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Je suis allée voir
Une histoire pour Édouard, production du
Théâtre des Confettis, au Centre national des arts. Cette pièce de Lise Vaillancourt aborde un thème ambitieux et rarement vu dans le théâtre jeunesse: les peurs du créateur.
Édouard, un jeune avocat bon chic bon genre, vient frapper chez Madeleine McFursen, une auteure qui avait promis, 20 ans plus tôt, d'écrire une histoire pour lui. L'écrivaine avoue à Édouard que les lutins de la peur l'ont empêché de finir son histoire. Armée d'un miroir magique et d'un sabre en plastique, l'auteure part donc à la conquête de ses peurs afin de pouvoir ensuite terminer la dite histoire.
Je n'ai pas de lutins de la peur qui m'empêchent d'écrire. Dans mon cas, ce serait plutôt les démons de la procrastination, secondés par les elfes de la paresse... Quelqu'un a-t-il un sabre ou un miroir magique à me prêter?
***
Au moment de se remettre à son histoire ébauchée, Madeleine McFursen confie à Édouard son désir d'écrire une histoire immortelle, « qui va durer des siècles et des siècles ».
Nous sommes combien d'auteurs à rêver en cachette (qui aurait la prétention de l'admettre ouvertement?) d'écrire un livre qui nous survivra? De pondre un « classique », notre graal à tous?
J'ai publié mon
premier roman jeunesse en 1983. Déjà 25 ans. À peine un petit quart de siècle. Mais ce livre est aujourd'hui introuvable. Plus personne ne le lit. Je ne dis pas qu'il s'agissait du roman du siècle, injustement et cruellement tombé dans l'oubli. Pas du tout. Mais ça m'effraie tout de même de constater que la majorité des bouquins ont aujourd'hui une vie guère plus longue que celle d'un contenant de yaourt. Comment garder un sain détachement devant l'état si périssable de nos livres? Comment garder un minimum de sérénité devant l'essence si éphémère de nos écrits? Yo no sé.