Mon premier réflexe, au réveil, est d’allumer l’ordinateur. Hé oui, même en voyage, même au Sénégal... Prendre des nouvelles de la famille, d’un client, d’un éditeur, de la dégringolade du PQ, de l’Ukraine. Me brancher sur le monde. Puis, un matin, sur l’île de Saint-Louis, voilà que mon ordinateur meurt. Pile à plat et adaptateur oublié dans ma valise, à Thiès. Impossible de recharger le Toshiba, impossible de me brancher.
Je m’installe donc sur mon balcon, au deuxième étage de l’hôtel. Stylo en main, carnet sur les genoux, j’observe le dimanche matin des Saint-Louisiens. De mon balcon, je vois tout et rien, du joli et de l’anodin.
Je vois :
- Une fillette acheter cinq baguettes au kiosque du coin, cinq pains presque aussi longs qu’elle.
- Deux hommes qui palabrent paisiblement en wolof.
- Une chèvre qui grignote un morceau de carton.
- Une gougoune rouge, abandonnée au milieu de la rue.
- L’océan, bleu luisant et fringant, au bout de ma rue.
- La vie qui coule, lente et ordinaire, suave et frémissante, un dimanche matin ensoleillé sur l’île Saint-Louis.