lundi 15 février 2010

"Le découragement n’est qu’une étape du travail"



La Disparition de Paris et sa renaissance en Afrique, Martin Page. Éditions de l’Olivier.

Le roman de Martin Page s’ouvre sur une phrase percutante. Une phrase qui nous situe tout de suite dans l’action et nous donne aussi une idée du style de l’auteur. Voyez voir : «Un mercredi soir de la mi-décembre, boulevard Barbès, sous les arbres décorés des guirlandes électriques de Noël, une matraque a rencontré un crâne. »

Le crâne, c’est celui de Fata Okoumi, une richissime femme d’affaire africaine venue à Paris pour voir à ses investissements. Lorsque l’Africaine septuagénaire refuse de présenter ses papiers à un jeune policier, ce dernier lui assène un coup de matraque sur la tête. Sérieusement blessée, la dame doit être hospitalisée.

Cette bavure policière enflamme la presse française et internationale, qui crie au racisme. Le maire de Paris, qui cherche par tous les moyens à limiter les dégâts, envoie Mathias, un de ses rédacteurs de discours, auprès de la victime, afin de l’apaiser et de trouver une façon de réparer l’outrage.

Célibataire, la quarantaine nonchalante, Mathias tombe immédiatement sous le charme de Fata Okoumi. Lui qui avait toujours fait montre d’un certain détachement se retrouve bouleversé par cette femme charismatique. On assiste alors à la transformation graduelle de Mathias, tandis qu’il essaie de trouver une solution pour réparer les torts faits à Fata Okoumi.

La suite de l’histoire est complètement imprévisible et totalement irrésistible.

Ce roman m’a envoûté, au début par sa mélancolie douce, puis ensuite par cette belle urgence d’agir d’un idéaliste qui trouve enfin une raison de se dépasser.

À chaque chapitre, j’ai trouvé des phrases bijoux, que je voulais retranscrire et offrir à d’autres, comme on offre des bouquets.

Mathias décrit ainsi l’appartement où il habite: « J’habite un parfum de tarte au gingembre.»

J’aime la lucidité de ce personnage et cette façon qu’il a, en une courte phrase lapidaire, de dénoncer l’indifférence de ceux-qui-ont à l’égard de ceux-qui-n’ont-pas.
« Il faudra attendre que la malaria s’abatte sur New York, Tokyo et Paris pour que l’on s’en préoccupe sérieusement. »

J'ai aimé aussi cette vision un peu romantique des rédacteurs de discours.
« Personne aujourd’hui ne croit plus que les hommes politiques écrivent eux-mêmes leurs discours. Ils ont mieux à faire. Des gens comme moi jouent les Cyrano de Bergerac, écrivant les mots qui permettront à des hommes populaires de conquérir les cœurs. Et nous restons sans amour. Mais avec la conviction que nous participons à la naissance de choses qui en valent la peine.»

Et dernier bouquet, la phrase que j’ai épinglé sur mon babillard, celle où le héros nous donne sa perception du découragement. « Le découragement ne me fait pas peur. C’est une étape du travail, et rien d’autre, une étape à passer pour accéder à la solution.

J’ai parlé de ce roman samedi dernier à ma chronique aux Divines Tentations, qu’on peut écouter ici.

10 commentaires:

  1. Je l'ai pris en note. Mais, moi, j'ai hâte d'entendre parler de Fidel et des Cuba libre! :o)

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  2. Oui, oui, ça s'en vient!
    Andrée

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  3. Heureusement que tu as écrit "roman" et que tu en dis du bien parce que le titre à lui seul me rebute(rais).

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  4. Claude,
    Hé ben, ça c'est intéressant, car au contraire, je trouve que sa vision du découragement est... encourageante!
    Andrée

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  5. Je suis d'accord avec ClaudeL, le titre du roman a quelque chose de l'essai universitaire. Par contre, son concept du découragement est lumineux. Il nous rappelle qu'il faut voir les obstacles avec le bon bout de la lunette.

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  6. D'ailleurs, si ton offre tient toujours (m'avais-tu fait une offre ou j'ai rêvé?), tu pourrais me l'apporter au Salon du Livre, je jugerais par moi-même. Parce qu'il est certain que si je passe devant, je ne le regarderais même pas.

    J'apporte un sac à dos à ce Salon!!!

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  7. Bonjour Claude,
    Je me souviens plus de mon offre? Était-ce pour un de mes livres? Ou un autre livre dont j'avais fais la critique à Radio-Canada? Peux-tu me rafraîchir la mémoire? Je suis une femme honorable... qui honore ses offres.

    Andrée

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  8. Merci Andrée. Je me précipite vers ce livre qui m'attend. Un bien beau cadeau j'en suis certaine.

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  9. Ben, je suis gênée maintenant, d'autant que je ne me souviens pas de l'offre en détails. Disons de regarder dans votre pile de livres que vous recevez en service de presse. (Tiens, tellement gênée que je vous vouvoie!)
    On oublie ça. Quand vous ferez une vente de garage, vous m'inviterez et je passerai faire un tour.

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  10. Claude,
    Non, non, faut pas être gênée. Surtout que je garde très peu de livres que je reçois en service de presse... car je n'ai plus de place.
    Je vous en apporte au Salon.
    On se donne rendez-vous pour un thé?
    Andrée

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