Depuis une
décennie, je roule ma bosse dans toutes les écoles du pays. Pour faire
connaître le métier d’écrivain, mais d’abord et avant tout, pour donner aux
jeunes le goût de lire.
En dix ans, j’ai donné des centaines d’animations à tous les niveaux du primaire et du secondaire. Ce genre de rencontres vient avec son lot de griseries et de frustrations, de risques et périls, d’essoufflements et de ravissements.
Ma plus grande frustration, c’est d’arriver dans une classe et que les élèves ne connaissent aucun de mes livres et n’ont aucune idée de qui je suis. Alors que les coupures pleuvent et que «l’austérité » abat sa chape de plomb sur tout le milieu de l’éducation, je m’explique mal comment des écoles peuvent me payer pour offrir des animations, sans préparer aucunement leurs élèves. Comme me disait récemment un directeur d’école, ne pas faire lire les élèves avant une rencontre d’auteur, c’est comme payer le gros prix pour aller voir un spectacle de Justin Bieber sans rien connaître de la musique de Justin Bieber…
Quand j’arrive dans une classe et que les élèves n’ont pas lu une seule ligne de ce que j’ai publié (ce qui se produit hélas trop souvent) je balance entre la désolation et l’exaspération. Pas pour mon ego à moi d’auteure. Désolée plutôt pour les dollars investis et non maximisés, pour l’occasion ratée, pour les bénéfices pédagogiques perdus pour les enfants…
J’ai passé récemment une semaine à Yellowknife, dans deux écoles d’immersion, où les élèves avaient été fabuleusement préparées. Une foule d’initiatives avaient été conçues, préparées et orchestrées par l’incomparable Caroline Roux, mentor de littératie pour la commission scolaire de Yellowknife Education District 1. À la fois leader et catalyseur, Caroline est entourée d’une équipe d’enseignantes énergiques, vaillantes et qui n’ont pas peur de sortir des sentiers battus.
Voici donc un petit portrait des initiatives prises par ces écoles pour ma visite. Quand on tombe sur un modèle aussi stimulant et aussi sensationnel, quand on voit des pratiques aussi exemplaires, on ne peut faire autrement que de les diffuser.
Outils pédagogiques conçus en prévision de ma visite :
Une immense affiche avec toutes les pages couverture de mes livres. Il
fallait voir les élèves lors des animations, venir me dire fièrement, en
pointant du doigt : j’ai lu celui-ci et celui-là et lui aussi!!!
- Une présentation Power Point pour les enseignants sur l’auteure et son œuvre.
- Une présentation Power Point pour les élèves sur l’auteure et son œuvre.
- Mes livres en vedette à la bibliothèque de l’école.
Un concours
Devine qui se cache derrière le livre?, où les enseignants
se sont amusés à faire des photos d’eux-mêmes déguisés, derrière une
page couverture d’un de mes livres.
Une affiche avec la binette de l’auteure pour chaque classe.
L’achat de tous mes livres en plusieurs copies. Ces livres ont été placés dans un bac dans le salon du personnel afin que les enseignants puissent les lire et les emprunter pour les lire à leurs élèves.
Autres préparatifs avant ma visite :
- Toutes les classes avaient lu non pas un, mais plusieurs de mes livres. Toutes! Sans exception!
- Un article dans l’hebdomadaire Aquilon et dans l’hebdomadaire Yellowknifer, annonçant ma visite dans les écoles.
- Un sac d’épiceries (avec chips, gruau, humus et confiture aux bleuets sauvages) qui m’attendait dans ma chambre d’hôtel.
Projet réalisés par les élèves avant ma visite :
- Dessins épinglés sur une corde à linge, inspiré de mon album La corde à linge magique (2e année, classe de Jennifer Boudreau)
Textes inspirés de mon album Un bain trop plein. (3/4 année, classes de Stéphanie Rondeau et de Laurence Turcotte)
Projet mathématique et livres d'Andrée Poulin (2e année, classe de Jennifer Boudreau)
-
Textes inspirés de mon album
Un bain trop plein. 1re année de Claudette Marquis et 1re année de Mélanie Daigle.
-
Création d’un livre inspiré par mon album
Pipi dehors. (maternelles, classe de Jacqueline Béland).
Et ça donne quoi tout ça? Eh bien, ça donne des rencontres de grande qualité, où les élèves sont intéressés, enthousiastes, avec des tonnes de questions à poser à l’auteure et beaucoup de commentaires à lui faire sur les livres lus. Ça donne des élèves qui ont le goût de lire et même des élèves qui ont le goût d’écrire!