Mon année 2013 s’est terminée sur une
nouvelle-velours. Une
nouvelle-vivifiante.
Hé oui, une critique spécialisée en
littérature jeunesse, l’incontournable Sophielit a sélectionné mon roman, La plus grosse poutine du monde, comme
l’un de ses livres préférés pour 2013.
Un honneur d’autant plus grand que Sophie a publié pas moins de 219
critiques dans son année!
J’empoigne ce compliment à deux mains et m’empresse
de l’incruster dans un petit recoin reculé de mon esprit (pour mieux y revenir
les jours de Grands Doutes). Et j’en profite pour lancer des fleurs à mon tour.
Ce roman qui a récolté cinq étoiles de Sophielit, ce roman qui parle de poutine et de record Guinness, de menottes et
de youyou, ce roman ne serait pas ce qu’il est si je n’avais pas eu une directrice
littéraire du tonnerre.
Je l’ai souvent dit sur ce blogue, un livre
ne se fait pas tout seul. La directrice
littéraire a une influence parfois importante, parfois énorme. Je parle ici au
féminin, car en littérature jeunesse, les postes de direction littéraire sont
majoritairement occupés par des femmes.
À la fois conseillère, critique et coach, mentor
et funambule, la directrice littéraire est l’éminence grise du travail
d’édition sur un livre. Importante, incontournable, mais invisible aux yeux du
grand public. Elle travaille dans
l’ombre, mais par son appui subtil, ses conseils judicieux, sa maîtrise de la
langue, sa culture, sa sensibilité littéraire, sa connaissance du marché, elle
peut contribuer à transformer un manuscrit ordinaire en roman extraordinaire.
Pour La plus grosse poutine du monde, j’ai eu le privilège (et le bonheur!) de travailler avec une directrice qui avait
toutes ces qualités, et en abondance. En
plus, ma dirlit connait et comprend parfaitement les angoisses de l’auteure,
étant elle-même une auteure reconnue avec moult publications à son actif.
C’était la première fois que je travaillais
sous la gouverne de Carole Tremblay et quand j’ai terminé mon manuscrit (après
des mois de réécriture…) je me suis dit : ouf!!! Et du même coup, un regret, une petite
consternation : ah non! je ne recevrai plus de courriels de Carole!
Car en plus d’être rigoureuse, pertinente
et souple, ma dirlit était DRÔLE! J’ai
gardé tous ses courriels désopilants, bourrés de jeux de mots et d’ironie.
À l’origine, La plus grosse poutine du monde
devait être un roman comique. Je l’avais
annoncé (et j’étais de bonne foi!) comme une histoire où il y aurait de l’humour
à chaque tournant. Mais je suis aussi drôle qu’une pleureuse professionnelle
dans une tragédie grecque. L’intrigue s’est donc mise à drôlement pencher
(comme une tour de Pise) vers le drame. L’histoire aurait même pu sombrer dans le
mélodrame, si ce n’avait été des conseils judicieux de ma directrice littéraire,
conseils qu’elle a prodigués avec un doigté délicat, un tact impeccable.
Certains auteurs n’aiment pas une direction
littéraire trop interventionniste, trop encadrante ou trop présente. Pas moi. Éternelle inquiète, toujours
assaillie par le doute, j’ai un appétit insatiable pour les commentaires et les
révisions. Amenez-en des suggestions, à pleines pelles, à plein char, j’en veux,
j’en veux, j’en veux.
À mes yeux, un manuscrit n’est jamais
terminé et si on me le permettait, j’irais jusqu’à l’imprimerie faire encore
quelques ultimes corrections/modifications/améliorations. Même si « La plus grosse poutine du
monde » était mon trentième livre, je voulais encore changer un tas de
choses à minuit moins une. Devant mon pinaillage et mon chipotage, ma
directrice littéraire a gardé un calme olympien. J’ai une profonde admiration pour la patience
de Carole, car même après plusieurs relectures complètes de mon manuscrit, des relectures
minutieusement et longuement commentées, elle est restée à l’écoute, toujours prête
à rediscuter des motifs de tel personnage ou de la pertinence de telle
péripétie ou de tel autre détail mineur qui me semblait d’une importance
majeure... Il faut beaucoup d’humilité et de générosité
pour mettre ainsi son talent et son énergie créatrice au service du livre d’un
autre et pour cela, je ne pourrai jamais assez remercier ma directrice
littéraire.
Au cours de la dernière année, j’ai entendu
des auteurs dire qu’ils avaient eu peu de direction littéraire, ou pire encore,
que leur manuscrit était passé directement de l’acceptation à la révision, sans
aucune direction littéraire. J’espère ardemment
qu’il s’agissait là d’épisodes isolés et non pas d’un courant dans le monde de
l’édition. Aussi sûrement qu’un tournesol a besoin de soleil, un auteur a
besoin d’un directeur littéraire.
Chers éditeurs, surtout ne coupez pas dans la
direction littéraire! Valorisez le travail du directeur littéraire, ne lézinez
pas sur son salaire, car si son boulot est invisible (et parfois ingrat) il n’en
reste pas moins essentiel et incontournable. Chers éditeurs, si vous avez la
chance d’avoir une directrice littéraire passionnée, rigoureuse, pas
complaisante, chevronnée et diplomate, de grâce, dorlotez-là, apportez-lui des
roses et du chocolat, faites-lui le baisemain tous les matins! Les directrices
littéraires font une différence ÉNORME dans la qualité d’un livre.
Dans les mots de l’éditeur américain, ArthurPlotnik : « Vous (les auteurs) écrivez pour communiquer aux cœurs
et aux esprits des autres ce qui brûle à l’intérieur de vous. Nous (les
directeurs littéraires) éditons vos manuscrits pour mieux montrer le feu à
travers la fumée. »
Mille mercis à toi, Carole Tremblay, qui
m’a si adroitement et si plaisamment guidée pour que je puisse mieux montrer mon
feu.