vendredi 1 novembre 2013

Portrait d’une petite géante, à l’énergie inlassable et à la générosité titanesque




Le canot-lecture de Caroline
 D’abord :
-          L’enseignante invite une auteure à son école, une auteure-qui-vient-de-loin, elle organise tout, les vérifications d’usage avec la bibliothécaire, l’achat des livres de l’auteure, le budget, les horaires pour neuf animations sur trois jours, les affichettes postées dans tous les corridors de l’école… ouf, ouf, ouf.
Précisons que :
-          L’enseignante n’a pas de subvention du MELS pour faire venir cette auteure-d’ailleurs, elle n’a que les sous de la Fondation de l’école,  vaillamment ramassés par les parents.
Alors :
-          L’enseignante décide d’inviter l’auteure-venue-d’ailleurs à dormir chez elle, question d’étirer son budget, d’offrir des animations à toutes les classes de l’école et même d’avoir un peu de $$$ en surplus pour acheter des livres de l’auteure. 
Ce qui fait que :
-          Elle se précipite avec son conjoint (un saint homme) pour faire le ménage, le lavage, l’époussetage,  préparer la chambre d’amis, etcétéra. Tout ça avant l’arrivée de l’auteure qui elle-même (avouons-le) n’a jamais été très zélée sur le ménage…
Tout ça alors que :
-          L’enseignante sort à peine de la gestion de l’initiative  Poètes itinérants,  où les enfants sortent des écoles pour réciter des poèmes dans un lieu public, dans le cadre du Festival international de la poésie de Trois-Rivières et qu’en plus l’enseignante a un travail de maîtrise à remettre et quatre grands enfants qui demandent encore tout de même un peu d’attention de leur maman.
Mais tout de même :
-          L’enseignante est en avance, au terminus d’autobus, à 21 h 30, un dimanche soir, pour venir chercher cette auteure-venue-d’ailleurs et l’installer dans sa maison, aussi douillette et accueillante que sa propriétaire.
Et en plus :
-          L’enseignante se lève à 5 h 30 le lendemain matin pour faire des muffins aux dates qu’elle sert chauds à l’auteure qui a ronflé jusqu’à 7 h dans sa chambre d’amis.
Mais ça ne fait que commencer :
-          Car l’enseignante se précipite à l’école pour finaliser les détails logistiques de la visite de l’auteure (on va dans la bibliothèque ou pas?) et prend quand même le temps de raconter à l’auteure  (bouche bée d’admiration) tous les projets passionnants qu’elle organise pour sa classe de maternelle.
 La perruche de Caroline
À cet égard :
-          Il existe une preuve bien concrète que cette enseignante n’a pas peur d’innover et de se renouveler, car dans sa classe se côtoient, en un joyeux désordre : un canot-lecture (fabuleuse idée!), une perruche, un robot, un bac à sable (pour les « fouilles archéologiques » qu’elle compte faire avec ses élèves de cinq ans, mais chut, ne le dites pas, c’est encore un secret) et je ne vous parle même pas des 56 autres projets qu’elle a pour ses élèves (dont ces pierres tombales qu’elle leur fait dessiner…) car on serait là toute la nuit. 
 Le robot de Caroline
Puisque :
-          L’enseignante porte son cœur sur la manche et qu’en plus, elle a une capacité d’écoute assez formidable, et que l’auteure-venue-d’ailleurs avait eu le malheur d’avouer son péché mignon (un euphémisme pour gourmandise éhontée) , l’enseignante rentre chez elle après sa journée à l’école et prépare un pouding au chocolat absolument décadent qui  cuit lentement dans la mijoteuse (merci Ricardo), que l’auteure déguste en fin de soirée, les yeux fermés pour mieux savourer. 

Le décadent pouding de Caroline
Et après tout ça :
-          L’enseignante a un dernier délice à offrir à l’auteure-venue-d’ailleurs… elle l’envoie se coucher dans la chambre d’amis avec une petite pile de livres, les albums préférés de l’enseignante, qu’elle tire de sa grande bibliothèque bien garnie.  Et l’auteure se trouve trop choyée parce que ça fait au moins 40 ans qu’elle attend que quelqu’un l’envoie se coucher avec des albums à lire.  En fait, l’auteure est si ravie qu’elle a envie d’embrasser l’enseignante,  mais ne le fait pas de peur de la gêner.
Tandis que :
-          L’auteure-venue-d’ailleurs, bien calée dans ses oreillers, se régale d’images et d’histoires, l’enseignante reste à travailler dans sa cuisine, jusqu’à minuit, afin de faire le montage d’une vidéo tournée dans la journée avec ses élèves,  un petit film à expédier à une classe à l’autre bout du Québec, pour initier un joli projet de correspondance.  Et l’auteure, qui entend d'en haut les échos lointains des voix d’enfants, se demande comment l’enseignante fait pour préserver sa passion pour les projets et garder ainsi son ardeur de petite-jeune-débutante malgré ses deux décennies en salle de classe.
D’autant plus que :
-          Le lendemain matin, l’enseignante avoue qu’elle n’a pas très bien dormi, car elle s’inquiète pour un de ses élèves qui vit des choses difficiles à la maison.
N’empêche que :
-          Voilà l’enseignante repartie pour une autre journée chargée, la voilà repartie cette petite géante, cette mini-tornade, avec son sourire si spontané, son énergie inlassable, sa sensibilité à fleur de peau et sa titanesque générosité. 
 Devinez-ce que les enfants lisent dans le canot-lecture de Caroline?
Tout ceci étant dit :
-          Il faut que je rajoute une dernière chose. Chère enseignante, chère Caroline Ricard, quand j'ai quitté l’école Jacques-Buteux, où vous rayonnez avec tant de gaieté et d’efficacité,  je n’avais qu’un seul regret : ne pas pouvoir retourner en maternelle pour m’asseoir dans votre canot et vous écouter lire des albums aux enfants.




9 commentaires:

  1. Anonyme18 h 09

    Merci, Andrée, pour ce touchant hommage à cette enseignante formidable!
    Elaine Turgeon

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  2. Anonyme20 h 41

    Je reconnais tellement l'énergie débordante et surtout la générosité de mon amie la petite géante! Un bel hommage pour elle!
    Nathalie St-Arnaud

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  3. Et n'est-ce pas Julie qu'on aperçoit en compagnie de ladite Caroline devant le décadent pouding? (J'ai l'air de connaître toutes les profs du Québec, là, mais non. Y a quand même Julie. Et on s'étonne qu'elle-même soit une prof hyper-motivée. On voit ses fréquentations. On comprend mieux.)

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  4. Quelle belle façon de raconter, cette mise en page originale.

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  5. Quelle belle aventure pour l'auteure et l'enseignante. Et encore pour ces petits qui ont été émerveillés, j'en suis certaine, par 2 femmes extraordinaires.

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  6. Quelle belle aventure pour l'auteure et l'enseignante. Et encore pour ces petits qui ont été émerveillés, j'en suis certaine, par 2 femmes extraordinaires.

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  7. Camille: on ne peut rien te cacher, c'est bien Julie dans la photo! Comme tu dis, qui se ressemble se rassemble!

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