Mais que lit Stephen Harper? Yann Martel. 264 pages. XYZ éditeur.J’admire et je salue bien bas le courage de Yann Martel, qui depuis deux ans, ose tancer publiquement le Premier Ministre du Canada pour son manque d’intérêt à l’égard des arts. Cette remontrance, Martel la fait avec humour, élégance, passion et érudition dans son essai
Mais que lit Stephen Harper? Et en prime, il nous donne très, mais TRÈS, envie de lire!
Depuis deux ans, l’auteur de
L’histoire de Pi envoie à toutes les deux semaines, un livre et une lettre au Premier Ministre du Canada. Ces missives ont été réunies dans un recueil édifiant et diversifié. Martel y présente ses impressions de lectures sur divers romans, essais, poèmes, pièces de théâtres, œuvres classiques et modernes.
Il trace de fascinants recoupements entre la politique et la littérature, soulignant que « toutes les deux peuvent transformer le minerai le moins prometteur en un métal pur. » Il met en parallèles les lectures de Barack Obama, grand consommateur de fiction, de poésie et de philosophie et celles de Stephen Harper, qui a déclaré que son livre préféré était le Livre Guinness des records.
Après plus d’une soixantaine de lettres, Yann Martel n’a toujours pas reçu de réponse de Stephen Harper; que de lamentables accusés de réception du bureau du PM.
Ceux qui aimeraient lire les lettres cultivées et raffinées de Martel sans acheter le bouquin peuvent le faire
ici.
Voici les autres livres dont j’ai parlé samedi matin, à l’émission à Radio-Canada. La chronique peut-être écoutée sur la page web de l’émission Les Divines Tentations,
ici.
Le mort du chemin des Arsène. Jean Lemieux. 454 pages. Éditions de la Courte Échelle. Signé Jean Lemieux, ce polar psychologique intelligent, prenant et pas sanglant du tout, offre de mirifiques descriptions des paysages des Iles de la Madeleine. Ça donne envie de sauter sur le traversier en direction de Cap-aux-Meules. J’y ai glané cette très jolie phrase sur le paradoxe de la vie d’artiste:«Les artistes veulent être quelqu’un, mais pour être vraiment quelqu’un, il faut rester soi-même.»
Voyeurs, s’abstenir. François Gravel. Éditions Québec Amérique.Auteur prolifique, maintes fois primés, François Gravel présente ici un roman hautement original, une sorte d’exercice de style qui est tout à la fois une biographie fictive, un roman dans un roman ainsi qu’une réflexion très fine (et souvent ironique) sur le sexe, le pouvoir, l’argent, et la religion. Lecture déstabilisante mais qui titille la curiosité.
Miam miam fléau. Marsi. 64 pages. Éditions la Pastèque.À mi-chemin entre la fantaisie et le réalisme, ce premier album de Marsi (contraction de Marc Simard) raconte les péripéties qui surviennent quand le goûteur du Roi s’évade du Royaume… Rien qu’à lire les noms des personnages, on rigole: Petissime Taraboum, Coco Météore, Pouette, Sire Pétuche, Demi-Gueule. Voici donc une bande dessinée gorgée d’humour (aussi bien dans les jeux de mots que dans les dessins) et d’une belle élégance visuelle.