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La grande majorité des auteurs jeunesse du Québec et du Canada ne vivent pas de leurs droits d’auteur. Plusieurs font donc des animations dans les écoles, non seulement pour donner le goût de lire aux jeunes, mais aussi pour renflouer leur compte de banque.
Au Québec, les auteurs et les écoles bénéficient du
Programme Culture à l’école, financé par le Ministère de la culture, des Communications et de la condition féminine (MCCCF). Dans le cadre de ce programme, l’auteur reçoit un cachet de
325$ pour trois animations d’une heure. Les frais de transport et de séjour sont aussi remboursés. Cette journée d’animation est cependant plus longue que trois heures, car il faut rajouter le temps de déplacement et le temps d’attente entre les animations dans les classes.
Au Québec, les honoraires des auteurs pour ces animations en école n’ont pas été augmentés (ni indexés) depuis
1997. Combien d’employés accepteraient de travailler pour un employeur pendant douze ans sans la moindre augmentation de salaire?
Aux États-Unis, les honoraires des auteurs/illustrateurs pour les animations en école varient énormément, avec une fourchette allant de 400$ et 2000$.
Ce site démontre qu’il n’est pas rare pour un auteur de demander des honoraires de
1000$ pour une visite d’une journée dans une école. Pour des créateurs plus populaires ou qui ont reçu des prix, les honoraires s’élèvent à
2000$/jour.
En Grande-Bretagne, le taux minimum recommandé par la
Society of Authors est de 557$ pour une journée.
Chez nos cousins de France, les créateurs sont regroupés au sein de
La Charte des Auteurs et illustrateurs pour la jeunesse, qui compte près de 700 créateurs. Les membres de cette association reçoivent des honoraires de
582$ par journée d’animation dans les écoles.
Dans les
statuts de la Charte, on peut lire que l’organisation chercher à «encourager une réflexion sur la littérature de jeunesse pour que la nécessaire rentabilité ne se fasse pas au détriment de notre créativité. Ce sont nos livres qui forment les lecteurs de demain.»
Et encore, ceci : «C’est en rompant une solitude professionnelle qui nous fragilise que nous préserverons notre liberté de créer et notre indépendance.»
Les écoles des États-Unis, de Grande-Bretagne ou de France ont-elles plus de $$$ que les écoles du Québec? Les auteurs y sont-ils mieux payés parce qu’ils sont mieux organisés? Mieux mobilisés? Ou serait-ce que dans ces pays, on reconnaît davantage la valeur de ce qu’un auteur peut apporter à des élèves?
Qu’est-ce qu’on attend, nous, les auteurs jeunesse, pour rompre notre «solitude professionnelle» et réclamer de meilleures conditions?