samedi 2 février 2013

Finaliste au prix littéraire Le Droit





Mon documentaire sur l’Ontario français est finaliste pour le prix littéraire Le Droit.  Le gagnant sera dévoilé le 28 février prochain, lors de la soirée d’ouverture du Salon du livre de l’Outaouais




mercredi 30 janvier 2013

La Muse s’invite-t-elle plus souvent chez les hurluberlus qui écrivent pieds nus?




Dix raisons pourquoi vous devriez regarder ce petit film :
1-      Pour savoir ce qui vient en premier : les mots ou les images?
2-      Pour comprendre à quel point créer des albums est un grand ART.
3-      Pour voir un créateur pratiquer habilement l’art délicat de l’autodérision.
4-      Pour zyeuter le fascinant désordre d’un studio d’artiste.
5-      Pour trouver de nouvelles idées sur comment vous procurer un sandwich.
6-      Pour espionner le processus créateur d’un auteur/illustrateur.
7-      Pour se poser cette question essentielle : la Muse s’invite-t-elle plus souvent chez les hurluberlus qui écrivent pieds nus?
8-      Pour constater qu’on peut faire de l’autopromotion tout en étant drôle.
9-      Pour voir comment l’inspiration peut surgir dans une buanderie.
10-  Pour découvrir un artiste fabuleusement doué, joyeusement excentrique et baroque sur les bords.

dimanche 27 janvier 2013

À Auschwitz, douze femmes courageuses ont « joué à être normales »




 « La nuit de janvier, une nuit précoce et féroce, grignotait déjà la lumière. L’oreiller de neige, percé et secoué depuis le matin sur la ville, semblait vidé. Seules quelques plumes voltigeaient encore.  Il songea à la neige d’Auschwitz. »  (Artefact, page 42)

 Il y a 78 ans, jour pour jour, le camp d’Auschwitz était libéré.  C’était le 27 janvier 1945.  En cette Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, on honore le souvenir des millions de Juifs tués par les Nazis.

Auschwitz est au cœur du roman de Carl Leblanc, qui en parle de façon à la fois poignante et lumineuse dans  Artéfact.  Ce roman raconte les horreurs de ce sinistrement célèbre camp de concentration,  mais raconte aussi la résilience des humains, l’incroyable force de l’instinct de survie.  Superbe paradoxe : ce livre qui parle de la mort (la mort dans ce qu’elle a de plus horrible et de plus injuste)  offre en même temps une superbe leçon de vie.

J’en ai parlé récemment aux DivinesTentations de Radio-Canada.     

   

Le livre nous transporte en 1944, donc proche (si proche…) de la fin de la guerre.  Quelques femmes qui travaillent à l'usine de munitions d’Auschwitz, décident de confectionner une carte de fête pour leur amie Klara, qui va avoir 20 ans.   Rien de plus banal qu’une carte de fête, direz-vous. Pas à Auschwitz.  Dans ce camp de la mort, fabriquer une carte est extrêmement dangereux. Les prisonnières doivent voler du papier, des crayons et du temps.  Si elles se font prendre par les gardes SS, elles risquent d’être fusillées ou pendues.

Cette simple carte de fête devient donc un acte de rébellion et de courage. Alors pourquoi?  Pourquoi risquer sa vie pour fabriquer une carte de fête?  Parce que, pour un bref instant, ces femmes qui côtoyaient quotidiennement la mort, voulaient se sentir en vie.  « Elles ont joué à être normales. »

Les douze femmes risquent donc leur vie en signant cette carte de fête. Quelques décennies plus tard,  un journaliste tombe sur cette carte et part à la recherche de ces douze femmes. Combien d’entre elles ont survécu à Auschwitz?  Et Klara, jeune juive qui a eu 20 ans en 1944, a-t-elle été engloutie par la Shoah?

Chaque chapitre de ce roman coup de poing est une histoire en soi. Certaines sont déchirantes, d’autres pleines d’espoir.  Conteur émérite, Carl Leblanc réussit, en quelques pages, à nous faire entrer dans la vie de ces femmes. À nous faire vibrer avec elles. 

On sent chez l’auteur un immense respect pour ce sujet si grave et si complexe, qu’il rend avec une grande sobriété, une sublime élégance.  En plus de satisfaire notre besoin d’histoire (avec petit H et grand H),  Artefact nous rappelle, avec une louable éloquence, l’importance du devoir de mémoire.

« Pour comprendre Auschwitz, il fallait de l’imagination. Comme il en fallait pour se sentir proche d’un Arménien qui s’enfuit de la Turquie en 1916, d’un Noir du Mississipi qui implore en 1955 ou d’un Juif qui se dénude en 1943. Il fallait cette imagination du cœur qui vous rend perméable aux destins humains à travers les âges; cette imagination qui fait de vous un membre de l’espèce humaine dans le continuum, réactif et compatissant. »  (Artefact, page 37)

Carl Leblanc a réalisé un documentaire Le cœur d'Auschwitz, au sujet de cette mystérieuse carte de souhaits en forme de cœur, fabriquée dans un camp de la mort.   Cette carte de fête est exposée au Centre commémoratif de l'Holocauste à Montréal.  


Artefact, Carl Leblanc, Éditions XYZ, 160 pages