Découvrez les joies d'artiste et les défis créateurs de Véronique Joffre, illustratrice de N’aie pas peur, « notre » album
publié tout récemment par Comme des géants.
Véronique Joffre |
Peux-tu décrire la technique que tu as utilisée pour
« N’aie pas peur »?
Pour cet album, j'ai utilisé la technique que
j'utilise principalement, le découpage. Tous les éléments sont réalisés en
papiers découpés et collés séparément sur des grandes feuilles de papier (un
peu à la façon d'une planche d'herbier). Ensuite, je scanne tous ces éléments
et compose mon image sur l'ordinateur.
Quel est ton processus de création?
Pour la fabrication d'un album, je procède
généralement par étape : d'abord la phase de documentation (quand il s'agit
d'une histoire qui se passe dans un pays précis, comme c'était le cas ici) où
je collecte des photos de paysages, d'ambiances, de détails, d'animaux, pour
m'inspirer et avoir une idée du "look" général que je veux donner au
livre.
C'est là aussi qu'il faut commencer à penser aux
personnages, je fais alors une série de recherches avec différentes
possibilités (différents habits, couleurs, tailles, etc.) ici pour la maman,
l'enfant et les ours, sur lesquelles on discute et décide du choix avec
l'éditeur.
Ensuite vient la phase des crayonnés qui consiste à
réaliser le "brouillon" de toutes les illustrations du livre en
petites images rapides, en général en noir et blanc. Cette étape est vraiment
indispensable, elle permet d'avoir un premier aperçu du livre dans son
ensemble, de décider de la composition des images, du rythme, de savoir où l'on
va, et surtout, de se mettre d'accord et avancer main dans la main avec l'éditeur
pour obtenir un "chemin de fer" solide et bien pensé. Enfin, vient la réalisation des illustrations
elles-mêmes. Je découpe dans mes papiers, je joue avec les formes, les
couleurs, je dessine avec les ciseaux !
Quels ont été tes défis pour illustrer cet album?
L'un des défis de cet album était qu'il est quasiment
muet, sans texte, il fallait alors réaliser des illustrations suffisamment
détaillées et explicites pour que le lecteur puisse suivre l'histoire sans se
perdre. C'est la première fois que j'illustrais un tel album, c'est-ce qui m'a
plu aussi, car l'importance des illustrations était grande !
Le plus difficile à illustrer a peut-être été le
pickup quand il est vu de trois quarts ! Certaines poses de la maman aussi, qui
devaient être bien lisibles pour comprendre ses actions.
Le plus facile, sans doute toute la végétation, les
arbres, les plantes, je me suis régalée !
Comment tu procèdes pour le choix des
couleurs?
L'agencement des couleurs est la chose qui me plait le
plus, les couleurs me guident, m'inspirent, j'envisage leurs associations comme
un jeu, un plaisir, elles sont à la base de ma création, mon matériau brut
duquel tout le reste découle.
L'album en chantier... |
Les deux scènes de nuit, dans l’album : comment
as-tu réussi à créer cette atmosphère de paix, de tranquillité, de douceur?
J'ai toujours aimé illustrer les moments de tendresse,
sûrement parce que je les aime dans la vie! Ces deux scènes finales sont
importantes dans l'histoire, tout est apaisé, les deux mamans sont avec leur
petit, le calme et la douceur de la nuit après toutes ces émotions, je voulais
que l'enfant lecteur ressente ça aussi, cette sérénité et que tout soit rentré
dans l'ordre, être rassuré, avant d'aller se coucher.
Comment est venue l’idée de rajouter un hibou dans
l’une des dernières pages?
J'aime les hiboux ! L'idée m'est simplement venue du
fait qu'il est l'oiseau nocturne le plus emblématique, et que les enfants
l'aiment bien, et puis j'aimais bien l'idée qu'il soit le dernier petit clin
d'œil avant la fin du livre.
L'illustration préférée de l'illustratrice! |
Quelle est ton illustration préférée dans « N’aie
pas peur »?
Je pense que c'est la double page sans paroles où l'on
voit le petit garçon manger son sandwich après la baignade. J'avais envie de
montrer leur campement, avec toutes leurs affaires, que tous ces détails nous
en disent en peu plus sur les personnages, et que l'enfant lecteur se crée des
petites histoires simplement en regardant, en interprétant tous ces objets.
J'avais aussi en tête d'essayer de faire une scène intérieure d'extérieur !
Enfin, j'ai pensé cette illustration comme le moment où le lecteur allait
s'identifier au petit garçon, c'est la seule image où il nous regarde dans les
yeux, où il y a "contact", la maman est affairée, en arrière-plan,
l'enfant lecteur est comme invité à incarner le personnage.
As-tu d’autres projets d’albums en cours?
Je travaille en ce moment à mon premier album en tant
qu'auteure illustratrice !