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Je peux faire des animations devant des groupes de 100 enfants sans la moindre palpitation.
Je peux faire une chronique littéraire à la radio sans trop bafouiller.
Je peux poser des questions très directes et parfois indiscrètes (on me l’a souvent reproché), sans faiblir ni rougir.
Je peux placoter longuement avec de parfaits étrangers.
Mais je suis timide.
À ma façon.
Il y a cette femme. Que j’observe depuis plusieurs mois. Je la côtoie à intervalles espacés pour des raisons professionnelles. Mais mon intuition et mes observations me disent qu’on s’entendrait bien.
Elle aime lire. Elle sait écouter. Elle semble douce et forte en même temps. Elle est d’un naturel calme. Elle a du vécu et des opinions. Elle aime marcher.
Je suis rendue à un âge où on n’a plus beaucoup de temps à perdre dans des amitiés languissantes ou insipides.
Le problème, c’est que je suis timide.
Comment, à mon âge, signifier l’intérêt pour une nouvelle amitié?
Je ne peux pas lui dire : "Viens-tu jouer à la Barbie avec moi?"
Encore moins lui proposer de clavarder sur Facebook…
À la timidité se rajoute l’orgueil.
Et si cette femme, que je trouve intéressante, ne me trouvait pas intéressante?
N’avait pas envie d’aller prendre un café ou de faire une randonnée avec moi?
Je redoute l’amère morsure du rejet…
Comment se faire une nouvelle amie, au mi-temps de la vie, quand on est trop vieille pour le bac à sable?