lundi 11 janvier 2010

« Il reste tant d'histoires à raconter »


Mademoiselle personne, Marie Christine Bernard Hurtubise HMH, 320 pages

J’adore les mots, mais j’aime trop les livres pour en découper des morceaux. C’est ce que fait Céleste, l’héroïne du roman Mademoiselle Personne. Elle découpe dans les bouquins les mots qu’elle aime et les dépose dans une boîte à tabac qui appartenait à son papa.

«Ces mots-là n’étaient destinés à aucun usage ultérieur. Je les gardais là, simplement parce que je les trouvais beaux. Rien d’autre. Camomille. Giroflée. Méduse. Effluve. Nonchaloir. Tant d’autres. Soie. Rivière. Mousse. Sauvage. Oasis. Un mot, c’est plein de magie. »

Joli hein?

Ceux qui aiment la mer, la Gaspésie et les romans d’amour seront merveilleusement servis par Mademoiselle Personne, qui a remporté récemment le prix France-Québec. Cette déchirante histoire d’amour, celui de trois hommes pour la même femme, regorge de superbes descriptions de la mer et de poésie autour du « squall », cette tempête de vent que personne ne voit venir. Magnifique conte moderne, ce livre m’a fait penser à Évangéline, le chef d’œuvre de Longfellow; on y trouve la même poésie, le même romantisme fougueux et la même aura tragique.

J’en ai parlé samedi matin à ma chronique aux Divines Tentations, qu’on peut écouter ici.


Les Nombrils – Tome 4. Duel de belles. Delaf et Dubuc. 48 pages en couleurs. Éditions Dupuis.

J’ai ri. J’ai ri. J’ai ri. Elles sont belles et cruelles, égoïstes et manipulatrices. Elles se prennent pour le nombril du monde. Ce sont les deux ados chipies de la désopilante série Les Nombrils, véritable album à succès dans le monde du neuvième art. Dans ce quatrième tome, les deux Nombrils ont gardé leur même souffre-douleur, Karine, naïve et bonasse. Cette fois, on se demande si la grande échalotte aura assez de courage pour se transformer de perdante en gagnante? Le scénario intelligent de Maryse Dubuc nous promène constamment entre l’odieux et le comique. Elle a un formidable sens du découpage et du punch, bien complété par le dessin tout en mouvement et remplis de détails rigolos de son conjoint Marc Delafontaine.


Et que le vaste monde poursuive sa course folle, Colum McCann. Belfond. 448 pages.

J’ai lu tous les livres de Colum McCann et jamais je n’ai été déçue. Et même quand j’en commence un nouveau, je n’ai jamais peur d’être déçue. C’est dire toute la confiance que j’ai dans le talent de cet auteur irlandais.

En août 1974, un équilibriste nommé Philippe Petit réalise un exploit incroyable, complètement fou : il marche en équilibre sur un fil tendu entre les deux plus hautes tours du monde, les tours jumelles du World Trade Center encore tout neuf. C'est son histoire que McCann nous raconte, mais aussi celle de gens qui ont été témoins de son exploit.

Dans ce roman qui s’apparente à une mosaïque, les histoires de chacun semblent séparées, mais petit à petit, l’auteur tisse des liens entre ses personnages… En gardant la même métaphore tout au long du roman: le funambule sur son fil qui se balance au-dessus du vide et ses autres personnages, eux aussi en équilibre précaire, toujours au bord du gouffre…

Colum McCann est à la fois un littéraire et un conteur, son style se faisant aussi accrocheur que son histoire, qui dégage une charge émotive puissante. C’est tellement prenant qu’on a envie de grimper dans le livre pour aller rejoindre ces personnages.

À la fin du roman, l’auteur a ce mot qui m’a grandement rassurée: «La littérature nous rappelle que toute la vie n'est pas déjà écrite : il reste tant d'histoires à raconter. »


Passeport rouge, Suzanne Gagnon, Éditions David. 336 pages.

Ce roman qui nous transporte dans l’Algérie de la fin des années 1970 raconte l’expérience d’une femme de diplomate. L’auteur y aborde avec finesse et sensibilité un sujet d’actualité: l’oppression des femmes dans les pays musulmans. On y trouve donc un portrait prenant du contexte politique et social de l’Algérie de l’époque, ainsi qu’une description éloquente de la vie d’épouse de diplomate.

2 commentaires:

  1. Je suis très fière d'avoir participé à ce que tu lises Mademoiselle Personne. C'est ma "paye" !

    J'ai lu les trois premiers Nombrils et j'attendais le quatrième mais je ne l'ai pas encore. Je me suis entêté à l'acheter et rencontrer le couple en même temps (dédicace quoi !) qui habite après tout, si près de chez moi et j'ai finalement joué de malchance ... alors, je m'entête et j'attends Le Salon du livre de Québec. Mais c'est difficile parce que tu as ri ... ri ... ri et que j'ai hâte de faire la même chose.

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  2. Bonjour Venise,
    Tant mieux si vous avez eu votre "paye". Moi aussi ça me fait grand plaisir de parler des bons livres dont peu de gens ont parlé. Je me sens un petit peu utile.

    Ma fille de 14 ans a dévoré le tome 4 des nombrils et j'ai été agréablement surprise de voir à quel point elle avait compris toute l'ironie et le sarcasme de cette bédé décapante.

    Vous ne venez pas au Salon du livre de l'Outaouais? C'est mon patelin! On aurait pu prendre un café ensemble...
    Andrée

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