vendredi 1 octobre 2010
Se souvenir du pur plaisir d'écrire...
Cet été, je suis allée écouter un ami jouer du saxo dans un petit ensemble jazz. Ça se passait dans un minuscule resto d’un quartier bohême d’Ottawa. La peinture s’écaillait sur les murs, la table était bancale et le gâteau aux carottes plutôt sec. Nous n’étions même pas dix personnes.
Mais les musiciens ont joué comme si leur vie en dépendait. Et mon ami saxophoniste soufflait et se donnait et transpirait et vibrait et nous faisait aussi vibrer. Il était complètement, totalement dans sa musique. Et je me souviens d’avoir pensé: il ne joue pas pour la gloire, mais pour le pur plaisir de jouer.
Ce qui m’amène à cette statistique démoralisante sur laquelle je suis tombée récemment.
Entre avril 2009 et mars 2010, il s’est publié plus de 700 livres jeunesse au Québec. 700!!! Le déluge quoi. Pour un marché aussi petit… déjà envahi par tous les livres jeunesse venus d’Europe, sans compter les innombrables traductions qui nous arrivent de chez nos voisins américains.
Avec 700 nouveaux titres qui inondent le marché à chaque année, comment un auteur peut-il espérer se démarquer dans cette avalanche de livres? Comment faire des ventes "raisonnables" quand l'offre dépasse aussi largement la demande?
Ce chiffre effarant me fait l’effet d’un coup de massue.
Comme statistique éteignoir (du moins pour une auteure), on peut difficilement faire mieux.
Alors il y a des jours où je me demande : mais ça donne quoi?
Tant de livres et si peu de lecteurs.
Et le ciel me semble bien bas.
Et les centaines d’heures passées devant mon écran me semblent futiles…
Et le manuscrit sur lequel je sue me semble superflu.
Alors je pense à mon ami saxophoniste qui a trouvé la réponse: jouer pour le pur plaisir de jouer. Il faut que je me répète, à la façon d'un mantra: écrire pour le pur plaisir d’écrire.
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Écriture
mercredi 29 septembre 2010
Un gibbon peut-il mourir de tristesse?
Même au Canada, dans l’un des « plus meilleur » pays du monde, il y a encore des enfants qui vont à l’école le ventre vide. Et même dans une « région reconnue par son extraordinaire croissance économique » telle que Drummondville, des centaines d’écoliers ont faim le matin, en classe.
D’où l’initiative de la Tablée populaire, qui depuis près de 10 ans, offre un service de repas, Les p’tites boîtes à lunch, aux enfants démunis.
Heureux hasard, un des employés de la Tablée populaire est aussi un auteur jeunesse, qui a eu la belle idée de mettre sa plume au service des P’tites boîtes à lunch. Jean Paquin a aussi convaincu 11 autres auteurs d’écrire une nouvelle pour des lecteurs à partir de 8 ans. Ces textes ont été rassemblés dans un recueil, publié par Dominique et compagnie et maintenant en librairie.
La classe de Madame Caroline, c’est donc 11 nouvelles des 11 auteurs suivants : Alain M. Bergeron, Camille Bouchard, Édith Bourget, Isabelle Larouche, Martine Latulippe, Sylvie Marcoux, Michel Noël, Jean Paquin, Josée Pelletier, Andrée Poulin et Sylvie Roberge.
Les créateurs et illustrateurs de ces textes versent leurs droits d’auteur à la Tablée populaire. Les ventes de ce livre contribueront donc à remplir Les p’tites boîtes à lunch.
La nouvelle que j’ai écrite pour ce recueil s’intitule Une flûte au zoo. Elle raconte l’histoire d’un gibbon à mains blanches qui refuse de s’alimenter depuis qu’il a perdu sa compagne. Un gibbon peut-il mourir de tristesse? Pour savoir la réponse, achetez le livre.
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Littérature jeunesse à l'honneur
dimanche 26 septembre 2010
"Les larmes sont les pétales du coeur..."
Je ne pleure pas devant mes enfants. Un peu par pudeur. Un peu pour ne pas montrer mes faiblesses. Surtout pour ne pas les inquiéter. Puis récemment, une nièce m’a fait un commentaire qui m’a réfléchir. Cette ado de 14 ans, m’a dit :«Je n’ai jamais vu mon père pleurer ». J’ai senti, dans son ton, un mélange de curiosité, de regret et d’inquiétude. Comme si elle se demandait : «Mon père peut-il pleurer? Mon père a-t-il des émotions?»
Il n’en fallait pas plus pour me donner le goût de pondre une histoire là-dessus. J'ai donc commencé à écrire un album sur les larmes. En fait, un album sur le tabou de pleurer en public. Un album autour de cette phrase, encore trop entendue aujourd’hui : « Un homme, ça ne pleure pas. »
Ne pouvant résister à l’appel des sirènes de l’Internet, j’ai sauté à pieds joints dans la recherche et dégoté des anecdotes fascinantes.
- Les humains sont les seuls animaux qui versent des larmes d’émotions.
- À travers l’histoire et dans toutes les cultures, les gens pleurent.
- Nous avons appris plus sur les larmes dans la poésie, les romans et les films que dans les études psychologiques ou médicales.
- Des études très sérieusement scientifiques énumèrent les nombreux bienfaits de pleurer.
-Jackie Kennedy s’est valu un statut d’héroïne mythique aux États-Unis en restant stoïque et en ne pleurant pas à l’enterrement de son mari assassiné.
Et j’ai découvert plusieurs perles sur les larmes.
« Les gens qui savent pleurer ont les plus beaux yeux du monde. » Sylvain Trudel
“Let your tears come. Let them water your soul.” Eileen Mayhew
“Lips that taste of tears, they say.
Are the best for kissing.”
Dorothy Parker
« Les yeux qui n’ont pas pleuré ne voient rien.” Louis Veuillot.
Si l’occasion vous est donnée de vous offrir une « bonne braille », ne résistez pas. C’est bon pour la santé. Suivez l’exhortation du poète Paul Éluard: «Pleure, les larmes sont les pétales du cœur.»
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