Chaque année, j’espère que ce sera
autrement.
Chaque année, c’est pareil.
Même tiraillement absurde.
Même faim silencieuse.
Même désir d’écrire, diffus mais entêté, qui vient troubler la détente
des vacances. Bizarre pulsion qui
stimule et dérange à la fois.
Un personnage qui me chuchote à l’oreille.
Un bout d’intrigue qui surgit au détour d’une pensée. L’esprit qui tourne autour du manuscrit en
chantier, de la demande de bourse
inachevée, des ateliers à revamper. Si je me laisse emporter par ce courant,
petit filet d’eau deviendra torrent. Et
je ne veux pas ça. Si je laisse monter
en moi l’envie d’écrire, j’aurai aussi
envie que ce voyage se termine plus vite. J’aurai envie que les vacances soient
finies.
Avec le tiraillement vient ce
dilemme : ne pas étouffer la flamme (celle qui cherche à créer) mais ne
pas l’attiser, car sinon, c’est le plaisir des vacances qui sera étouffé.
Absurde tiraillement qui s’accompagne d’un
sournois sentiment de culpabilité devant cette envie inavouable de travailler
en vacances.
Je tente de calmer ma fébrilité en griffonnant
(discrètement…) dans un carnet.
Absurde
tiraillement de l’écrivain en vacances : avoir envie d’écrire autant que
d’avoir envie de décrocher d’écrire…