Images et impressions du Relais pour la vie au profit de la Société canadienne du cancer (qui s'est déroulé au Centre Asticou de Gatineau, de 19h à 7h, vendredi le 15 juin)
Colombes : Pour la
cérémonie d’ouverture, on a eu droit au traditionnel lâcher des colombes. Ces blancs oiseaux nous ont offert une charmante
chorégraphie, vol en aller-retour, vol en plongeon. Il y a sans doute un jargon très précis pour
toutes ces jolies manœuvres mais je ne le connais pas. Où vont les colombes, une fois leur
spectacle terminé? Rentrent-elles
sagement dans leurs cages? Sont-elles
nombreuses à avoir envie de fuguer? Envie
de fuir vers la Patagonie?
Tour des survivants : Ils étaient plus de 150 à défiler devant la
foule amassée autour de la piste. Ceux que je n’oublierai pas? Cette petite fille de 10 ans, arborant le t-shirt
jaune des survivants, qui marchait d’un air grave, en tenant sa mère par la
main. Les gens l’applaudissaient mais l’enfant ne souriait pas.
Ce colosse dans
la soixantaine, un aidant naturel en t-shirt bleu. Il tenait une femme (son épouse?) par la main. Elle marchait
calmement, dans son t-shirt jaune des survivants, tandis que lui pleurait à
chaudes larmes.
Tombe à l’eau : Bon,
ben, désolée de vous décevoir (j’étais moi-même plutôt déçue) mais je ne suis
pas tombée à l’eau! J’avais pourtant
apporté des vêtements de rechange et j’étais prête à me mouiller pour la cause.
Mais moi, la Capitaine d’équipe, je n’avais pas prévu le coup assez longtemps d’avance. Les heures au « tombe à l’eau »
étant très populaires, elles avaient toutes étaient réservées en ligne, par des
équipes, avant même le début du Relais. Je suis repartie déçue (l’orgueil qui parle
ici) de ne pas avoir pu montrer que je n’avais pas peur du ridicule.
Milliers et millions : 113 équipes
ont participé au Relais pour la vie de Gatineau. Plus de 1000 personnes à
marcher pendant 12 heures et qui avant, avaient travaillé à recueillir plus de 360
000 $. Cette même nuit, il y avait 14
autres Relais pour la vie dans la province.
Plus de 2,5 millions de dollars amassés.
Impressionnant non? Va-t-on finir
par la vaincre cette sale maladie?
Luminaires : Elles m’ont
donné de l’énergie toute la nuit, ces milliers de chandelles qui illuminaient
le tour de la piste. Des luminaires à la mémoire d’amis perdus au cancer et des
luminaires pour encourager ceux qui se battent contre le Crabe.
Bingo : Jouer au bingo
à trois heures du matin m'a semblé d’une absurdité totale. Entre deux crises nerveuses de fou-rire, je me suis
demandé : Vais-je tenir toute la nuit sans dormir?
Pieds et paupières pesant une tonne : À
quatre heures du matin, (alors que l’idée d’un lit me rapprochait du paradis) me
suis demandée ce qui pesait le plus lourd? Mes pieds ou mes paupières?
J’ai couché dans mon char : J’en veux à Richard Desjardins d’avoir rendu
romantique l’idée de coucher dans un char.
Romantique mon œil! Dormir dans un char, c’est franchement
inconfortable! Après une heure à tournicoter pour trouver une position
confortable, je me suis relevée avec un torticolis…
Soleil : Rien de plus vivifiant qu’un lever de soleil
après une nuit sans sommeil. Rappel
lumineux de la vie qui continue de battre, de la nature qui continue de vibrer,
fleurir, verdir, reluire, malgré toutes les maladies et les souffrances du
monde.
Quand le sommeil nous attrape… ou nous rattrape : En faisant mes tours de piste, à l’aube, j’ai
vu beaucoup de gens, endormis dans des chaises longues, la bouche ouverte. On s’attendrit devant autant d’abandon.
Larmes : J’ai vu beaucoup de gens pleurer durant la nuit. Pendant
la cérémonie d’ouverture. Pendant le tour des survivants. Pendant la cérémonie
des luminaires. Moi je n’ai pas pleuré. Mais le lendemain matin, rentrée chez moi, attablée
avec ma famille pour un déjeuner, voilà mon ainée qui me demande : « As-tu eu du plaisir Maman? ». Et me voilà qui éclate en sanglots. Devant mes filles ébahies, je me paye une vraie
crise de larmes. Pleurer de fatigue,
certes. Mais pleurer aussi sur ma chance, celle de ne pas avoir d’enfants ou de
parents portant le t-shirt jaune.
Pleurer sur la simple et l’immense joie d’être en santé. En vie.