samedi 23 avril 2011

Embrassons même les auteurs!


Photo: Laurie Thompson

C’est la Journée mondiale du livre.
Embrassons les mots.
Embrassons l’écrit.
Embrassons le livre.
Embrassons la lecture.
Et tant qu’à y être, embrassons aussi les auteurs (même les timides!) !!!

jeudi 21 avril 2011

Sa mémoire dérive mais elle rêve d’écrire un livre…


Ma belle-mère a 86 ans et elle souffre d’Alzheimer. Depuis deux ans, sa mémoire dérive doucement et le brouillard envahit son esprit.

J’ai toujours connu Muriel comme une lectrice passionnée, grande habituée des bibliothèques publiques. Membre assidue d’un Club de lecture, elle était une lectrice zélée, exigeante et perspicace. Une lectrice comme en rêvent les auteurs. Mais au cours de la dernière année, ma belle-mère a perdu son appétit de lire. Si ce n’était de son mari qui la pousse gentiment, elle ne lirait sans doute plus du tout.

Récemment, l’une des petites-filles de Muriel lui a demandé une fabuleuse question: « Grand-mère, dans tes rêves les plus fous, qu’est-ce que tu aurais envie de faire? » Et ma belle-mère de répondre : « Écrire un livre. »

Muriel ne se souvient plus de ce qu’elle a fait hier.
Souvent, elle nous demande trois fois la même question en l’espace d’une heure.
Mais elle a envie d’écrire un livre.
Quelle merveilleuse et mystérieuse machine que l’esprit humain.

mardi 19 avril 2011

Pourquoi les enfants ne peuvent pas aller en Haïti ou au Japon?


C’est l’histoire d’une petite Mathilde qui veut toucher à tout. Au soleil, aux nuages, à à l’arc-en-ciel, à la lune, etc. Et bien sûr, à chaque fois, la maman dit non. Ce petit album, je l’ai offert à la classe de Mme Aude, une enseignante aussi inventive que dynamique. En moins de temps qu’il ne faut pour aiguiser un crayon, ses élèves avaient créé un nouvel album. Une deuxième histoire de Mathilde. Cette fois, la fillette aventurière veut aller partout. Et cette fois, c’est son papa qui dit toujours non.

Voyez comme ils ont de l’imagination ces petits de 1ère année de l’école du Marais! En lisant pourquoi le papa de Mathilde dit non à tous ces voyages, j’ai ri et j’ai eu aussi le motton, pour Haïti et le Japon…







dimanche 17 avril 2011

Un album audacieux, qui ose ne pas "finir bien"...


Enfin! Enfin un album qui ose ne pas « finir bien »! Enfin une finale qui n’a pas des teintes de rose bonbon, une finale qui n’est pas sirupeusement Walt-Disneyesque… Enfin, une finale d’album qui ressemble à la vraie vie, où la boucle n’est jamais bouclée joliment et proprement. La vraie vie est chaotique, bordélique, souvent incompréhensible, parfois injuste et fréquemment absurde. C’est ça la vraie vie et les enfants vont le découvrir, tôt ou tard… J'en ai parlé ce weekend à Radio-Canada.

Alors donc, dans Si près, il y a ce Monsieur Canard et ce Monsieur Lapin qui se croisent chaque jour en allant au travail. Mais ces messieurs ne se regardent pas et ne se saluent jamais. Ce que Natalia Colombo, l’auteure/illustratrice, ne dit pas en mots, elle le montre éloquemment en images. Devant la mince fente des yeux, les bouches tristes, on sent bien que ces deux personnages souffrent de solitude.

Et Mme Colombo nourrit son suspense. À chaque fois qu’on tourne une page, on se dit: cette fois, ils vont se parler! Et à chaque fois, c’est non. À mesure qu’on progresse dans l’histoire, l’expectative et la frustration augmentent. Mais qu’est-ce qu’ils attendent pour se saluer?! Mais Monsieur Canard et Monsieur Lapin ne deviennent pas amis. Chacun reste emmuré dans sa solitude. Comme ça arrive parfois dans la vraie vie. Ben oui.

Tout en subtilité, chargé de non dits, cet album est d’un sublime dépouillement. Voilà justement ce qui le rend si puissant. Côté illustrations, le style est naïf, les couleurs sombres, toutes en demi-teintes. Dans le fond comme dans la forme, Natalia Colombo se montre originale.

Chapeau aux éditions Imagine pour ce choix éditorial audacieux.

Si près a remporté le prix international Compostelle, décerné par le ministère de l’Éducation de l’Argentine à une personne qui diffuse des idées universelles. Ouaipe, la solitude est universelle, tout autant que la difficulté qu’on a parfois à se faire des amis.