vendredi 1 avril 2011

Un auteur ne devrait jamais demander : as-tu lu mon livre?


Au début, quand j’ai publié mes premiers livres, j’en donnais allègrement. À ma famille, à mes amis, même à des collègues. Et j’attendais impatiemment. Anxieusement. J’attendais leurs réactions. Leurs commentaires. Leurs louanges ou leurs tomates.

Près d’une décennie plus tard et près de 25 livres plus tard, je ne donne plus mes livres. J’ai trop souvent attendu des réactions qui ne sont jamais venues. J’ai trop souvent été déçue par le silence.

Maintenant, si ma famille ou des amis expriment un intérêt à l’égard de mes livres, il me fait plaisir de leur en offrir un. Mais j’attends qu’ils me demandent. Et désormais, quand j’offre un de mes bouquins, je n’attends plus les commentaires.

Est-ce une forme de politesse ou d’abdication? Je ne sais pas.
Tout ce que je sais, c’est que j’ai évité beaucoup de déception, de dépit et de désabusement depuis que je me suis donné la règle suivante : ne jamais demander à quelqu’un « As-tu lu mon livre? »

Ce qui ne veut pas dire que le silence ou le manque d’intérêt ne me pincent plus le cœur. Ça veut seulement dire que je n’attends plus.

jeudi 31 mars 2011

mardi 29 mars 2011

Vite, vite, l’action, au diable les descriptions…


Ils ont été étaient très respectueux (et passablement courageux…) ces élèves de 6e année de Val-des-Monts. Quand je me suis pointée dans leur classe pour faire une animation, ils m’ont expliqué ce qu’ils avaient aimé et pas aimé dans quatre de mes romans. Poliment, diplomatiquement même, ils m’ont déclaré qu’ils avaient trouvé La Disparition du bébé chocolat, trop lent.

Si j’ai bien compris leur message, c’était vite vite l’action, au diable les descriptions…

Après cette rencontre, de retour à l’écriture de mon roman en cours, j’étais très consciente du rythme de mon récit. J’ai fais pirouettes et contorsions pour commencer l’histoire sur un haut moment d’action. J’ai cherché la façon la plus « active » de présenter les personnages pour donner envie au lecteur de grimper illico dans le livre.

Tout en faisant ça, je me disais in petto, c’est plate d’être obligée de sauter si vite dans l’action, de ne pas se permettre de bien décrire, de digresser, de se donner le luxe de la lenteur et des détours. Parce qu’on a peur de perdre l’attention du lecteur, on s’impose un rythme plus commercial, moins «littéraire».

Cette semaine, dans le Globe and Mail, un auteur américain qui a publié plus de 15 romans policiers, déplorait que le rythme se soit autant accéléré dans le monde des polars. Est-ce une exigence des éditeurs ou des lecteurs? Difficile de savoir. Et Don Winslow de dire « : Je crois qu’on sous-estime les lecteurs. On sous-estime leur patience et leur désir d’apprendre des choses ou de passer du temps avec des personnages, même quand l’accent n’est pas mis uniquement sur l’intrigue. »

Après ma rencontre avec les élèves de Val-des-Monts, j’ai relu la page 86 de La Disparition du bébé chocolat. J’ai eu beau lire et relire, je n’ai pas trouvé ce qui leur faisait dire que l’action commençait à cette page.

dimanche 27 mars 2011

Voir les défauts de son livre et être content malgré tout



« La capacité de lancer un livre ordinaire aux côtés de chef-d’œuvre – qui sont tout de même rares – dépend de la dose d’humilité qui vous habite, autrement dit de votre façon de brider le narcissime. Une fois qu’on a vraiment, mais vraiment tout donné, il faut fermer les yeux sur les défauts de fabrication et être content.»

Rachel Leclerc, dans La patience des fantômes.

J’ai parlé récemment ici, de cet envoûtant roman.