vendredi 10 juin 2011

En quoi le livre et le papillon se ressemblent

Hier, je vous parlais de chenille. En fait, je parle toujours chenille-cocon-papillon lors de mes animations d’auteure. Car je compare le cycle de vie de la chenille au cycle de l’écriture d’un livre.


Au début, vous avez l’œuf. Pour l’écrivain, c’est l’idée.


Ensuite, vous avez la chenille. Première ébauche du manuscrit. Nous voilà à l’aurore du livre-qui-n’est-pas-encore-un-livre-mais-qui-le-deviendra-peut-être.


Vient ensuite la chrysalide. Sans doute l’étape la plus difficile, la plus ardue, la plus périlleuse pour l’écrivain. L’histoire qu’il écrit se forme, se déforme, se métamorphose et mûrit. Ce qui signifie moult et moult révisions du manuscrit.


Puis le papillon émerge enfin de son cocon, dans tout l’éclat de ses couleurs, de sa fraîcheur et de sa nouveauté. L’écrivain, lui, peut enfin célébrer cette fabuleuse éclosion qu'on appelle publication. Son livre est né et peut maintenant s’envoler vers les lecteurs.

jeudi 9 juin 2011

Elle est où la tête? Ils sont où les pieds?


Tiens, une colle pour vous aujourd’hui. Une question qui m’a été posée par des élèves, lors d’une animation. Et je ne me suis fait prendre les culottes baissées. Horreur. Je ne savais pas quoi dire. Et depuis, je suis perplexe. La question me turlupine à toute heure du jour et de la nuit...

Dans cette photo, de quel côté se trouve la tête de la chenille? Et ses pieds?

Pour rester dans le thème, j’offre mon tout récent album tête-bêche (tête vis-à-vis les pieds) à qui m’offrira une réponse sérieuse, solide et scientifique.

mardi 7 juin 2011

Quand Montréal t’ouvre les bras et te botte le cul…



Je débarque à Montréal pour le boulot.

De la gare centrale de train, je décide de marcher jusqu’à mon hôtel sur la rue Saint-François Xavier, dans le vieux Montréal. Mais je n’ai qu’une petite carte Google imprimée à la va-vite, où la moitié des noms de rue ne sont pas indiqués! Éternelle handicapée du sens de l’orientation, je n’arrive pas à trouver la dite rue.
J’accoste un cycliste, arrêté au feu rouge.
- Je cherche la rue Saint-François Xavier.

Le géant baraqué désenfourche de son vélo. Il sort son téléphone intelligent. Zip, zip, un petit coup de pouce et nous voilà sur Google Map. Zap zap, un autre petit coup de pouce et il m’indique la rue.

La bonté humaine me ravigote.

Quelques heures plus tard, me voilà rue Ste-Catherine, dans la foire alimentaire d’un centre d’achat, à la recherche d’un repas bon, rapide et pas cher. Après avoir fait trois fois le tour des kiosques, incapable de me décider, je z’yeute le plat d’une dame. Remarquant mon regard espion et mon indécision, la dame, qui porte la chemise bleue-poudre des employés de la STM, se lance dans un éloge ardent de sa soupe-repas. Elle me parle du brocoli cuit à point, de la grosseur des crevettes, du bouillon qui goûte bon et qu’il y en a juste-assez-pas-trop… Devant son enthousiasme aussi convaincu, j’achète le plat si chaudement recommandé. Et je me régale.

La bonté humaine me nourrit.

En fin de soirée, je retourne vers mon hôtel dans le vieux Montréal lorsque je me bute à plusieurs rues fermées. Partout, des automobilistes frustrés mais moi, simple piétonne, je me faufile entre les barrières. Boulevard René-Lévesque, des dizaines et des dizaines de cyclistes roulent sur la rue libérée des voitures. Une joyeuse parade de vieux, de jeunes, de familles, de sportifs du vendredi soir avec des casques à vélos décorés ou des perruques colorées. Je m’approche d’un bénévole bien identifié avec sa veste vert fluo: « Qu’est-ce qui se passe? »
- Mais c’est le Tour la Nuit chère Madame!
Et sans que je l'ai demandé, le Monsieur m’offre une explication passionnée des plaisirs de cette ballade nocturne sur deux roues.
- Vous devriez vous inscrire l’an prochain! qu’il me lance.

La bonté humaine me réchauffe.

Toujours en route vers mon hôtel, je fais une pause devant les bureaux de La Presse, rue St-Antoine, pour examiner les photos géantes des chroniqueurs vedettes. À ma grande surprise, même Foglia, que j’étais habituée à ne voir que de dos pendant des années, a accepté de s’afficher sur ces immenses panneaux réclame.

Un homme s’approche, jambes flageolantes et m’apostrophe d’une voix pâteuse: « Good evening Madam, could I ask you… »
Je lui fais un petit signe de la main pour signifier que je ne donnerai rien. Il se met à crier. Non, il ne crie pas, il hurle. Non, il ne hurle pas, il beugle, à tue-tête :
«You f***ucking c***nt!»

Plus que la vulgarité de l’insulte, c’est son cri, rageur, violent, haineux, qui me bouleverse. Je détale en courant, la peur au ventre.

La hargne humaine me glace.