mercredi 19 janvier 2011

La nostalgie est une étrange bibitte…


Ce portrait en fusain de Jésus trône sur un mur de mon bureau. Mon père l’a dessiné en 1952, alors qu’il était au tout début de la vingtaine. Ce portrait me fait rêver, suscite en moi des images de mon père dans sa vie d’avant la paternité, sa vie que je n’ai pas connue. Ce portrait m’émeut car je m’imagine mon paternel en jeune homme fougueux, animé d'un grand appétit de vivre et d'un vif désir de faire de belles choses.


J’avais le même âge que mon père, soit la jeune vingtaine, lorsque j’ai réalisé ce
tableau brodé. Fruit de longues heures de labeur, cette création ramasse de la poussière dans mon placard depuis des années. De temps à autre, mon conjoint me demande subtilement : « Pourquoi tu gardes ça? »
Bonne question.
À laquelle je n’ai pas de réponse.

Même s’il n’est pas particulièrement beau (à preuve, je ne l’accroche pas sur mes murs), ce tableau en broderie témoigne d’une jeune fille que j’ai été et que je ne suis plus. D'abord, je ne suis plus jeune. Et puis je ne brode plus, ne couds plus, ne tricote plus. Pire encore, je rechigne quand je dois faire un bord de pantalon.

Je suis ravie d’avoir sur mon mur le portrait au fusain de mon père.
Alors pourquoi est-ce que je me sens ridicule à l’idée de garder ce tableau brodé pour le donner un jour à mes filles?
J’imagine la scène, toutes deux rigolant entre elles et se disant : « J’espère que Maman ne s’attend pas à ce qu’on accroche cette laideur sur nos murs?... »

La nostalgie est une étrange bibitte.
Elle nous envoûte l’esprit tout en nous faisant encombrer nos placards de vieilleries.

6 commentaires:

  1. C'est toi qui a le Jésus! Chouchou!

    Sérieusement, je crois pas que c'est de la nostalgie de garder tes fleurs, qui sont mignonnes quand même, c'est plutôt de la fierté. La fierté d'un bel héritage, d'un travail bien accompli, de la patience et de la persévérance, de l'investissement dans la beauté et la réjouissance de créer. La question serait plutôt comment on peut ne pas vouloir offrir cela en cadeau à ses enfants? Ces oeuvres sont des symboles et elles ont le pouvoir de toucher les autres...

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  2. Dodo,
    Merci de me donner toutes ces belles raisons de garder mes vieilleries.

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  3. C'est joli! SAis-tu quoi? Je garde, enfouis dans une garde-robe, des tissages comme le tien que ma mère avait faits. Ça fait 15 ans qu'elle est décédée, et je n'arrive pas à les donner. Je ne les mettrais pas sur mes murs, mais ils sont là. Que là.

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  4. Oh! Je viens de me souvenir: c'étaient plutôt ce qu'on appelait du "petit point".

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  5. Je pense qu'on garde toutes des choses qu'on n'a pas nécessairement envie de mettre sur ses murs, mais dont on ne veut pas se débarrasser. Et puis, pourquoi pas? Ça ne fait pas grand mal. J'ai aussi quelques objets du même genre, dans le fond de mes placards... objets dont je n'ai absolument pas l'intention de me départir... même si je ne les mettrais pas sur mes murs!

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  6. Andrée-Anne,
    Ah oui, le fameux petit point... Pourquoi personne ne fait plus de petit point maintenant? En lisant ton commentaire, ça m'est apparu comme une évidence: il faut que je garde mon tableau brodé pour mes filles et je crois qu'elles en seront contentes un jour, même s'il n'est pas sur leur mur.

    Allie,
    Bien d'accord!

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