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Si j’avais une robe comme celle-là, il est certain que je la porterais cette semaine.
Car voyez-vous, j’ai peur.
Cette semaine, je vais donner mes premières animations dans une école secondaire, pour mon roman Miss Pissenlit.
Je fais des animations d'auteure depuis plus de 8 ans, dans les écoles primaires. À en juger par les réactions des jeunes et des enseignants, je me débrouille plutôt bien. Mais cette semaine, pour la première fois, je devrai faire des ateliers avec des jeunes du SECONDAIRE.
Et les ados… euh… les ados me font PEUR!
Peur de ne pas savoir comment leur parler, les intéresser.
Peur de leur indifférence, de leur jugement, de leur carapace.
Peur qu'ils me trouvent vieille (à leurs yeux, je le suis!)
Peur de me sentir vieille.
Etcétéra, etcétéra...
Mon amie et auteure, Andrée-Anne Gratton, à qui je confiais mes craintes, m’a donné le conseil suivant : « Apporte un bouquet de pissenlits, et dis-leur que le premier qui fait quelque chose de déplacé, tu lui fais bouffer un pissenlit! »
Mais des pissenlits à la fin octobre, il n’en reste plus beaucoup dans les pelouses!!!
Mon ami et auteur Camille Bouchard (je ne veux pas être accusée de «name-dropping», mais il faut bien que rende à César ce qui revient à César), qui a une longue expérience des animations dans les écoles secondaires, m’a généreusement prodigué quelques conseils:
« Tout d'abord, il y a une grande différence entre les groupes d'âges. Les élèves de secondaire 1, par exemple, sont encore un peu bébés avant les Fêtes. Donc, ils n'essaient pas encore de jouer les gros durs. Avec eux, c'est gagné d'avance», affirme Camille.
« Ça se corse en secondaire 2 et ça devient plus « toffe » en secondaire 3. Ils jouent les durs et même si la rencontre les intéresse, ils ne veulent pas montrer à leurs chums qu'ils te trouvent intéressante. Avec eux, on a toujours l'impression d'être ennuyeux alors que souvent on les captive. Difficile alors d'ajuster notre présentation, car on ne sait pas à quel moment ils accrochent vraiment. Mais il y en a toujours 5-6 qui se manifestent, alors concentre-toi sur eux. Les autres, même s'ils donnent l'impression de ne pas être emballés (un va dormir sur son bureau, l'autre va « s'effoirer » contre le mur du fond, les yeux au plafond, un autre fixera le dehors...), tu sauras qu'ils suivent aussi bien que ceux qui te regardent avec leur air intéressé. »
Les élèves de secondaires 4 et 5, c'est assez facile ; ce sont quasi des adultes. Ils ne jouent plus les durs. Considère-les comme des adultes et ils t'en seront reconnaissants. Ils te manifesteront leur intérêt. »
Et le Dr. Camille de conclure en disant : « Tu vas les accrocher sans même t'en rendre compte, surtout si tu es insécure et nerveuse, car cette fragilité, ils la sentent et ça nous rend humains à leurs yeux, moins "intellos", plus proches d'eux, quoi.»
«Les ados aiment notre fragilité.» Tiens, j’aime bien cette idée à laquelle je n’avais jamais songé (et qui pourrait m’être utile avec mes propres ados.) À bien y penser, moi aussi j’aime les gens qui osent afficher leurs incertitudes et leur vulnérabilité. Je trouve ça beaucoup plus sexy que l’arrogance, plus agréable que la grosse tête qui ne passe plus dans la porte…
Alors cette semaine, devant les élèves de Secondaire 3 de l'école Hormisdas-Gamelin, si j’ai la voix qui tremblote et les jambes flageolantes, je ne le cacherai pas.
On verra bien si la théorie de Camille fonctionne.
À suivre…