Krystel Guay, l'auteure |
Deux classes de 6e année de l'école Charles-Rodrigue de Lévis ont écrit une suite à La plus grosse poutine du monde. Les deux enseignants, Élise Litalien et Jonathan Plante, ont ensuite organisé un débat enlevant, où les élèves ont discuté afin de choisir le meilleur texte.
Le texte sélectionné par la classe de Jonathan Plante est celui de Krystel Guay.
La rencontre
(suite du roman "La plus grosse poutine du monde")
par Krystel Guay
Pour m’aider dans ce projet, j’appelle Élie. Elle arrive instantanément après mon appel. Je lui raconte toute l’histoire, du début à la fin. Elle n’en revient pas. Tous ces mystères, c’est super intrigant! Mon amie me dit que je pourrais y aller en autobus et qu’elle pourrait même venir avec moi vu que ma mère habite en plein centre-ville et qu’on peut s’y perdre facilement si on est seul. Je suis tellement content! Élie a vraiment de bonnes idées. Elle me propose même de m’aider à payer le transport si je n’ai pas assez d’argent. C’est parfait! Nous partirons à la première heure, demain.
Le lendemain matin, après une nuit pleine de questions et de mystères, je décide d’aller à l’atelier de papa pour lui parler de ma mère. En descendant les marches qui mènent au sous-sol, j’ai peur de voir sa réaction. Après un long moment de doutes, j’ai enfin le courage de traverser la porte. Je le vois, en train de clouer deux planches de bois pour terminer son voilier. Je dis à papa de s’asseoir sur une chaise car j’ai besoin de discuter. Quand il est prêt à m’écouter, je lui pose plusieurs questions par rapport à ma maman. Je finis par lui demander s’il peut aller me porter chez elle, à Montréal. Les larmes aux yeux, il me répond qu’il ne pourra pas. Papa ne veut pas y aller car il n’est pas encore prêt à la revoir. Je trouve ça dommage car je ne sais pas comment je vais m’y rendre, mais je le comprends, il ne veut juste pas se rappeler de mauvais souvenirs en la revoyant. Rapidement, j’essaie de trouver une idée car je ne sais maintenant plus comment me rendre chez ma mère. Il faut que je me dépêche car je veux la rencontrer au plus vite. Je suis tanné de me poser plein de questions sur ma maman. Je veux la revoir!
À l’aube, nous nous dirigeons vers la gare d’autobus qui se situe à trois coins de rue de chez moi. Nous marchons et discutons de l’école et de nos amis. Au fur et à mesure que je lui parle, je me rends compte qu’Élie est très gentille. Je crois que je commence à avoir des sentiments pour elle. Nous voyons l’autobus au loin et nous nous dépêchons pour y entrer. Nous nous asseyons dans le dernier banc du fond. Durant tout le trajet, nous rions et avons beaucoup de plaisir. Par chance qu’elle soit venue, cela m’a permis d’avoir moins d’inquiétudes au sujet de ma mère.
Rendu devant son appartement, je trouve que c’est un lieu très défavorisé. Il fait noir et il y a des graffitis partout. J’ai tout à coup envie de faire demi-tour et de rentrer chez moi. Au moment où je change de direction, mon amie me prend par les épaules en me disant que tout se passera bien. Rassuré par le réconfort d’Élie, je décide d’aller cogner à la porte de l’appartement un peu craintif de ce qui m’attend.
Je cogne mais personne ne répond. Élie vient me rejoindre en soupirant. Elle cogne tellement fort que ça résonne dans mes oreilles. Plein de questions se bousculent dans ma tête. Que va-t-il arriver? Tout à coup, la porte s’ouvre et j’aperçois une jolie dame aux yeux bleus. Elle nous invite à entrer. Mon amie se présente en lui disant qu’elle s’appelle Élie et qu’elle a 14 ans. J’essaie de le faire à mon tour mais aucun son ne veut sortir de ma bouche. Élie prend donc la parole et dit que je me nomme Thomas Gagné. Après ces aveux, cette dame reste figée et ne dit plus rien. Elle fait juste me regarder d’un air intrigué. Cette minute est pour moi la plus longue de toute ma vie. Soudain, en bégayant, je lui dis : Toi, ma, ma ma…man ? Elle avance vers moi et me sert très fort dans ses bras. J’ai enfin retrouvé ma mère. J’en suis très heureux! Nous essuyons nos larmes et ma maman nous fait visiter les lieux.
En me promenant dans le salon, j’aperçois une douzaine de bouteilles de vin vides, sur la table. Me surprenant à regarder celles-ci, elle avoue ses torts et me dit que pour moi, elle partira en thérapie pour régler son problème d’alcoolisme et que dans trois mois, nous nous reverrons. Nous nous organiserons pour nous voir régulièrement car elle m’aime et ne veut pas me perdre de vue une deuxième fois.
Comme prévu, trois mois plus tard, je vais passer la fin de semaine chez ma mère. Bien que mes parents ne soient pas revenus ensemble, je suis vraiment content que mes problèmes soient résolus et que je puisse enfin revoir ma maman. Merci la vie!