Ils sont tous là, assis autour de la table de la salle
à manger. Papa et Maman. Frères et sœurs. Neveux et nièces. Les jeunes et les
vieux. Les introvertis et les excités. Les intellos et les sportifs. Les nerds et les BCBG. Mon clan. Que j’aime.
Le patriarche nous dit : « Comme c’est l’Action
de grâce, on va faire un tour de table. Chacun va dire pourquoi il est
reconnaissant. »
Tour à tour, ils prennent la parole.
Les jeunes et les vieux.
Les jeunes et les vieux.
Les timides et les extravertis.
Les volubiles et les laconiques.
Il y a les constats habituels : gratitude d’avoir
une bonne santé, une bonne épouse, de bons enfants, de bons parents. Certains
expriment leur reconnaissance de vivre dans le « plusse beau pays meilleur
du monde », un pays sans Ebola, sans
bombe, sans famine, sans guerre civile, sans innocents qu’on décapite à coup de
couteau.
Et là, y’a ma petite sœur qui dit : « Oui,
il y a l’Ebola, la famine, les changements climatiques, les horreurs en Irak,
etc. Mais moi je suis reconnaissante de vivre dans un pays où je peux agir. Un
pays où j’ai les moyens de m’impliquer pour changer des choses. Quand on s’implique,
on se sent moins impuissant. Et ça donne du sens à notre vie. »
Sur le coup, ça ne m’a pas frappée.
Mais plus tard, dans mon lit, son témoignage m’est
revenu en mémoire.
Comme une lumière qui s’allume à retardement.
Et là, j’aurais voulu lui dire :
Merci, petite sœur, de ce rappel sur l’essentiel.
Oui, l’Action de grâce est finie, mais comme je suis lente à réagir, je veux faire un dernier tour de table.
Alors voici: je suis reconnaissante…
D’avoir une petite sœur comme ça.