mercredi 13 juillet 2011

Faire peur aux enfants pour mieux les préparer à la vie…


Illustration: Tomi Ungerer, Sans titre (1987-1990)

J’ai tenté, à plusieurs reprises, de parler de la mort dans mes livres. À chaque fois, je me suis frappée aux hésitations des directrices littéraires (j’utilise le féminin car peu d’hommes exercent ce métier malheureusement sous-payé…). En littérature jeunesse, de nombreux éditeurs sont réticents à laisser la Grande Faucheuse occuper une partie de la scène. Peur de faire peur aux enfants? Aux parents?

D’où mon plaisir de lire le credo de Tomi Ungerer, qui se fait une gloire de faire peur aux enfants. Talentueux touche-à-tout, cet auteur/illustrateur a publié pas moins de 150 livres pour adultes et enfants, en plus de faire de la publicité, de la sculpture et du design architectural. Fier et frondeur, ce créateur inclassable affirme que ses livres sont un cauchemar pour les pédagogues.

Dans une récente et fascinante entrevue au New York Times, il déclarait :
« Dans mes livres pour enfants, on trouve toujours un élément de peur. Je crois que les enfants sont excités par la peur et on doit leur apprendre à surmonter la peur. Quand j’étais petit, j’avais peur de la noirceur et de la nuit. Mon frère m’a amené dans un cimetière la nuit. J’ai surmonté ma peur. Je suis un cauchemar pour les pédagogues car ils pensent que je traumatise les enfants. Ils pensent que les enfants doivent être aimés et protégés. Mais si on fait seulement ça, on ne les prépare pas à affronter la vie. »

3 commentaires:

  1. Daniel Sernine12 h 18

    À ma connaissance, Andrée, il existe un directeur littéraire (un homme!), Guy Nadon, responsable de la collection «Carré blanc» aux 400 Coups, qui serait ouvert à tes propositions.
    (Tu l'as peut-être déjà approché, du reste...?)
    Évidemment, avec l'incertitude qui entoure les 400 Coups depuis leur achat par les Éditions Caractère en 2009, l'audace n'est peut-être plus à l'ordre du jour.
    Sophie Deschênes, directrice des éditions et responsable de la production presque depuis le début, a été mise à pied la semaine dernière, à un jour d'avis.

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  2. Daniel: c'est pas du tout une bonne nouvelle pour les 400 coups...ça va mal en édition... Mais dis donc, tu t'oublies: toi aussi, t'es un directeur littéraire non???

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  3. Bonjour, ça dépends toujours. J'ai illustré des livres sur le mort chez des éditeurs québecois: "Au Revoir Camille" à la Courte Échelle (il y a très longtemps) avait le meilleur ami de la personnage principale (8ans) mourrait de cancer. "Le Chien de Léopold" avec les 400 Coups traitait d'un monsieur qui voulait se débarrasser d'un chien, et le pitchait dans le lac à la fin, et c'est lui-même qui a frôlé le mort en tombant dans l'eau et il ne savait pas nager. (mais il n'est pas mort)...

    Le premier a gagné des awards, le 2e, la grande bibliothèque à Mtl a fait un mis en garde "aux parents des enfants sensibles!!!" et le livre n'a pas vendu beaucoup.

    Bonne chance! Je suis d'accord avec toi et Tomi Ungerer.

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