jeudi 8 avril 2010
Des livres, des livres, des livres, des livres, des livres, des livres, des livres...
Y’aura des auteurs, des vedettes, des inconnus, des séances de signature, du placotage, des lecteurs, des achats, des coups de cœur, des oh! et des ah!, des j'irai-l'acheter-en-librairie et bien sûr, y'aura des livres, des livres, des livres, des livres, des livres, des livres, des livres…
Je file ce matin vers Québec. Si vous êtes dans les parages, venez me faire un coucou à la dernière grande fête du livre du printemps.
Vendredi 9 avril
- 9h30 à 10h30: éditions Imagine
- 13h30 à 14h30 : éditions Québec Amérique
- 14h30 à 15h30 : éditions Isatis
- 15h30 à 16h30 : éditions Bayard
Samedi 10 avril
-9h à 10h : éditions Imagine
-10h à 11h : éditions Québec Amérique
-11h à midi: éditions Imagine
-13 à 14h : éditions Isatis
-14h à 15h30 : éditions Bayard
mercredi 7 avril 2010
«L’univers tourne autour d’une paire de fesses»
La face cachée des fesses,Caroline Pochon et Allan Rothschild, Arte editions, 260 p.
Vous cherchez un livre à mettre sur votre table à café, au salon, pour mousser la conversation chez vos invités? Ne cherchez plus. Achetez plutôt La face cachée des fesses. Car comme l’a dit si éloquemment Jean-Paul Sartre : « La patrie, l’honneur, la liberté, il n’y a rien : l’univers tourne autour d’une paire de fesses, c’est tout. »
Ce beau livre d’art et de luxe, dont j’ai parlé ce samedi, dans ma chronique aux Divines Tentations, est divisé en trois sections : les fesses dans l’histoire, les fesses au Musée et les fesses dans la société d’aujourd’hui.
On y apprend que Michel-Ange a donné «à la fesse masculine son maximum d’intensité sexuelle et philosophique. Avec lui, la fesse accède à une sorte de dignité.»
Intensité philosophique du postérieur? Dignité du popotin? Hum… Va falloir que j’y réfléchisse à celle-là…
Photos superbes, impeccable reproduction de tableaux et de publicités d’époque, mise en page artistique, ce bel ouvrage parle des fesses avec intelligence et élégance.
Un jour, même les pierres parleront, Kim Echlin, Québec Amérique. 256 pages.
Si on voulait résumer ce roman en une capsule, on dirait qu’il raconte une histoire d’amour avec un grand H et l’histoire avec un petit h. L’histoire d’amour intense et fusionnelle entre une jeune Québécoise et un étudiant cambodgien en exil. L’histoire du Cambodge, du génocide des années 70 au régime de Pol Pot jusqu’à la longue marche vers la démocratie des années 90.
Ce troisième roman de l’auteure torontoise Kim Echlin lui a valu en 2009 une nomination au prestigieux prix littéraire Giller. Elle réussit le tour de force d’équilibrer l’histoire d’amour et la description des atrocités commises par le régime des Khmers Rouges. Avec une finale coup de poing, dramatique à souhait mais tout à fait plausible.
Dense, souvent lyrique, Un jour, même les pierres parleront démontre, autant par l’intrigue que par le style narratif, comment la beauté peut côtoyer l’horreur.
lundi 5 avril 2010
Haïti n’est pas un pays maudit
Tout bouge autour de moi, Dany Laferrière. Mémoire d’encrier. 160 pages
Dany Laferrière était en Haïti lorsqu’il y a eu le tremblement de terre, le 12 janvier 2010. Deux mois après, il publie ce récit, écrit dans l’urgence, dans la frénésie même.
Certains lui ont reproché d’avoir quitté si vite Haïti, voyant là une forme d’égocentrisme. D’autres lui ont reproché de publier aussi vite un livre sur le tremblement de terre, voyant là une forme d’opportunisme. On ne saura jamais vraiment la motivation réelle et profonde de l’auteur de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Regardons alors le résultat: Tout bouge autour de moi.
Et le résultat, vu le contexte, vu l’émotivité et la complexité du sujet est plutôt bien, n’en déplaisent aux détracteurs de l’auteur... J’en ai parlé ce samedi, dans ma chronique aux Divines Tentations.
Car il a du talent le père Laferrière. Et il a le réflexe d’écrivain, jusqu’au fond des trippes. Car même après frôlé la mort d’un poil, il sort aussitôt son calepin et se met à noter ce qu’il voit autour de lui. Il explique clairement pourquoi dans son bouquin: «Je compte me dépenser jusqu'à épuisement. C'était la condition de mon départ d'Haïti.» Il a le désir d’agir, d’aider à sa façon et pour lui, la meilleure façon, c’est en prenant la plume.
Donc, après le tremblement de terre, Dany Laferrière se promène avec son carnet et note ses observations: l’après secousse, les cris, les larmes, les gens qui chantent dans la rue, les cadavres, la recherche des survivants, l’attente de l'aide internationale, la faim, la soif, etc. Il raconte aussi son sentiment d’euphorie d’être encore en vie, le simple plaisir de manger du pain et de caler un verre de rhum.
Dans ce livre sobre, aucunement sensationnaliste, on retrouve vite la touche Laferrière: des textes courts coiffés de titres accrocheurs, des portraits, des impressions, le tout dans un style hautement poétique.
Vers la fin, Dany Laferrière délaisse la description pour aller vers des textes d’opinion, osant même tremper l’orteil dans la déclaration polémique. Comme celle-ci, où il rejette avec véhémence l’étiquette que certains ont tenté de donner à Haïti : pays maudit. Il écrit :
« Qu’a fait de mal ce pays pour mériter d’être maudit? Je connais un pays qui a provoqué deux guerres mondiales en un siècle et proposé une solution finale et on ne dit pas qu’il est maudit. Je connais un pays insensible à la détresse humaine, qui n’arrête pas d’affamer la planète depuis ses puissants centres financiers et on ne le dit pas maudit. Au contraire, on le présente comme un peuple béni des dieux. Alors pourquoi Haïti serait-il maudit? Je sais que certains l’emploient de bonne foi, ne trouvant d’autres termes pour qualifier cette cascade de malheurs qui s’acharnent sur un peuple démuni. Je dis ici fermement que ce n’est pas le bon mot, surtout quand on peut constater l’énergie et la dignité que ce peuple vient de déployer devant l’une des plus difficiles épreuves de notre temps. »
Par ailleurs, l’auteur de L’énigme du retour pose une question fascinante: pourquoi cet intérêt si vif, chez tant de gens, à l’égard d’Haïti et du peuple haïtien? « Leur aventure est nôtre. Est-ce pourquoi on la suit si attentivement? Pour savoir à quel moment l’homme commence à plier sous le poids des malheurs? Cette question nous intéresse – elle est profondément humaine. »
Les profits tirés de la vente de ce récit contribueront à financer la publication des textes de jeunes auteurs haïtiens chez Mémoire d'encrier.
S'abonner à :
Messages (Atom)