Oui, oui, c'est bien moi à la fenêtre... et la photo a été prise par ma lumineuse voisine, Claire Audhuy.
Il y a eu le
magret, la chauve-souris, les souris (ou les loirs), l’insomnie, la pluie, mais pas de fantôme. Enfin, pour le
fantôme, je ne suis pas certaine…
Mais
d’abord, il y a ce château du 18e siècle, un peu fané mais encore
fier. Imposant même. À l’intérieur, un
décor de film à la Agatha Christie. Des
planchers de bois qui gémissent à chaque pas.
Dans tous les coins et recoins, des centaines de livres jaunis, qui
sentent le siècle dernier. Des photos
d’époque du clan Nothomb (on vient de nous annoncer la visite d’Amélie pour la
semaine prochaine!)…
Premier
soir, je monte à ma chambre, au deuxième étage du Château et je tombe sur une
chauve-souris. Aussi affolée que moi,
elle vole d’un bout à l’autre du couloir, tandis que je fonce vers ma chambre,
tête rentrée dans les épaules. Je claque la porte derrière moi, fière de ne pas
avoir succombé à l’envie de crier.
Après la
chauve-souris, les souris. Elles dansent
une gigue dans le grenier au-dessus de ma tête.
Au vacarme qu’elles font, je me demande si je n’ai pas affaire à un plus
gros rongeur… Mais le lendemain matin, les auteurs belges affirment que ce sont des
loirs. Je google loir pour voir la tête de la bête… Tiens,
encore moins joli qu’une souris.
Aucun signe
pourtant du fantôme de la marquise du Pont d’Oye, bien qu’elle soit le «talk of
the town » à Habaye et que j’ai trouvé au château pas moins de trois livres qui racontent sa vie tragique. On
la retrouve même en vedette dans les dépliants publicitaires, comme quoi les fantômes attirent les touristes.
Après les
petites bêtes, voilà l’insomnie qui vient me dire bonjour. Est-ce le magret de canard aux cerises dégusté
au souper qui m’empêche de dormir? Ou
les conversations trop stimulantes des dix auteurs en résidence? Ou l’angoisse de ne pas savoir-pouvoir écrire-sortir
ce roman dont l’ébauche attend depuis si longtemps dans les entrailles de mon
Toshiba…
Au milieu
de la nuit, au tour de la pluie de marteler mon toit. Je me
lève et j’ouvre ma fenêtre en mansarde, qui donne sur le devant du château. Avec le vent qui me fouette la face, j’ai l’impression
d’être une Jane Eyre du 21e siècle, sauf que je ne porte pas une
longue chemise de nuit avec col Claudine en dentelle mais mon t-shirt
extra-large et fané du Relais pour la vie.
La tête à moitié sortie de ma fenêtre, j’attends que l’air frais ou la
pluie m’inspire une superbe pensée poétique que je pourrais noter pour la postérité... Mais non. Rien. Rien pantoute. Rien que cette
question qui tourne dans ma tête : pourquoi y’a pas de moustiquaire
aux fenêtres de ce château? Ce serait pourtant une façon bien simple de réduire
le risque de chauve-souris et ça m’éviterait de passer le reste de mon séjour à
marcher la tête rentrée dans les épaules.
Au matin, à
mon réveil, j’ai trouvé la fenêtre de ma chambre entrouverte. Je l’avais pourtant refermée avant de
retourner au lit. La marquise serait-elle passée me voir pendant la nuit?