lundi 28 juin 2010

Ça peut avoir l'air facile mais ça ne l'est pas du tout



Dans la dernière année, j’ai essuyé quelques refus d’éditeurs sur des manuscrits d’album. Après en avoir publié une demi-douzaine, je croyais avoir saisi la technique. Mais écrire des albums est un art difficile. Bien des auteurs talentueux s’y sont cassé les dents.

Pourtant, combien de fois ai-je entendu des gens (qui n’écrivent pas…) me dire avec une assurance plutôt naïve: « Moi aussi je vais écrire un album », comme si c’était aussi simple que d’aller prendre une marche autour du bloc.
Parce que les albums ont peu de mots et présentent des histoires (en apparence) simples, les non-initiés s’imaginent que c’est facile.

L’auteure australienne Mem Fox résume très bien le formidable défi de créer ce type de livre: « Écrire un album, c’est comme écrire Guerre et paix en haïku. »

10 commentaires:

  1. Et tu pourrais nous raconter comment fonctionnent les relations: illustrateur - auteur. Vous travaillez en même temps? L'illustrateur après? As-tu le choix de l'illustrateur ou c'est l'éditeur qui décide? L'illustrateur peut-il changer tes mots? As-tu ton mot à dire sur les illustrations?

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  2. Je sais tellement de quoi tu parles! ;)

    Une prof avec qui j'enseigne m'a dit l'autre jour qu'elle veut commencer à écrire des livres pour enfants, elle qui n'a jamais écrit (ni pour les adultes ni pour les enfants) et qui ne lit aucun livre jeunesse. «Ça doit être super facile, de toute façon!» Heu... Et elle pensait qu'elle envoyait une histoire à un éditeur et que l'histoire était publiée dans le mois qui suit (et j'exagère à peine!)

    ClaudeL: Ici, j'écris le texte et l'illustrateur illustre par après. Certains de mes éditeurs me demandent si j'ai une demande spéciale pour l'illustrateur, mais certains décident sans me le demander. Et même si je désire qu'une personne en particulier illustre mes livres, il arrive souvent que cette dernière ne soit pas disponible.

    Je dois dire que je suis presque toujours positivement étonnée et enchantée par les illustrations qu'on me propose. Je suis fascinée de voir comment quelqu'un met de si belles images sur mes mots. C'est magique de voir son histoire illustrée la première fois!

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  3. @ Sophie: j'admire d'autant le travail des auteurs jeunesse, surtout en ce qui concerne les livres où l'illustration compte pour presqu'autant d'espace que le texte. Ça doit être difficile de raconter une histoire sans la "voir". Ou frustrant de la "voir" justement et que ce soit quelqu'un d'autre que vous ne connaissez parfois pas du tout qui la met en images.
    Il me semble que je préférerais travailler en équipe.

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  4. Claude,
    D'accord, je vais écrire un billet de blogue sur la "cuisine" de la publication d'un album, qui est à la fois fascinante et parfois frustrante... Mais à mon retour de vacances... Ce serait très chouette de pouvoir travailler en équipe, mais malheureusement, ça ne semble pas se produire très souvent dans le milieu de l'édition...

    Sophie,
    Certains de tes éditeurs ont décidé d'un illustrateur sans même te consulter? Ohlala... ça ne m'est jamais arrivé ça... ça doit être un peu difficile à vivre...

    Quant aux gens qui pensent que leur histoire sera vite acceptée et publiée... hum... ils déchanteront vite. J'ai un texte qui vient d'être accepté par un éditeur scolaire et qui sera publié en... 2014!!!!

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  5. J'ai travaillé quelques années avec un éditeur de livres scolaires. C'est comme deux mondes, presque rien à voir avec l'édition "normale". En tout cas, c'était...
    Il fallait attendre que le ministère approuve, que les livres passent dans les mains de plusieurs équipes de professeurs, des changements un mois et encore d'autres le mois suivant.
    Il a même fallu que je m'appelle Marie-Claude!!!!
    Et sans publication garantie.
    Mais une fois publié, oui, c'est un tirage assuré, c'est bien.
    Mais aujourd'hui, il y a si peu de livres dans les classes, tout est photocopies.

    Et puis Andrée, tu publies ce que tu veux, tu sais. Mais la "cuisine" c'est bon vendeur! hihi!

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  6. Je suis toujours un peu perplexe lorsque des gens me disent qu'eux aussi comptent écrire des albums. J'étais parmi eux il n'y a pas si longtemps. La différence étant peut-être que je me suis lancée dans la rédaction d'albums en toute lucidité et avec beaucoup d'humilité. Donc, quand monsieur ou madame tout-le-monde m'annoncent qu'ils écriront des albums quand ils auront une petite minute, je leur souhaite bonne chance et leur dis avec mon plus beau sourire : Commencer à écrire un album, c'est facile. Ce qui est difficile, c'est de le finir et de le faire publier!
    À+
    PS : Comme dans toute bonne recette, les ingrédients de la "cuisine" changent d'un éditeur à l'autre. Et nous avons tous nos histoires de soufflé dégonflé à la sauce aigre-douce... Il faudra donc prendre tout ça avec un grain de sel (-;

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  7. Mireille,
    Quelle image éloquente: un soufflé dégonflé à la sauce aigre-douce. C'est tout à fait ça!!!
    Assure-toi de garder ça pour tes futurs mémoires d'écrivain.

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  8. Andrée, oui, pour un de mes albums, d'une petite maison d'édition, j'ai vu les illustrations alors que le livre était imprimé!

    Sinon, pour deux de mes romans pour enfants, je n'ai pas eu mon mot à dire sur les illustrations, mais j'ai tout de même su qui illustrait avant que les dessins soient faits. Il y a même eu une «erreur» dans une illustration et j'ai dû changer une ou deux phrases car on ne voulait pas que l'illustrateur ait à refaire le dessin.

    Pour ma part, j'ai su au printemps qu'un de mes manuscrits serait publié en ... 2015! (Sûrement dans la même maison d'édition scolaire dont tu parles) Faut être patient!

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  9. Je le répète : celui(celle) qui prétend qu'écrire pour les jeunes est facile, est un(e) con(ne). Point.

    Je n'ai jamais réussi à écrire d'album. Trop difficile. Ça prend un talent particulier pour le faire. Talent que je n'ai pas. Point.

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  10. Anonyme08 h 26

    ... Vous savez, c'est exactement la même chose dans le monde du haïku. Les gens pensent que c'est facile parce que c'est un poème de trois lignes... Dès la découverte de ce genre littéraire, ils s'imaginent pouvoir écrire un recueil en quelques semaines! S'ils savaient le nombre d'heures que je passe à travailler mes écrits... ouf! C'est au moins deux ans par recueil!

    Écrire n'importe quoi sur trois lignes, c'est vrai que c'est facile... mais pour que le haïku crée une étincelle chez le lecteur... c'est une toute autre histoire! J'imagine que c'est la même chose pour les albums jeunesse, il faut se distinguer par son originalité et sa capacité à créer une ambiance en quelques lignes... Sans compter que votre milieu grouille d'écrivains, ce qui n'est pas encore le cas dans le monde du haïku.

    Hélène

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