mercredi 27 mars 2013

Mon journal a 100 ans aujourd’hui! Bonne fête au Droit!




Aujourd’hui, mon journal devient centenaire. Hé oui, le quotidien LeDroit a été publié pour la première fois le 27 mars 1913. Si je dis « mon » journal, c’est que LeDroit occupe depuis longtemps une grande place dans ma vie.
Tout a commencé alors que j’étais encore une fillette avec des couettes.  À cette époque, LeDroit était un journal « du soir » et arrivait donc chez les abonnés en fin de ma journée.  À mon retour de l’école, je voulais raconter ma journée à ma mère qui elle n’avait qu’une envie : lire son Droit.  Elle me répondait donc par des « hanhans » distraits ou ne me répondait pas du tout.  Je me souviens d’avoir été vaguement jalouse de cette gazette qui me volait ma mère…

Je dois au Droit mes trois carrières.  La première : celle de journaliste.  Après quelques années à Montréal comme rédactrice d’une revue de quincaillerie (oui, oui, ça existait vraiment!), j’avais envie de journalisme plus « glamour ».  J’ai donc été ravie d’avoir été embauchée comme journaliste au Droit, d’autant plus que ce nouveau poste me permettait de revenir dans mes terres (l’Ontario français) après des études à Québec et un passage dans la métropole. 

Au Droit, j’ai appris à écrire vite, de façon claire, concise, précise et sans fioriture.  D’abord affectée au palais de justice, j’ai été bouleversée en couvrant un procès pour viol, où j’ai découvert que la justice était parfois aveugle…  J’ai vite compris que je n’étais pas douée pour les faits divers.  Au Droit, j’ai affiné l’art de poser des questions, mes entrevues les plus mémorables étant celles de Robert Labine,  Dany Laferrière, Denise Bombardier, John Ralston Saul, d’un naturiste (en costume d’Adam) et de Rose Ndayahoze, dont la vie fut détruite par le génocide au Burundi.

Le Droit m’a lancé dans ma deuxième carrière : le développement international.  C’était alors la belle époque du quotidien de la rue Rideau : nous étions une cinquantaine de journalistes dans la salle des nouvelles et on nous libérait pour nous permettre de travailler sur des séries.  Le grand luxe. Grâce à une bourse de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec,  j’ai passé deux mois en Inde,  à rédiger une série d’articles dans le cadre de l’Année internationale des sans-abris. Je me suis fait refuser une entrevue par Mère Térésa mais comme je tenais absolument à rapporter dans mes bagages de la matière pour un article,  je suis allée faire quelques jours de bénévolat à Kalighat,  premier mouroir fondé par Mère Térésa à Calcutta.

C’est en découvrant Dharavi, l’un des plus grands bidonvilles d’Asie,  que j’ai trouvé ma deuxième carrière : le développement international.  LeDroit m’a donc amené à l’Agence canadienne de développement international où,  pendant près d’une décennie, j’ai travaillé à ce rêve immense et impossible, noble et utopique : soulager la pauvreté dans le monde.

Le quotidien fondé par les Oblats m’a aussi lancé dans ma troisième carrière : celle d’écrivaine.  Car même après avoir quitté LeDroit pour la fonction publique fédérale,  j’ai continué d’y collaborer, pendant une douzaine d’années, comme critique littéraire.  Pour LeDroit, j’ai lu, recensé, critiqué, encensé, des centaines de livres.  À force de lire la fiction des autres,  j’ai eu envie d’en créer moi aussi.   Après le journalisme et le développement international, j’ai donc sauté dans ma troisième passion : la littérature.
 
  Là encore, j’ai une grande dette de gratitude envers LeDroit, qui au cours de la dernière décennie, a généreusement honoré mes bouquins, en m’accordant trois fois son prix littéraire jeunesse en plus de deux mentions honorables. 

LeDroit a été créé pour défendre les Francophones de l’Ontario, menacés par l’infâme Règlement XVII qui faisait de l'anglais la langue d'enseignement dans toutes les écoles de la province.  Pour moi qui suis née en Ontario et qui y ai passé les 18 premières années de ma vie, si le Droit n’avait pas existé, I would be speaking English today.

« Mon » journal n’a pas été épargné par la crise mondiale qui mine la presse écrite. Aujourd’hui, LeDroit est plus petit, plus maigre, plus pauvre et plus fragile qu’à l’époque où j’y ai travaillé. N’empêche, je trouve fabuleux que ce quotidien francophone en Ontario ait survécu pendant cent ans alors que tant d'autres journaux ont succombé et fermé leurs portes.  
Merci au Droit d’être là.
Merci au Droit de continuer d’appliquer sa
devise si bellement combative: L'avenir est à ceux qui luttent.




dimanche 24 mars 2013

Quand la bibliothèque deviendra une antiquité...



Papier peint créé par Young & Battaglia


Peut-être qu’un jour (peut-être pas si lointain?), les gens ne liront plus que sur des liseuses…
Peut-être qu’un jour (peut-être pas si lointain?), plus personne ne tiendra de bouquins dans ses mains…
Peut-être qu’un jour (peut-être pas si lointain?) on collera sur nos murs du papier peint nous rappelant cette antiquité nommée bibliothèque…