a aussi taguée Claude et d'autres bloggeurs.

Alors, voici le fonctionnement de ce jeu. Je dois mettre sur écran sept confidences, parmi lesquelles figure un mensonge. À vous maintenant de détecter la fausseté.

1. J’ai travaillé comme bénévole dans le mouroir de Mère Térésa à Calcutta, alors que la petite-grande-dame était encore vivante.
2. Jean Garon, Ministre de l’Agriculture il y a de cela bien des lustres, m’a remis le prix littéraire de l’ACELF. Ouaipe. Après tout, littérature rime bien avec agriculture…
3. J’ai interviewé la journaliste/écrivaine/féministe Benoîte Groulx.
4. J’ai pleurniché de peur sur la grande Muraille de Chine.
5. J’ai gagné un prix de la Fédération québécoise de naturisme pour un reportage sur les nudistes.
6. Je travaille sur le même roman depuis plus de 18 ans.
7. J’ai été rédactrice en chef de la revue Quincaillerie-Matériaux.

La réponse... demain.

Et pour poursuivre ce divertissement espiègle, je vais taguer Camille… question de savoir s’il est ou pas un bon menteur…

«Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien.»



Espoirs: 365 clés de la pensée occidentale. Olivier et Danielle Föllmi, Collection Sagesses de l'humanité Éditeur de la Martinière.

À la fois album photos et recueil de pensées, ce luxueux bouquin offre 365 citations, une pour chaque jour de l’année. Les auteurs ont vendangé les pensées les plus brillantes de divers poètes, philosophes ou écrivains. En voici deux que j’ai aimées:
«Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. » Martin Luther King.

Et celle-ci, qui s’accorde bien avec mon état d’esprit ces jours-ci: « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Socrate. (399 av. J.C.)






Michèle Matteau, Du chaos pour une étoile. Éditions L’Interligne, 264 pages

Après sa trilogie À ta santé, la vie, Michèle Matteau nous revient avec un roman un brin mélancolique, illuminé ça et là de clignotements d’espoir. Cette auteure d’Ottawa nous montre un village de campagne qui se vide de sa vie, en parallèle avec le questionnement existentiel d’une quincagénaire. L’écriture est fluide, avec juste le bon dosage de lyrisme et de réalisme. Posant l’éternelle question : «quel est le sens de la vie?», Michèle Matteau a l’élégance de ne pas offrir de réponse toute faite.

J’y ai relevé ce passage assez intéressant et plutôt comique, où l’auteure (par la bouche d’un de ses personnages) égratigne les écrivains, les jugeant trop souvent imbus d’eux-mêmes: «Tu vois, les musiciens, les comédiens, les danseurs, ce sont des artistes qui doivent côtoyer sans cesse d’autres talents et faire équipe avec eux. Ils ont besoin des autres pour se produire. (…) Les écrivains sont de grands solitaires qui jonglent avec des mots dont l’effet leur échappe. Leur public reste la plupart du temps muet. Les applaudissements sont rares pour un livre. Il leur faut donc se rassurer sans cesse: les plus fragiles revêtement l’armure du triomphalisme et les plus naïfs se gonflent d’une prétention qui frise parfois l’indécence.»




Les jumelles de Highgate. Audrey Niffenberger. Oh Éditions. 413 pages.

L’auteure américaine Audrey Niffenberger a connu un succès bœuf avec son premier roman The Time Traveller’s Wife, titré en version française Le temps n’est rien, cette histoire un peu abracadabrante mais très accrocheuse d’un homme souffrant d’une maladie génétique unique qui le fait voyager dans le temps malgré lui.

La revoici cinq ans plus tard avec un deuxième roman, pour lequel elle a reçu une avance de 5$ millions. C’est dire à quel point son livre était attendu. Elle plonge de nouveau sa plume dans le surnaturel, avec l’histoire d’un fantôme qui hante ses proches. Le style n’a rien d’extraordinaire, il y a plusieurs longueurs, le thème n’est pas aussi romantique que son premier roman mais malgré ses défauts, « Les jumelles de Highgate » dégage un petit quelque chose d’envoûtant qui nous accroche.



À voix basse, Charles Aznavour, Éditions Don Quichotte, 226 pages.

À 85, Charles Aznavour a encore de l’énergie pour écrire. La preuve en est ce bouquin qui n’est ni une biographie, ni des mémoires (been there, done that), mais un journal hybride où il rédige souvenirs, confidences, réflexions sur la vie de star et surtout, des conseils aux artistes en devenir. Après avoir joué dans plus de 60 films, composé plus de 1000 chansons, chanté dans cinq langues et vendu plus de 100 millions de disques à travers le monde, Aznavour est sans conteste le chanteur français le plus connu dans le monde. Ce monstre sacré offre ici son testament, égrenant quelques perles de sagesse et nous offrant de poétiques moments d’écriture où l’on reconnaît bien le lyrisme du parolier de La bohême.