mercredi 11 mars 2015

La gratitude est un muscle qu’il ne faut pas laisser rouiller



John Rombough
La gratitude est un muscle et il faut le travailler. Le garder souple. Le renforcer.
Dire merci, ce n’est pas compliqué. Un mot, un geste, un sourire. Merci. Ce petit mot de rien du tout, qui se met si facilement en bouche, est pourtant trop souvent oublié.

À l’école J.H. Sissons, de Yellowknife, où j’ai récemment passé une semaine, les élèves et leurs enseignants ont le muscle de la gratitude fort et souple. Et comment! Lors de ma visite, ils m’ont dit merci beaucoup, souvent, de façon colorée et diversifiée.

1- Une carte géante, signée par les 260 élèves de l’école! 

Plus de 200 signatures... donc il y en a de l'autre côté de la carte aussi!


2- De nombreuses cartes de remerciement fabriquées par les élèves. Celle-ci, particulièrement jolie, modelée sur mon album Un bain trop plein, a été fabriqué par la classe de Claudette Marquis.


3- Des muffins au chocolat, préparés par la classe de maternelle de Laurence Rivet-Gareau.

4- Un signet en forme de pomme, affichant l'importance que l'école attache à la lecture. 
 
5- Un repas au célèbre resto Bullocks, offert par la Commission scolaire de district no 1 de Yellowknife (YK1). J'y ai mangé le poisson le plus frais de ma vie, pêché le matin même dans le Grand lac des Esclaves.

Ça fondait dans la bouche...

6- Un atelier de verre à Old Town Glassworks, une petite coopérative très chaleureuse où l'on fait des merveilles en combinant art et recyclage.  Atelier aussi offert par YK1.
Avec mes mains pleines de pouces, je tente de créer une oeuvre d'art...
     
 7- Ce magnifique tableau du peintre Déné John Rombough, aussi offert par YK1.
Toutes ces délicates attentions et ces cadeaux m’ont fait grand plaisir. Et je me suis dit que l'équipe de profs avait offert aux jeunes un fabuleux apprentissage (hors curriculum)! La reconnaissance, ça se pratique. Les enseignantes ont permis à leurs élèves de renforcer leur capacité de dire merci. D’écrire ou de dessiner leur appréciation.

Ce qui m’a tout aussi ravie – la cerise sur le muffin! – c’est que tous ces remerciements très concrets donnent un message important aux enfants : les auteurs, les livres, la lecture, c’est précieux et il faut non seulement les apprécier, mais les célébrer!

lundi 9 mars 2015

« Créer, c'est vivre deux fois »


Albert Camus

Quand je fais des animations dans les écoles primaires, je reçois beaucoup de questions, des câlins, des dessins, des demandes d’autographe ou même des ordres pour écrire la suite de tel ou tel livre.

Quand je fais des animations dans une école secondaire, je repars souvent en me demandant si je les ai touchés? Est-ce que je les ai fait vibrer? M’ont-ils vraiment écoutée? Je me demande souvent si je devrais continuer de faire des animations dans les écoles secondaires. Je me demande si je sais comment vraiment rejoindre ces mystérieuses créatures que sont les ados.

J’ai cependant une lectrice, rencontrée à l’école secondaire l’Escale, à Rockland, que je revois régulièrement. Elle s’appelle Vicky Gauthier et depuis plusieurs années, elle passe me voir fidèlement au Salon du livre de l’Outaouais. Vicky n’a plus 5 ans ou 10 ans, mais elle continue d’acheter mes albums et mes romans. Avec son argent à elle. Sa loyauté me touche.

Cette année encore, Vicky était fidèle à notre rendez-vous livresque. On a placoté un peu, devant mon stand au Salon du livre de l’Outaouais. Toute fière, Vicky m’a annoncé qu’elle étudie en théâtre à l'Université d'Ottawa.

Et moi, du haut de ma sagesse d’auteure qui a survécu à une décennie de publications (venant avec l’inévitable lot d’exaltations et de déceptions…) je lui ai dit : « Bravo pour ton choix d’études! Ce n'est pas payant de travailler dans les arts, mais vis ta passion Vicky! »

Vicky m’a répondu en me citant Camus: "Créer, c'est vivre deux fois".

Ben oui, Camus! Et elle n’a même pas 20 ans!
J’ai eu envie de lui faire un câlin, comme me font les bouts de chou de maternelle quand ils ne se tiennent plus de joie après s’être fait raconter une histoire.

O.k. Vicky, juste à cause de toi, je vais continuer d’aller faire mon boniment d’auteure dans les écoles secondaires. Ne serait-ce que dans l’espoir de rencontrer d’autres jeunes, passionnés de lecture, qui me citeront du Camus.