mardi 7 juin 2011
Quand Montréal t’ouvre les bras et te botte le cul…
Je débarque à Montréal pour le boulot.
De la gare centrale de train, je décide de marcher jusqu’à mon hôtel sur la rue Saint-François Xavier, dans le vieux Montréal. Mais je n’ai qu’une petite carte Google imprimée à la va-vite, où la moitié des noms de rue ne sont pas indiqués! Éternelle handicapée du sens de l’orientation, je n’arrive pas à trouver la dite rue.
J’accoste un cycliste, arrêté au feu rouge.
- Je cherche la rue Saint-François Xavier.
Le géant baraqué désenfourche de son vélo. Il sort son téléphone intelligent. Zip, zip, un petit coup de pouce et nous voilà sur Google Map. Zap zap, un autre petit coup de pouce et il m’indique la rue.
La bonté humaine me ravigote.
Quelques heures plus tard, me voilà rue Ste-Catherine, dans la foire alimentaire d’un centre d’achat, à la recherche d’un repas bon, rapide et pas cher. Après avoir fait trois fois le tour des kiosques, incapable de me décider, je z’yeute le plat d’une dame. Remarquant mon regard espion et mon indécision, la dame, qui porte la chemise bleue-poudre des employés de la STM, se lance dans un éloge ardent de sa soupe-repas. Elle me parle du brocoli cuit à point, de la grosseur des crevettes, du bouillon qui goûte bon et qu’il y en a juste-assez-pas-trop… Devant son enthousiasme aussi convaincu, j’achète le plat si chaudement recommandé. Et je me régale.
La bonté humaine me nourrit.
En fin de soirée, je retourne vers mon hôtel dans le vieux Montréal lorsque je me bute à plusieurs rues fermées. Partout, des automobilistes frustrés mais moi, simple piétonne, je me faufile entre les barrières. Boulevard René-Lévesque, des dizaines et des dizaines de cyclistes roulent sur la rue libérée des voitures. Une joyeuse parade de vieux, de jeunes, de familles, de sportifs du vendredi soir avec des casques à vélos décorés ou des perruques colorées. Je m’approche d’un bénévole bien identifié avec sa veste vert fluo: « Qu’est-ce qui se passe? »
- Mais c’est le Tour la Nuit chère Madame!
Et sans que je l'ai demandé, le Monsieur m’offre une explication passionnée des plaisirs de cette ballade nocturne sur deux roues.
- Vous devriez vous inscrire l’an prochain! qu’il me lance.
La bonté humaine me réchauffe.
Toujours en route vers mon hôtel, je fais une pause devant les bureaux de La Presse, rue St-Antoine, pour examiner les photos géantes des chroniqueurs vedettes. À ma grande surprise, même Foglia, que j’étais habituée à ne voir que de dos pendant des années, a accepté de s’afficher sur ces immenses panneaux réclame.
Un homme s’approche, jambes flageolantes et m’apostrophe d’une voix pâteuse: « Good evening Madam, could I ask you… »
Je lui fais un petit signe de la main pour signifier que je ne donnerai rien. Il se met à crier. Non, il ne crie pas, il hurle. Non, il ne hurle pas, il beugle, à tue-tête :
«You f***ucking c***nt!»
Plus que la vulgarité de l’insulte, c’est son cri, rageur, violent, haineux, qui me bouleverse. Je détale en courant, la peur au ventre.
La hargne humaine me glace.
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C'est ça la vie
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Quelle chute! Moi qui était toute fière de ton début!!! Prochaine fois, choisis un autre quartier!!!
RépondreEffacerTout de même, je retiens que la bonté semble l'emporter en nombre.
RépondreEffacerJoli billet. ;)
La générosité humaine me loge.
RépondreEffacerEn tout cas, Andrée, il y a quelqu'un qui t'a payé l'hôtel ou l'auberge dans le Vieux-Montréal; c'est mieux que rien... ;O)
Oh, et en passant, Andrée, je crois que tu n'est pas censée le dire, que tu sièges à un jury. C'est le CALQ qui divulgue les identités, trois mois après l'annonce des résultats.
RépondreEffacerJ'dis ça d'même... :O)
Je lisais ton entrée et je me disais : "Je me demande jusqu'à quel point ce n'est pas plutôt l'attitude d'Andrée qui attire la sympathie des autres."
RépondreEffacerMais avec ta finale, là, laisse faire. Manquerait plus que j'insulte un membre du jury.
XD
Idmuse: Moi aussi, j'étais très fière d'avoir croisé trois personnes aussi généreuses en l'espace de quelques heures!!! Belle coincidence.
RépondreEffacerSylvie: Ton commentaire me dit que tu es une optimiste.
Daniel: Y'a des tonnes de jury au CALQ. Je n'ai pas dis sur lequel je siégeais...
Camille: Je sais, elle arrive comme une douche froide cette finale. Comme une claque en pleine face. C'est comme ça que je l'ai reçue.
Je ne dirai pas que le Monsieur Voix Pateuse étais justifié dans sa réaction pour le moins démesurée. Mais je me demande pourquoi faire un signe non-merci-dérange-moi-pas quand on te demande quelque chose? Qu'est-ce qu'il voulait?
RépondreEffacerDodo,
RépondreEffacerJe ne lui ai pas donné la chance de dire ce qu'il voulait. Mais à son allure, je me doutais bien que c'était des $$$. Pour boire???
Peut-être voulait-il juste savoir l'heure? :P
RépondreEffacerTrès beau billet!
Si tu adresse les gens les sans-abris, même pour leur dire non, ils risquent moins de se mettre en colère...
RépondreEffacer