mercredi 27 janvier 2010

La puissance du hurlement d’une maman…

Ce Jean-Jacques Annaud, tout de même, quel as du suspense!
Et la trame sonore (ces gémissements humains…) rend son film encore plus angoissant.
Si jamais mes enfants sont en danger, j'espère avoir autant de coffre pour hurler...

lundi 25 janvier 2010

La chercheuse d’étoiles a rejoint les étoiles


D’elle, je me souviens surtout de sa douceur.
Douceur dans la voix.
Douceur dans le regard.
Douceur dans son approche envers les gens aussi.
Oui, Françoise Lepage était la douceur incarnée.

Je lui ai parlé au téléphone, à la fin décembre, pour lui proposer un projet pour les éditions l’Interligne, où elle était directrice littéraire de la collection jeunesse.
Elle se remettait alors d’une chirurgie à l’œil.
Elle n’était pas au meilleur de sa forme, mais elle ne s’est pas plainte. Stoïque, Françoise.
Elle a écouté mon idée avec intérêt puis m’a parlé de son propre projet d’écriture.
Elle m’a parlé d’avenir.

D’où ma stupéfaction d’apprendre sa mort, ce samedi 23 janvier, d’un cancer au foie.

Elle a porté beaucoup de chapeaux, Françoise: chercheure, critique, enseignante, directrice de collection, essayiste et auteure.
Elle a beaucoup travaillé dans l’ombre, notamment à son impressionnante Histoire de la littérature pour la jeunesse. Un travail de bénédictin auquel elle a consacré dix ans de sa vie. Mais elle a eu aussi sa part de lumière, avec trois prix prestigieux pour ce livre ainsi que l’Ordre de la Pléiade, pour son dévouement et son engagement dans le milieu littéraire franco-ontarien.

Dans un de ses récents romans jeunesse, Les chercheurs d'étoiles, Françoise décrit la passion de Charles Lindberg, premier pilote à traverser l’Atlantique, seul en avion et sans escale. Elle y parle de l’importance de faire ce qu’on a envie de faire et de réaliser ses rêves.
Je crois que Françoise a vécu selon cette devise.
Avec ses albums et ses romans, elle passait elle aussi dans les rangs des chercheurs d’étoiles.
Et maintenant, la chercheuse d’étoiles a rejoint les étoiles.
J’espère que tu y seras en paix Françoise.

dimanche 24 janvier 2010

Le rêve de tout blogueur


Quelque chose en lui de Bartleby, Philippe Delerm. 150 pages, Mercure de France

La blogueuse en moi a immédiatement été attirée par ce roman qui parlait d’un blogueur.

Et cet Arnold Spitzweg (personnage principal du livre) vit le rêve de tout blogueur. Il écrit un blogue qui devient très vite populaire auprès de milliers d’internautes. On le félicite, on le sollicite, on parle de lui à la radio... Un éditeur le contacte et offre de publier un livre à partir des billets de son blogue. Le triomphe quoi. Mais le problème, c’est que ce cher Arnold a envie de sa nouvelle célébrité autant que d’un furoncle sur le nez…

Philippe Delerm, auteur d’une vingtaine de livres, dont le plus connu est La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, continue dans la veine qu’on lui connaît: décrire ces petits riens qui font les petits bonheurs de la vie. Il nous offre dans ce livre des images magnifiques de Paris l’été. Comme cette poétique formule: « Au Luxembourg, au début du mois de juin, les poires ne sont encore que des espoirs de poires. »
Voilà un roman lent, apaisant et très joliment écrit.

J’en ai parlé samedi matin à ma chronique aux Divines Tentations, qu’on peut écouter ici :



N'espérez pas vous débarrasser des livres. Umberto Eco et Jean-Claude Carrière. Grasset, 330 pages.

Umberto Eco médiéviste, philosophe, critique littéraire et romancier discute ici avec Jean-Claude Carrière, écrivain, dramaturge et scénariste. Ce livre inclassable ressemble donc à la fois à une conversation, un essai et une réflexion sur la culture. Ces deux intellectuels butinent d’un sujet à l’autre, parlant de livres, mais aussi de peinture, de cinéma, de musique classique. Doté d’une érudition comme on en voit rarement, ils conversent d’Aristote, de Napoléon, de Fellini ou de Bouddha comme s’ils les avaient connus.

Fascinante cette anecdote racontée par Umberto Eco pour montrer l’influence du livre sur la culture orale. Eco arrive au pays Dogon, une région très pauvre et très peu développée du Mali. Il demande à un petit garçon s’il est musulman. Et l’enfant répond : « Je suis animiste. » D’après Eco, pour dire ça, le gamin aurait normalement fait quatre ans aux Hautes Études… Tout comme l’homme de Néandertal ne savait pas qu’il était un homme de Néandertal, ce garçon ne pouvait savoir qu’il était animiste. Mais les livres avaient fait leur œuvre…



Les vies privées de Pippa Lee, Rebecca Miller. Seuil. 291 pages.
J’étais tellement impressionnée par le curriculum vitae de Rebecca Miller que j’ai eu envie de lire son roman. En effet, cette américaine est peintre, actrice, romancière, scénariste et réalisatrice de film. Ouf. Comme si ce n’était pas assez, elle est la fille du dramaturge Arthur Miller et la femme de l’acteur Daniel Day-Lewis. Re-ouf.

Son roman fait l’autopsie de la dissolution d’un couple et montre la quête d’identité d’une femme dans la cinquantaine. Peu d’action dans ce roman psychologique mais une exploration intéressante de certains thèmes sociaux: la place de la femme en société, le culte du succès, l’impact de la vieillesse sur un couple. La conclusion arrive comme une accumulation peu crédible de catastrophes. Rebecca Miller met dans la bouche d’un de ses personnages une phrase qui décrit assez bien son livre: « C’est du roman populaire pour intellos. Ou du roman intellectuel pour populos.»

Elle a adapté son roman au grand écran, signant le scénario et la réalisation. Re-re-ouf.