mardi 27 mars 2018

Quand la couleur et surtout l’absence de couleur… racontent une histoire



Le métro est l’endroit idéal pour trouver de nouveau personnages… Pour un artiste, c'est parfois difficile de faire simple. Comment faire pour qu’un dessin soit sobre tout en restant expressif... Mathieu Lampron, illustrateur de Qui va bercer Zoé? parle ici de son processus créateur.

Quelle technique as-tu utilisée pour créer cet album?
Mathieu Lampron D'abord, je crayonne et je crayonne un peu partout; dans le métro, dans un café ou à la maison. J'aime surtout dessiner dans le métro. C'est l'endroit idéal pour trouver de nouveaux personnages. Ensuite, je passe à l'ordinateur. J'ai une tablette graphique/écran sur laquelle je peux dessiner directement. On y ressent vraiment le geste naturel du dessin.

À quoi ressemble ton processus de création?
Ce que j'aime par-dessus tout, c'est développer des personnages. Donc, lorsque je commence un projet j'observe d'abord autour de moi. Pour le personnage de Claudine, je me suis inspiré d’une amie, qui est elle-même infirmière à Sainte-Justine. Et pour Zoé je fais référence à la petite fille d'un de mes amis. Je ne travaille pas à partir de photo, je fais juste les avoir en tête tout simplement. Une fois que j'ai mes personnages, je peux me lancer dans la mise en scène du livre. C’est-à-dire, “sketcher” l’ensemble du livre. C’est une étape que j’aime bien aussi, car pour moi c’est la première que je vois le livre.

Quels ont été tes défis pour illustrer cet album?
Le plus grand défi a été d'arriver à garder un dessin relativement sobre tout en demeurant expressif. Le dessin ne doit pas prendre la vedette sur le texte, mais bien l'accompagner. D'autant plus que le sujet était délicat et touchant. Bêtement, le plus difficile a été d’illustrer la chaise berçante et les accessoires de l’hôpital. Finalement, une espionne qui travaille à Sainte-Justine m'a montré des photos et j’ai pu travailler à partir de vraies références.


La couleur et surtout l’absence de couleurs racontent une histoire dans cet album. Comment as-tu décidé de la façon d’appliquer ou pas, les couleurs? 
Au départ, l'idée était de travailler les premières pages en valeur de gris pure. Je trouvais l'idée intéressante, mais j'avais peur que ce soit trop austère. J'ai donc opté pour une teinte plus bleutée. C'est une couleur qui traduit bien la nostalgie tout en demeurant agréable à l'œil. Je me suis permis d'intégrer assez rapidement quelques éléments de couleur pour traduire la progression émotionnelle du vieil homme. Par exemple, la visite de sa voisine met de la couleur dans sa journée. Même chose plus tard lorsque Méo se rapproche petit à petit de Zoé.


Comment est venue l’idée de rajouter le personnage du petit chat en peluche, qui ne figurait pas dans le texte? 

Dans mes projets, j'ai presque toujours un personnage secondaire qui est décalé par rapport à l'histoire. C'est comme un autre point de vue. Dans le cas de ce livre, ça m'a permis d'amener un peu de légèreté. Ça me permet de surprendre un peu l’auteur avec qui je travaille.


De quoi es-tu le plus fier dans cet album? Le découpage. Je trouve qu’on a trouvé le bon rythme pour accompagner le texte. L’émotion arrive selon moi au bon moment.



Quelle est ton illustration préférée dans Qui va bercer Zoé? 
Celle où Méo Lebel prend enfin Zoé dans ses bras. Elle est très simple. Le décor est totalement absent. C'est sans artifice. Mine de rien c'est difficile de faire simple... J'aime aussi les deux premières pages où on voit d'un côté la femme décédée et de l'autre Zoé qui vient de naître. Il y a un effet miroir dans ces deux pages que j'aime bien.

As-tu des projets en cours?
En ce moment, je collabore tous les mois avec le magazine Les explorateurs. Je fais avec eux une chronique philosophique. J'ai aussi un projet de plus longue haleine à propos d’amis syriens. J'y parle évidemment de la guerre, mais aussi de la nécessité de se sentir utile.

Pour découvrir le talent de Mathieu Lampron, vous pouvez zieuter son site web par ici.