vendredi 21 août 2009
Artistes assassinés
On ne pouvait pas passer un mois en Chine sans aller à Xi’an voir la célèbre armée de terracotta, élevée au rang de patrimoine mondial par l’UNESCO.
Ce mausolée de l’empereur Qin Shihuang a été découvert par hasard en 1974 par un fermier, à 40 kilomètres de Xi’an, dans le centre de la Chine. Cette armée composée d’environ 8000 milliers de soldats sculptés dans la terre cuite, était ensevelie depuis plus de deux mille ans.
Le site est grandiose. On ne peut faire autrement qu’admirer l’ambition démesurée et l’envergure effarante de cette création. Rangées après rangées de soldats plus grands que nature, enlignés en formation de guerre dans des rangées solennelles, ayant pour mission de protéger la dernière demeure du roi. Chaque sculpture est unique, chaque soldat ayant des traits et des vêtements différents.
Devenu un haut lieu touristique depuis la découverte de ce mausolée, Xi’an attire chaque année deux millions de personnes. Le jour où nous sommes passés, malgré une pluie fine et persistante, des milliers de personnes jouaient du coude pour avoir une bonne vue des soldats et prendre LA photo du site…. Ajoutons à cela la pléthore de guides qui hurlent leurs explications historiques dans des haut-parleurs, les incontournables boutiques de souvenirs qui vendent toutes les bébelles inimaginables reliées à l’armée de terre cuite… et vous aurez une bonne idée de l’atmosphère de cirque touristique qui règne sur l’endroit…
La construction de cette célèbre armée aurait mobilisé 700 000 artisans pendant près de 40 ans. Durant toute la visite, j’ai cherché, cherché, cherché, un hommage aux artisans, aux potiers, aux travailleurs qui ont créé cette fabuleuse armée. Les signatures des potiers ont en effet été retrouvées sur les statues. C’est à eux que je pensais, tout au long de la visite, en écoutant d’une oreille distraite les commentaires patriotiques et vantards de notre jeune guide.
Les artistes qui ont travaillé pendant des décennies pour créer ce mausolée ont été étrangement « récompensés » pour leur labeur. Pour préserver le secret du mausolée, l’empereur Xi Wang aurait fait tuer tous ceux qui avaient participé à sa construction. Certains historiens affirment même que des centaines de milliers de travailleurs auraient été emmurés vivants dans le tombeau.
J’ai lu attentivement les quelques écriteaux explicatifs (dans un très mauvais anglais), mais je n’ai trouvé aucun hommage au talent et à la contribution de ces créateurs. Pas un mot. Rien. Quelle ironie suprême de penser qu’à cause de leur immense talent, ces artistes ont pu participer à cette initiative mégalomane. C’est ce même talent qui leur a valu d’être assassinés.
Malgré sa beauté indéniable, l’armée de terre cuite Xi’an a une teinte de macabre.
mercredi 19 août 2009
Quiproquos rigolos
La Tour de Babel, Pieter Bruegel l'Ancien.
Nous avons connu en Chine quelques quiproquos rigolos à cause de la langue.
Mauvaise prononciation?
Dans notre hôtel de Shanghaï, mon conjoint réclame un oreiller supplémentaire. On lui a apporte quatre assiettes.
Les Canadiens sont gros?
Je regarde des robes dans une boutique de Beijing lorsqu’une employée du magasin s’approche et me fait des signes de main sibyllins. Croyant comprendre qu’elle me demande d’où je viens (ce que je me fais demander plusieurs fois par jour), je réponds: «Janada» (la façon chinoise de prononcer Canada). Elle m’apporte une robe de taille extra-large.
Souriez, vous puez
Le jeune guide qui nous fait visiter Nanchang (ville d’origine de notre fille aînée) insiste pour prendre des photos de nous à chaque monument historique. Lorsque nous sommes tous les quatre devant l’objectif de l’appareil, il nous crie sur un ton enjoué: «Smell! Smell!». Il nous faudra quelques photos avant de comprendre qu’il veut dire «Smile! Smile!» Inutile de dire que nous rions beaucoup sur nos photos de Nanchang.
Après 33 jours de méprises de la sorte en Chine, je comprends mieux la parabole de la tour de Babel.
lundi 17 août 2009
Odeurs de la Chine
(Crédit photo: Anatol)
Devant la forêt de gratte-ciel de Shanghaï, les boutiques de luxe de Beijing, le train hyper-moderne et hyper-rapide entre les métropoles, je me disais: la Chine est vraiment sortie de la pauvreté pour entrer de plein pied dans la modernité.
Mais c’est en humant les odeurs de la Chine, jour après jour, que je me suis dis: par certains côtés, l’Empire du milieu est encore loin de la « modernité ». Comme un jupon qui dépasse, les fumets de la Chine rappellent aux visiteurs que cet immense pays qui connaît un essor économique fulgurant, traîne encore des relents de pauvreté…
Trois odeurs prédominantes nous assaillent en Chine, dans les villes autant que dans les campagnes :
1- Fumée de cigarettes
2- Effluves d’égouts
3- Relents d’urine.
Fumée de cigarettes
En Chine, l'odeur de la fumée de cigarette est omniprésente. Les Chinois fument beaucoup et partout, même dans les endroits publics où sont affichées des pancartes « Défense de fumer ». Pas une chambre d’hôtel qui ne sente la fumée de cigarette. Combien de fois, au restaurant, avons-nous changé de table pour éviter les fumeurs à la table voisine?
Et les statistiques à ce sujet sont effarantes. Plus grand producteur de tabac au monde, la Chine compte plus de 350 millions de fumeurs. Le cancer du poumon est la première cause de mortalité dans ce pays. Plus d’un million de personnes meurent chaque année de maladies reliées au tabagisme.
Les fumeurs en Chine peuvent dépenser jusqu’à 60% de leur revenus pour s’acheter des cigarettes. Il n’y a pas de limite d’âge en Chine pour la vente des produits du tabac et les cigarettes sont souvent offertes en cadeau. (!!!)
Effluves d’égouts
Même dans un pays aussi hautement industrialisé que la République populaire de Chine, les systèmes de traitement des égouts sont insuffisants. D’après les statistiques, plus de 40% des eaux usées sont déversées sans aucun traitement. D’où les odeurs nauséabondes qui s’échappent des bouches d’égouts, même dans les rues les plus élégantes et les plus huppées.
Relents d’urine
Il est courant de voir des bébés et de jeunes enfants faire pipi dans la rue en Chine. La senteur d’urine y est donc forte et fréquente. Comme les systèmes d’égouts sont insuffisants en Chine, dans toutes les toilettes (turques, pour la grande majorité), on trouve des affiches demandant de jeter le papier de toilette souillé dans la poubelle plutôt que dans la toilette. Les poubelles n'étant pas vidées régulièrement, imaginez les odeurs...
Nous étions arrivés dans le pays depuis à peine une heure que ma fille s’exclamait : « Ça pue en Chine! »
- Voyons pourquoi tu parles comme ça sans savoir, que je lui ai répondu, du ton sentencieux de la de mère-qui-s’apprête-à-donner-une-leçon-de-bienséance-à-sa-fille.
Je me suis vite rendue compte qu’elle avait raison.
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