
Ma mère est rendue à ce bel âge où elle ne désire plus de choses. Plus de bébelles. Plus de matériel. Et comme elle n’est ni gourmet, ni gourmande, il faut que je me creuse les méninges pour trouver quoi lui offrir.
Quand j’ai terminé récemment la lecture de
Rosa Candida, j’ai eu une intuition, comme un mini éclair: ma mère va aimer ce roman. Ma mère, la jardinière ardente, va aimer comment on parle des fleurs dans cette histoire toute en douceur. Alors je lui ai apporté le livre, dont j’avais parlé dans ma chronique aux
Divines Tentations, à Radio-Canada.
Traduit de l'islandais, ce roman de Audur Ava Olafsdottir (non, ne me demandez pas comment on prononce le nom de l’auteure!) raconte les apprentissages d’un jeune homme qui quitte son Islande natale pour se rendre dans un pays jamais nommé. Il s’exile ainsi pour aller restaurer une roseraie célèbre, plantée au milieu d'un monastère. Le héros a promis à sa mère, décédée prématurément dans un accident de voiture, de planter dans cette roseraie la rosa candida, une rose à huit pétales que la maman cultivait dans la serre familiale.
Tout en réalisant son grand projet, le héros découvre l’enchantement de l’amour, les plaisirs de la paternité et les joies de faire la cuisine. À la foi candide et pur, le jeune homme se pose les grandes questions existentielles: comment trouver sa place dans ce monde? Comment donner et recevoir de l’amour? À la fois drôle, poétique et rafraîchissant, ce roman paisible est à classer dans la catégorie des livres qui font du bien.
Pas pour rien que le livre était finaliste au Prix Fémina et qu’il se retrouve maintenant finaliste au
Prix des libraires, dans la catégorie «Roman hors Québec».
Lorsque j’ai revu ma mère, quelques semaines plus tard après lui avoir donné le livre, elle m'a dit, d’un ton emballé: «Je l’ai lu! C’est bon! C’est tellement bon!»
À l’excitation dans son ton, à la vigueur de son enthousiasme, j’ai compris qu’elle avait vraiment aimé et qu’elle ne disait pas ça par simple politesse.
Et je jubilais! Et ma petite voix intérieure me répétait, comme un refrain joyeux: «Ma mère a aimé
Rosa candida! Ma mère a aimé
Rosa Candida!»
Petit bonheur de savoir que ma mère avait admiré et apprécié un livre que moi-même j’avais admiré et apprécié.
Petit bonheur d’avoir eu l’intuition (comme une victoire), qu’elle aimerait ce livre hors de l’ordinaire.
Même quand on a soi-même des cheveux blancs, on veut encore faire plaisir à sa maman…