vendredi 3 avril 2009

Qu’est-ce qui vaut la peine d’être lu?


C’est vendredi-youpi! Glissons joyeusement vers le weekend avec cette pensée énergisante de l’inventeur du paratonnerre, Benjamin Franklin lui-même:

«Si vous ne voulez pas qu'on vous oublie le jour où vous serez mort et pourri, écrivez des choses qui valent la peine d'être lues, ou faites des choses qui valent la peine d'être écrites.»

Et maintenant, pour imiter l’inimitable Guy A. Lepage, voici la question qui tue: comment savoir si ce qu’on écrit vaut la peine d’être lu?

jeudi 2 avril 2009

Et si Stephen Harper lisait Le Vilain petit canard?


Aujourd’hui, c’est la Journée internationale du livre pour enfants, qu’on célèbre chaque 2 avril, en même temps que la date anniversaire de Hans Christian Andersen. L’affiche thème pour 2009 a été créée par l'illustrateur égyptien, Hani D. El-Masri. Organisée par l'Union Internationale pour les Livres de Jeunesse, mieux connue sous son petit nom IBBY, cette journée a pour but de braquer les projecteurs sur la littérature jeunesse.

Mais qui donc se souciera de livres pour enfants quand l’économie mondiale s’effondre et que le G20 se chamaille à Londres? Pourtant, nos augustes dirigeants pourraient tirer quelques petites leçons de sagesse en relisant les classiques d’Andersen.
Imaginez Stephen Harper lisant Le vilain petit canard…
Imaginez Barack Obama lisant La Petite fille aux allumettes…
Imaginez Nicolas Sarkozy lisant La Princesse au petit pois…
Imagine Gordon Brown lisant Les Habits neuf de l’empereur…

mercredi 1 avril 2009

Colibri en hiver


Dans les écoles du Québec, les bibliothécaires sont aussi rares que des colibris en hiver. Oui, les bibliothèques scolaires du Québec sont dans un état lamentable. Les experts le disent depuis des années mais c’est comme s’ils criaient dans le désert.

J’en ai parlé en long et en large en 2005 dans un reportage pour la revue Lurelu, où le milieu faisait un bilan simple mais honteux : pas de bibliothécaire, pas de relève, des étagères dégarnies, des livres neufs qui dorment dans des boîtes faute de personnel pour les traiter.

Une brève recherche sur la Toile démontre que quatre ans plus tard, le problème perdure dans toute son ampleur. Selon les chiffres rapportés dans Le Devoir de janvier 2008, il n’y aurait plus que 23 bibliothécaires et 30 spécialistes pour les 2770 écoles primaires et secondaires du Québec. Le Devoir ne mâchait d’ailleurs pas ses mots en parlant de « carence sidérante ».

Pourtant, pourtant, de nombreuses études des dernières décennies ont clairement démontré le lien entre bibliothèque scolaire et réussite scolaire. La bibliothèque a une influence sur le développement d'habiletés de lecture, d'écriture, de recherche et d'étude des étudiants. La Coalition en faveur des bibliothèques scolaires cite d’ailleurs des études démontrant que les écoles dont les bibliothèques sont bien pourvues et animées par des bibliothécaires qualifiés ont passé les épreuves standardisées avec une moyenne de 15 à 20 % supérieure aux écoles sans bibliothèque ou sans services d'animation en bibliothèque.

En janvier dernier, j’ai fait des animations sur le métier d’auteure à l’école du Méandre, à Rivière-Rouge. Comme cet établissement regroupe à la fois une école primaire et une école secondaire, on y trouve, merveille entre les merveilles: une bibliothécaire!

J’ai pu observer Brigitte à l’œuvre… Oh! que voilà une bibliothécaire hors pair! Dynamique, passionnée de littérature jeunesse, hyper efficace, Brigitte est à la fois l’âme et le poumon de la bibliothèque. Elle avait organisé de main de maître mes trois jours de rencontres avec les élèves, en compilant une documentation impressionnante sur mes livres, qu’elle avait ensuite remis à chaque enseignant. Toutes les classes avaient fait des dessins sur mes divers livres et Brigitte a décoré un pan de mur entier avec ces œuvres d’art.

Femme orchestre, Brigitte agit comme bibliothécaire, gestionnaire, conseillère et collaboratrice pour les enseignants. Outre la gestion au quotidien de la bibliothèque, elle s’occupe des achats de livres. Comme elle connaît les auteurs jeunesse et les nouveautés, elle a toute l’expertise nécessaire pour faire des achats éclairés et pertinents. Mais surtout, surtout, quand les jeunes viennent à la bibliothèque, elle peut les conseiller, les guider, piquer leur curiosité et leur donner le goût d’ouvrir un livre.

Il faut avoir vu la contribution d’une bibliothécaire dans une école pour vraiment apprécier à quel point il s’agit d’une ressource précieuse. Des Brigitte, il nous en faut dans toutes les écoles du Québec. Qu’est-ce qu’on attend pour le réclamer à hauts cris?

mardi 31 mars 2009

Name dropping



J’ai cherché partout (partout voulant dire sur la Toile virtuelle… ce qui est déjà assez vaste merci) comment dire name dropping en français mais je n’ai pas trouvé. Le Robert & Collins explique ainsi l’expression: "truffer sa conversation de noms de gens en vue". Loin de moi l’idée de faire de l’esbrouffe ou de jeter de la poudre aux yeux, mais comme je veux revenir une dernière fois sur le Salon du livre de l’Outaouais 2009, cette chronique sera entièrement dédiée au name dropping.

