jeudi 3 mars 2011

« Un massacre magnifique »: du roman historique haut de gamme


Camille Bouchard est un ami. Mais ce n’est pas parce que c’est un ami que je parle de son livre. C’est parce que son roman m’a époustouflée. Époustouflée dans le même sens que jetée à terre. Étonnée. Ébahie. Épatée. J’en ai parlé récemment aux Divines Tentations, de Radio-Canada.

Après avoir terminé Un massacre magnifique, aucune autre lecture ne me faisait envie. Et le héros de ce bouquin, Côme Mulot, squattait dans ma tête. J’aurais voulu savoir ce qu’il est devenu, ce jeune homme, après le roman…

Quand un personnage nous reste en tête de cette façon, quand on n’a pas envie de lire un autre livre parce qu’on veut rester encore un peu plus longtemps dans l’univers de l’auteur, on sait qu’on a lu un très bon livre. On sait qu’on a lu un livre qu’on n’oubliera pas et qu’on voudra faire lire à ses amis, à ses voisins, ses cousins, etc.

Roman historique situé entre 1562 et 1565, Un massacre magnifique décrit les trois tentatives de colonisation de la Floride par les Français. Dans cette histoire vraie, les personnages réels côtoient les personnages fictifs. Présentant à la fois l’histoire avec le grand H et beaucoup d’histoires avec le petit H, ce bouquin est bourré d’aventures diverses: désastres en mer, naufrages, massacres, etc.

Dans cette vaste fresque colorée, Camille Bouchard offre une description fascinante de l’époque, des coutumes et des costumes. Avec des tonnes de détails en prime. Si bien qu’on a l’impression d’y être. Pour atteindre un tel niveau de détail, Camille a dû passer des centaines d’heures dans les archives à se documenter.

Au cœur de l’histoire se trouve Côme Mulot, un jeune homme qui est d’abord matelot, puis assistant du peintre imagier de la colonie. Respectueux des autochtones, Côme déteste la façon dont ses compatriotes exploitent et méprisent les « naturels ». Côme s’attache à un jeune Floridien, Myanna, ce qui nous donne droit à une superbe histoire d’amour, décrite avec une grande intensité et une sublime délicatesse.

La grande originalité de ce roman : la langue. Camille Bouchard a fait le pari audacieux d’écrire à la façon de l’ancien français, avec des temps de verbe, du vocabulaire et des expressions de l’époque. Au début, on est un peu déstabilisé, mais les images sont d’une telle fraîcheur, d’une telle originalité, qu’on ne peut qu’être séduit.

Les 60 premières pages du roman exige un certain effort du lecteur, car en plus du style inhabituel, l’auteur campe le contexte historique et présente tous les personnages. Mais attention, une fois accroché, on ne veut plus DÉCROCHER. Au risque d’y passer une nuit blanche…

C’est qu’il a tout un don, ce Camille Bouchard, pour donner du rythme à son récit: chutes des chapitres punchées, intrigue corsée, alternance d’humour et de drame. Rajoutez à cela des personnages forts, ainsi que de l’émotion en belle quantité et vous avez là une épopée palpitante. Ce roman historique haut de gamme devrait faire partie des livres incontournables de l’année.

Un massacre magnifique, Camille Bouchard, Hurtubise HMH, 464 pages.

mardi 1 mars 2011

Du plaisir d’une couverture à l’autre!


Ce fut un fabuleux, un formidable, un fantastique Salon du livre. Tant par la quantité que la qualité. Plus d’auteurs, plus de visiteurs, plus d’animations, plus d’action. Il y a eu du plaisir d’une couverture à l’autre!

J’en ressors enchantée, charmée, comblée, mais euh… essoufflée. Les piles à plat. Autant ça fait plaisir de rencontrer des lecteurs, autant ça fait plaisir de se retrouver dans le silence de son bureau, devant le calme plat de son écran.

Anecdotes du Salon:

Erreur sur l’identité

Une adolescente arrive à mon stand en courant, surexcitée et me demande d’une voix exaltée: «Êtes-vous Dominique Demers?» Il a bien fallu que je la déçoive...

Oui, c’est bien moi…
Une maman s’amène à mon stand, me fait dédicacer trois signets pour sa fille, puis me demande, comme en arrière-pensée : Êtes-vous Andrée Poulin?

Des bénéfices d’être zen
Conversation impromptue avec une auteure que j’admire. Je lui parle de mes inquiétudes au sujet du livre électronique, des ventes en librairie qui baissent, des changements chez notre éditeur commun, etc. Et cette auteure de me répondre qu’elle reste un peu détachée de tous ces bouleversements du milieu de l’édition en concentrant sur l’écriture. En quelques mots, j'avais une leçon éclair sur les bénéfices d’être zen. Tu veux être auteure? Concentre donc ton attention et tes énergies sur écrire des histoires.

Des joies de la relecture
Une petite fille (environ 10 ans) se présente au stand de Québec Amérique, avec une copie de Où sont passés les zippopos, qu’elle vient d’acheter. Elle m’annonce, très fière :
- Je l’ai lu trois fois.
- T’aurais pas envie d’en acheter un autre? que je lui suggère, pensant bien faire
- Non, c’est celui-là que je veux », répond-t-elle, sans une seconde d’hésitation.
Elle a bien raison. On trouve de grandes joies dans la relecture d’un livre qu’on a aimé.