O.k les copains, regardez bien cette espadrille car aujourd'hui, ce soulier de course en apparence anodin a presque commis un meurtre... Enfin, presque...
Et moi qui portait la dite espadrille, je suis passée à un cheveu de vivre un moment mémorable. Du genre qu'on raconte à ses petits-enfants... Enfin, presque...
Voici l’histoire donc, dans toute son absurde drôlerie.
Précisons d’abord que j’en suis à ma quatrième journée au village de
Lalane et que j’y vais maintenant en espadrilles. Le premier jour, je portais des sandales mais à la fin de ma journée, j'avais les pieds si crottés que j’en étais moi-même dégoûtée. Alors je me suis dit, tant pis pour la mode, au diable l’élégance, je me promène en espadrilles. Les bas blancs reviennent bruns mais au moins, je ne passe pas mon temps à enlever mes sandales pour en vider le sable.
Donc, j’ai passé la journée au village de Lalane, à fouiner, à jouer aux cartes avec les enfants, à manger du yassa, à poser des tonnes de questions et à prendre des tonnes de notes. Mais il est 16h et il faut vite me rendre à la grande route, où m’attend le taxi qui me ramènera en ville.
Comme je suis en retard, je prends un raccourci en piquant à travers la cour de l’école, une grande cour de sable, déserte à cette heure-là. En courant, mon pied heurte un objet. Poc! Un petit choc, assez fort pour que je le sente. Tiens, que je me dis, une mangue vient de me rouler sous le pied. Mais au moment où j’ai cette pensée, du coin de l’œil, je vois la « mangue » continuer de rouler derrière moi. Sauf que la mangue n’est ni verte, ni ronde, mais plutôt d’une forme allongée et d’une couleur blanc sale.
Ting! que ça fait dans ma petite tête de citadine nord-américaine.
Je m’arrête et retourne sur mes pas. Et je trouve, allongée contre le seuil en ciment d’une salle de classe… une souris. Je suis entrée en collision avec une souris! Je sors aussitôt mon appareil photo pour prendre une photo de ma mangue/souris. Je pense déjà à la tête de mes filles quand je leur montrerai cette photo de la souris que j’ai tuée en pleine course.
Mais au moment où je pointe l’objectif sur le cadavre, ma souris reprend vie (ou retrouve son souffle) et s’enfuit comme si elle avait un
djinn aux fesses. Adieu photo, bye-bye fanfaronnade. L’histoire juteuse de comment j’ai tué une souris vient de se transformer en une non-histoire insipide de comment j’ai presque tué une souris.
Y’a tout de même une morale à tirer de cette aventure : si vous allez dans un village de campagne au Sénégal, oubliez les gougounes ou espadrilles. Optez plutôt pour une botte de construction avec pointe renforcée. Comme ça vous serez certain de tuer la souris et de ramener une photo captivante.