Jean Paquin
J’ai cassé la croûte avec Jean Paquin, un grand amoureux des oiseaux qui a su faire vivre sa passion dans de superbes livres publiés chez Quintin. J’ai connu Jean à l’époque lointaine où nous avons étudié en journalisme à l’Université Laval. Comme disait le grand héron, « time flies »….


François Gravel
Lors d’une séance de signature plutôt calme (Géronimo Stilton nous faisait concurrence sur la scène voisine), j’ai piqué une joyeuse jasette avec François Gravel, qui m’a posé des questions indiscrètes sur mon béguin d’adolescente pour mon professeur de musique. Son intérêt était purement scientifique, m’a-t-il assuré, car il faisait de la recherche en vue de son prochain roman, un polar où il sera question d’une élève en amour avec son prof.

Nicole Balvay-Haillot et Patrice Martin
J’ai deux amis qui ont publié un roman ce printemps. Me suis fais le plaisir d’acheter leurs livres (même si en ce moment, ma pile de livres à lire effleure le plafond…) Nicole offre Fenêtre sur vie des nouvelles et récits, tandis que Patrice a pondu Le chapeau de Kafka. J’en reparlerai.

Big
Tant qu’à faire du name dropping, allons-y pour cette anecdote amusante survenue pendant une de mes séances de signature lors des journées scolaires. Trois garçons âgés d’environ dix ans, s’approchent de ma table et réclament (évidemment!) des signets. Avec autographe siouplait! Je leur demande leurs noms et un garçon me répond: Justin Bigras.
- Mais on l’appelle « Big » me précisent ses deux copains.
- Big, pour Bigras, c’est rigolo comme surnom, que je dis au garçon. Est-ce que je peux m’en servir comme prénom pour un personnage de roman?
- Ben oui, me répond Big, manifestement ravi. Je vais revenir te voir au Salon l’an prochain et acheter ton livre avec le héros qui s’appelle « Big ».
Ouille. Voilà ce qui s’appelle de la pression.

Coïtus interruptus
Je sais, je sais, ce n’est pas un nom propre et ça n’a rien à voir avec le name dropping. C’est que l’expression traduit parfaitement le type d’échange que l’on a dans un Salon du livre durant les séances de signature. On commence une conversation passionnante avec quelqu’un, qu’il faut sitôt interrompre car une autre personne vient d’arriver et on ne veut pas la faire attendre. Et ça recommence avec les suivants. Alors, mes excuses à ceux qui sont passés à mon stand et avec qui j’ai laissé une conversation en suspens, interrompue et inachevée. C’est la nature de la bête… Quel paradoxe tout de même que ces salons du livre aux antipodes de l’acte de lire… qui se conjugue en solitaire et en silence.

lundi 30 mars 2009

Rigolades et jérémiades

Ça ressemble à quoi un souper entre auteurs? Beaucoup de rigolades et de jérémiades, généreusement arrosées de vin, qui délie la langue, gomme les inhibitions et suscite encore plus de… rigolades et de jérémiades.

Ce qu’il y a de fabuleux à se retrouver entre écrivains, c’est qu’on peut se comparer, se consoler, se stimuler et se défouler. Un bon tonique après une éprouvante journée à signer trop (ou trop peu!!!) de nos livres dans un salon où des centaines d’auteurs et des centaines de milliers de livres se font concurrence.

Samedi soir sur la promenade du Portage (à deux sauts du Salon du livre) la bouffe indienne était plutôt quelconque et le vin blanc tirait vers la piquette, mais j’ai ri tout mon saoul en compagnie de la séduisante
Katia Canciani , de la pétillante Mireille Messier ,de l’inénarrable
Paul Roux et du trop modeste Denis Rodier accompagné de sa conjointe, la charmante Claudine, seule convive qui a su garder sa voix à un niveau raisonnable de décibels. Si je dis modeste, c'est que Denis (aussi connu comme le dieu des Laurentides) était Invité d'honneur BD du Salon du livre cette année, mais qu'il n'a pas plastronné une miette durant toute la soirée.

On a beaucoup parlé gestion. Gestion de l’égo (souvent malmené dans la jungle de l’édition), gestion des lettres de refus (celle des maisons d’édition), gestion de la procrastination (dur dur d’écrire…) gestion des prix littéraires (toujours injuste, surtout quand on ne gagne pas…), gestion de l’Internet (échappatoire par excellence pour l’écrivain atteint du syndrome de la page blanche), gestion du frigo (dangereux péril pour le travailleur autonome…)

On n’a pas trop parlé création… peut-être parce que le sujet est complexe, intime et douloureux aussi parfois. J’ai toutefois compris, à travers ce qui a été dit et ce qui n’a pas été dit, que nous combattons tous le même dragon: le Doute. Et c’est pourquoi ce souper jovial m’a fait l’effet à la fois d’un fortifiant et d’un réveillon.