jeudi 22 avril 2010

Il faut de la patience pour concocter des boutons de pissenlits marinés...



J’en ai dégusté il y a très longtemps et ça m’a inspiré un roman.
Hier, j’ai décidé que j’allais concocter ce met de gourmet.

Pleine de bonne volonté, je me suis mise à genoux dans l’herbe ensoleillée.
Mais… mais… mais.
Après 20 minutes de cueillette minutieuse, ma récolte s’avérait plutôt maigre, comme en fait foi ma photo.
Quand j’ai vu que la recette exigeait 4 tasses (ouille…), j’ai accroché sur-le-champ ma toque de chef.


Ça m'a pris plus d'une décennie pour accoucher de Miss Pissenlit...
Faut croire que j’ai plus de patience pour pitonner sur mon clavier et pour tremper dans les mots que pour préparer des boutons de pissenlits marinés.

mardi 20 avril 2010

Quand un livre est si bon qu'il nous gâche la lecture du suivant...



Charité bien ordonnée, Marina Endicott, Boréal. 496 pages

Les livres forts, les incontournables, ceux qui vous prennent-à-la-gorge, les livres appelés-à-devenir-des-classiques, ceux-là nous gâchent ensuite la lecture des pauvres livres qui ont le malheur de suivre après. Car on peut rester longtemps imprégné d’un bon livre. Quand il m’arrive de lire un de ces livres phares, je ne veux plus quitter l’auteur, ni son histoire, ni ses personnages. Et j’en veux parfois à l'infortuné auteur qui suit de ne pas avoir créé un univers qui ressemble à celui que je viens de quitter. (Je sais, je sais, c’est illogique et injuste mais je n’y peux rien.)

Charité bien ordonnée, de Marina Endicott est justement l’un de ces livres qui a squatté dans mon cerveau longtemps après que je l’ai eu refermé. Je l’ai lu en anglais il y a un an et je viens de lire la traduction avec un plaisir tout aussi vif. En me délectant tout autant. J’en ai parlé ce samedi, dans ma chronique aux Divines Tentations.

Deuxième roman d’une auteure qui vit en Alberta, Charité bien ordonnée présente la parabole du bon Samaritain adaptée à la sauce canadienne et contemporaine.

Clara, une célibataire professionnelle dans la jeune quarantaine se retrouve du jour au lendemain avec une nouvelle famille sur les bras : une mère atteinte du cancer, ses trois enfants de moins de 10 ans et une veille grand-mère chipie et grognonne. Dans un geste de belle et folle générosité, Clara ouvre sa maison à ces purs inconnus.

On suit Clara dans cette aventure où elle connaît des moments de bonheur sublime avec les enfants ainsi que des moments de découragement total. Pas de hauts faits, pas de scandales sexuels, de poursuite d’autos ou de meurtres en série dans cette histoire réaliste. Non, l’auteure nous présente plutôt la routine parfois drabe, parfois lumineuse, de gens ordinaires. Mais bon dieu qu’elle excelle Marina Endicott à dépeindre ces petits riens du quotidien, les comiques et les tragiques.

Tous ses personnages ont des personnalités distinctes, très affirmées. Tous, chacun à leur façon, démontre un haut degré de vulnérabilité, ce qui les rend encore plus inoubliables.

En plus, Marina Endicott nous parle de générosité, de pauvreté, de solidarité, sans lourdeur aucune, sans jamais verser dans le prêchi-prêcha. Voilà donc un roman qui réussit ce rare exploit de nous prendre par l'esprit autant que par les émotions.

Un incontournable que je vous dis. Et vous seriez bien avisé de faire un détour pour mettre la main dessus.

dimanche 18 avril 2010

Quoi de plus beau qu’un homme (ou une femme) révoltée?


Ces derniers jours, les médias nous ont servi plusieurs beaux témoignages sur Michel Chartrand.

Mais c’est celui de Gil Courtemanche, dans LeDevoir de samedi, qui m’a le plus hameçonné.

« L'homme révolté, pour parvenir à l'équilibre sur la corde raide de la critique permanente, doit croire profondément au bonheur et à la beauté des choses. C'est parce qu'il est profondément inspiré par la beauté et le bonheur qu'il en fait sa revendication incessante. Tels étaient Camus, Éluard, Ferré et, pour moi, près de moi, en moi, l'homme dont la rencontre fut la plus déterminante pour le reste de ma vie, Michel Chartrand, notre homme révolté, mon homme révolté. (…)

« Mauvais catholique mais chrétien exemplaire et convaincu, Michel incarnait ces valeurs: la générosité, la recherche de la justice, le partage, la solidarité humaine et, surtout, l'obligation sacrée de ne pas pratiquer l'indifférence et de travailler sans cesse à la possibilité du bonheur et de la beauté."

J’ai découpé la chronique de Courtemanche pour l’épingler sur mon babillard. En me disant: « C’est comme ça que je veux vivre ma vie. »

Ouais.
Mais il y tout un monde entre la théorie et la pratique.
Autant on peut croire dur comme fer à l’importance de s’engager, autant on peut avoir envie de ne pas s’engager…

L’ironie, c’est que cette semaine, on est justement venu solliciter mon temps et mon énergie pour que je m’implique dans un organisme à but non lucratif. La cause est valable et me tient grandement à cœur.
Mon premier réflexe est pourtant de dire NON! NON! NON!
Et de me sauver à toute vitesse!

Oui, je veux donner (et redonner), contribuer à ma communauté, mais sapristi, je n’ai pas déjà pas assez de TEMPS pour accomplir tout ce que j’ai envie de faire. Une journée de 24 heures, c’est cruellement court. Et je n’ai jamais assez de TEMPS pour arriver à tout cocher sur mes listes qui sans cesse s’allongent et se regénèrent… Et bien sûr, je n’ai jamais assez de TEMPS pour écrire tout ce que j’ai envie d’écrire.

Même si écrire, c’est une façon d'aller vers les autres, de partager, de transmettre des valeurs, la création reste un acte essentiellement égoïste… étroitement lié à l’égo.
Dire oui au bénévolat, c’est perdre un temps précieux que je veux donner à l’écriture.
Dire non au bénévolat, c’est perdre la richesse qui vient avec l’engagement et le don de soi.
Déchirant dilemme.
Il avait bien raison, le père Shakespeare, de dire « You’re damned if you, you’re damned if you don’t. »