lundi 12 octobre 2015

Elle dessine avec des ciseaux! Et c’est trop-trop-beau!





Découvrez les joies d'artiste et les défis créateurs de Véronique Joffre, illustratrice de N’aie pas peur, « notre » album publié tout récemment par Comme des géants.

Véronique Joffre

Peux-tu décrire la technique que tu as utilisée pour « N’aie pas peur »?
Pour cet album, j'ai utilisé la technique que j'utilise principalement, le découpage. Tous les éléments sont réalisés en papiers découpés et collés séparément sur des grandes feuilles de papier (un peu à la façon d'une planche d'herbier). Ensuite, je scanne tous ces éléments et compose mon image sur l'ordinateur.

Quel est ton processus de création?
Pour la fabrication d'un album, je procède généralement par étape : d'abord la phase de documentation (quand il s'agit d'une histoire qui se passe dans un pays précis, comme c'était le cas ici) où je collecte des photos de paysages, d'ambiances, de détails, d'animaux, pour m'inspirer et avoir une idée du "look" général que je veux donner au livre.

 C'est là aussi qu'il faut commencer à penser aux personnages, je fais alors une série de recherches avec différentes possibilités (différents habits, couleurs, tailles, etc.) ici pour la maman, l'enfant et les ours, sur lesquelles on discute et décide du choix avec l'éditeur.

Ensuite vient la phase des crayonnés qui consiste à réaliser le "brouillon" de toutes les illustrations du livre en petites images rapides, en général en noir et blanc. Cette étape est vraiment indispensable, elle permet d'avoir un premier aperçu du livre dans son ensemble, de décider de la composition des images, du rythme, de savoir où l'on va, et surtout, de se mettre d'accord et avancer main dans la main avec l'éditeur pour obtenir un "chemin de fer" solide et bien pensé. Enfin, vient la réalisation des illustrations elles-mêmes. Je découpe dans mes papiers, je joue avec les formes, les couleurs, je dessine avec les ciseaux !

Quels ont été tes défis pour illustrer cet album? 
L'un des défis de cet album était qu'il est quasiment muet, sans texte, il fallait alors réaliser des illustrations suffisamment détaillées et explicites pour que le lecteur puisse suivre l'histoire sans se perdre. C'est la première fois que j'illustrais un tel album, c'est-ce qui m'a plu aussi, car l'importance des illustrations était grande !
Le plus difficile à illustrer a peut-être été le pickup quand il est vu de trois quarts ! Certaines poses de la maman aussi, qui devaient être bien lisibles pour comprendre ses actions.
Le plus facile, sans doute toute la végétation, les arbres, les plantes, je me suis régalée ! 

Comment tu procèdes pour le choix des couleurs?
L'agencement des couleurs est la chose qui me plait le plus, les couleurs me guident, m'inspirent, j'envisage leurs associations comme un jeu, un plaisir, elles sont à la base de ma création, mon matériau brut duquel tout le reste découle.

L'album en chantier...

Les deux scènes de nuit, dans l’album : comment as-tu réussi à créer cette atmosphère de paix, de tranquillité, de douceur?
J'ai toujours aimé illustrer les moments de tendresse, sûrement parce que je les aime dans la vie! Ces deux scènes finales sont importantes dans l'histoire, tout est apaisé, les deux mamans sont avec leur petit, le calme et la douceur de la nuit après toutes ces émotions, je voulais que l'enfant lecteur ressente ça aussi, cette sérénité et que tout soit rentré dans l'ordre, être rassuré, avant d'aller se coucher.

Comment est venue l’idée de rajouter un hibou dans l’une des dernières pages?
J'aime les hiboux ! L'idée m'est simplement venue du fait qu'il est l'oiseau nocturne le plus emblématique, et que les enfants l'aiment bien, et puis j'aimais bien l'idée qu'il soit le dernier petit clin d'œil avant la fin du livre.

L'illustration préférée de l'illustratrice!

Quelle est ton illustration préférée dans « N’aie pas peur »?
Je pense que c'est la double page sans paroles où l'on voit le petit garçon manger son sandwich après la baignade. J'avais envie de montrer leur campement, avec toutes leurs affaires, que tous ces détails nous en disent en peu plus sur les personnages, et que l'enfant lecteur se crée des petites histoires simplement en regardant, en interprétant tous ces objets. J'avais aussi en tête d'essayer de faire une scène intérieure d'extérieur ! Enfin, j'ai pensé cette illustration comme le moment où le lecteur allait s'identifier au petit garçon, c'est la seule image où il nous regarde dans les yeux, où il y a "contact", la maman est affairée, en arrière-plan, l'enfant lecteur est comme invité à incarner le personnage.

As-tu d’autres projets d’albums en cours?
Je travaille en ce moment à mon premier album en tant qu'auteure illustratrice !