mercredi 24 janvier 2024

S’affranchir de l’angoisse pour laisser place à l'espoir…


À la fois musicien et artiste, Enzo a illustré Semer des soleils, mon dernier roman qui vient de paraître aux éditions la courte échelle. Rencontre avec un artiste bourré de talent.

Parle-nous un peu de toi, Enzo
Je suis né à Montréal d’une maman Italienne et d’un papa abitibien. En grandissant avec deux parents artistes comme modèles, je n’ai jamais douté de la possibilité de faire de l’art le fil conducteur de ma vie. Comme tous les enfants, j’ai commencé à dessiner tout jeune et j’ai eu la chance d’être encouragé à continuer à explorer le dessin, une exploration que je suis heureux de poursuivre encore aujourd’hui.

Plus tard, à l’adolescence, on m’a offert une mandoline. C’est à ce moment que j’ai développé un très grand intérêt pour la musique. Le désir d'approfondir mes connaissances musicales ainsi que d'explorer et développer cet instrument m'a conduit à créer un programme de technique professionnelle en mandoline jazz au Cégep de Saint-Laurent.

Aujourd’hui, mandoline en bandoulière et carnet de dessin en poche, j’ai le bonheur de participer à divers projets musicaux et d’illustrer des albums jeunesse et des bandes dessinées!


Il y a plusieurs guerres, en ce moment, aux quatre coins de la planète. Est-ce que tu suis l’actualité qui traite de la guerre ? Comment est-ce que cela t’affecte?

Dans Semer des soleils, Théo est envahi d’un sentiment d’impuissance lorsqu’il est témoin de la guerre en Ukraine par le biais de son téléviseur. En lisant le manuscrit, je me suis remémoré les attentats du 11 septembre 2001 qui ont été commis aux États-Unis par l’organisation terroriste Al-Qaïda. Comme Théo, mes ami.es et moi étions témoins pour la première fois d’une catastrophe humaine. À l’époque, j’étais trop jeune pour comprendre l'ampleur de ce qui se passait, mais je me souviens que j’avais compris que l’être humain est en mesure de tout détruire s’il le désire.

Les problématiques mondiales sont si grandes, si disproportionnées, que je trouve difficile de sentir qu’il m’est possible d’avoir un impact dans ces enjeux. Mais si collectivement, nous pouvons pousser notre éducation et sensibiliser notre entourage face à ces enjeux, c’est peut-être déjà un pas vers un peu plus de paix. J’essaie de pousser ma recherche d’informations en suivant le contenu de journalistes indépendants et d'activistes sur les différentes plateformes en ligne.

Je me permets ici de partager quelques ressources en ligne.
- Une géniale plateforme qui vise à éduquer les lecteurs-trices sur le conflit en Palestine et offrir des outils pour supporter la cause : https://www.thepalestineacademy.com/
- Une plateforme qui offre des ressources pour apprendre comment aborder le conflit entre l’Ukraine et la Russie :
https://www.bbcchildreninneed.co.uk/changing-lives/useful-resources-for-talking-about-ukraine-and-russia/

Peux-tu décrire la technique que tu as utilisée pour illustrer Semer des soleils?
J’ai travaillé les illustrations de Semer des Soleils à la tablette graphique sur un logiciel d’illustrations. Pour donner une douceur organique aux images, j’ai réalisé les couleurs à partir de textures d’aquarelle que j’ai peintes et ensuite numérisées sur mon ordinateur. Puis, j’ai découpé et retravaillé ces textures d’aquarelle pour en faire un “collage” en les appliquant au dessin.



Quel a été ton processus de création pour ce roman graphique?
Puisque l’histoire de Semer des soleils est racontée du point de vue de Théo, il n’y avait pas beaucoup d’images de guerre à réaliser. Toutefois, il a fallu que je fasse beaucoup de recherches sur le conflit en Ukraine pour m'imprégner du sujet et réaliser des illustrations sous la lumière de l’actualité. L’important pour moi était surtout que l’ambiance du livre provienne d’émotions réelles.

Pour les quelques illustrations des scènes se déroulant en Ukraine, je me suis inspiré de photographies de journalistes de guerre, et les scènes se déroulant chez Théo sont directement inspirées de mon quartier, Saint-Henri.

Quels ont été tes défis pour illustrer cet album?
Le principal défi pour ce projet était de garder un peu de lumière, malgré la colère et l’impuissance que vit Théo. Pour balancer avec le thème plutôt sombre de l’histoire, j’ai trouvé la solution dans les tournesols qui y sont omniprésents, en plus des couleurs du drapeau ukrainien! J’ai alors parsemé les illustrations de jaune et de bleu tout au long du livre.

Quelle est ton illustration préférée dans Semer des soleils ?
Mon illustration préférée est celle où Théo est agenouillé dans son jardin parmi ses tournesols. À ce moment dans l’histoire, il s’est affranchi de son angoisse pour laisser place à l'espoir. J’aime comment j’ai dessiné son regard serein et en paix alors qu’il dépose ses galets aux pieds des tournesols.


Quels sont tes projets à venir?
Je t’écris présentement du studio du Québec à Londres, où j’y serai en résidence de création pendant les six prochains mois dans le but d’écrire une histoire… et peut-être ensuite en faire un livre illustré? Qui sait! Plus de détails là-dessus tout bientôt!