vendredi 1 avril 2011

Un auteur ne devrait jamais demander : as-tu lu mon livre?


Au début, quand j’ai publié mes premiers livres, j’en donnais allègrement. À ma famille, à mes amis, même à des collègues. Et j’attendais impatiemment. Anxieusement. J’attendais leurs réactions. Leurs commentaires. Leurs louanges ou leurs tomates.

Près d’une décennie plus tard et près de 25 livres plus tard, je ne donne plus mes livres. J’ai trop souvent attendu des réactions qui ne sont jamais venues. J’ai trop souvent été déçue par le silence.

Maintenant, si ma famille ou des amis expriment un intérêt à l’égard de mes livres, il me fait plaisir de leur en offrir un. Mais j’attends qu’ils me demandent. Et désormais, quand j’offre un de mes bouquins, je n’attends plus les commentaires.

Est-ce une forme de politesse ou d’abdication? Je ne sais pas.
Tout ce que je sais, c’est que j’ai évité beaucoup de déception, de dépit et de désabusement depuis que je me suis donné la règle suivante : ne jamais demander à quelqu’un « As-tu lu mon livre? »

Ce qui ne veut pas dire que le silence ou le manque d’intérêt ne me pincent plus le cœur. Ça veut seulement dire que je n’attends plus.

11 commentaires:

  1. Que c'est vrai!
    Moi, j'ai décidé de prêter mes textes comme si j'étais une bibliothèque. Après un mois, je demande à le récupérer (j'avise d'abord, aussi!)
    Parfois, on me dit: c'est parce que je suis débordé alors que la pile de feuilles n'a pas bougé depuis qu'on les a mises là! Tant pis. D'autres le veulent. Passe ton tour. Je reprends.
    La prochaine fois, quand la personne viendra demander un texte, elle devra prendre le temps de le lire.
    Tu devrais essayer ;) Je suis certaine que ça fonctionnerait!

    RépondreEffacer
  2. Ah la sagesse vient avec le temps et l'expérience. Dommage quand même. Dans un monde idéal, on s'imaginerait bien que nos proches se jettent pour lire et commenter nos oeuvres. Je fais de la projection bien sûr, c'est ce que je ferais moi.

    Et je subis à peu près le même sort avec Le Passe-Mot, ce n'est vraiment pas la famille qui me lit. Oh que non !

    RépondreEffacer
  3. Je ne lisais pas les livres de mon père (sauf les derniers puisque je les "montais"), je peux très bien comprendre ce qu'éprouvent les membres d'une famille à lire les écrits de ses proches. Je ne leur en veux donc pas et n'en attend rien. Finalement je ne crois pas que je veuille savoir ce qu'ils en pensent.
    Et puis parfois, une phrase anodine lancée au beau milieu d'un repas et on s'aperçoit qu'il ou qu'elle a lu. Petit velours, rarement petite cruauté.

    RépondreEffacer
  4. Je suis d'accord avec ClaudeL. Pas cruel, plutôt un oubli. Souvent, ils ne pensent pas de commenter mais ils ont lu. Le temps entre la lecture et la prochaine fois où ils te voient et ils oublient de te dire combien ils ont aimé, ri, pleuré selon ton chef d'oeuvre...
    M.

    RépondreEffacer
  5. @Martine: plus que l'oubli, souvent c'est volontaire de ne pas commenter pour un membre de la famille. C'est comme parler intimité, parler émotions, c'est faire un compliment. Ça ne peut pas être un commentaire banal, objectif. On ne veut pas aller dans cette voie. Évidemment tout dépend de la relation que tu entretiens avec ce parent.

    RépondreEffacer
  6. hmmm... ça porte à réfléchir...

    RépondreEffacer
  7. Anonyme13 h 21

    Merci Andrée pour avoir abordé ce sujet. Je viens de publier mon premier livre à moi et j'avais beaucoup d'angoisse quand je pensais aux commentaires qu'il allait susciter. Quelques personnes seulement se sont donné la peine de m'envoyer leurs commentaires. Une auteure m'a dit, sans que je le lui demande quelque chose : "Oh, j'sais pas quand j'vais trouver le temps de lire ça...J'ai une pile jusqu'au plafond." Elle me disait, par ses paroles, que mon livre ne suscitait pas assez d'intérêt chez elle pour qu'elle se donne la peine de le placer en haut de la pile...Bon...
    Chez mes collègues, jusqu'à présent, aucune réaction.
    Alors, en lisant ton article, je m'aperçois qu'il ne s'agit pas que de mon égo personnel, mais que nous sommes plusieurs à espérer des commentaires de nos lecteurs.

    Merci encore,

    Michèle Bourgon

    RépondreEffacer
  8. Belle entrée, Andrée... et beaux commentaires. C'est très à fleur de peau ce genre de sujet. Ça se discute bien devant un verre de porto.

    RépondreEffacer
  9. Idmuse: merci pour la suggestion, j'en prends bonne note.
    Venise: ta famille ne lit pas ton blogue? Ils ne savent pas ce qu'ils manquent!

    Martine: merci à toi de me lire, ici, en manuscrit et en produit fini...

    Claude: tu as bien raison, peut-être que le silence de nos proches est en fait une sorte de pudeur ou de gêne...

    Michèle: Dis-donc, cette auteur, elle n'était pas très diplomate! Comment elle réagirais si tu lui disais la même chose pour ses livres à elle?

    Camille: J'ai une bouteille de porto à peine entamée dans mon armoire. Viens faire un tour quand tu veux.

    RépondreEffacer
  10. France21 h 01

    Coupable pour le manque de commentaires et ce n'est pas faute de ne pas avoir lue ceux que je me suis procurés. Pourtant dès que je vais au salon du livre j'espère t'y croiser, ce qui arrive très souvent. C'est pour moi le meilleur moment pour découvrir et me procurer tes nouveautés. J'ai hâte que mes cocos soient assez grands pour te lire eux aussi, je suis certaine qu'ils vont aimer autant que moi.

    F.

    RépondreEffacer
  11. Merci France! Ton enthousiasme est toujours vivifiant!
    Andrée

    RépondreEffacer